Survivants

    Il y a quelques années aujourd'hui, j'ai compris que la vie ne faisait pas de cadeaux, compris que personne ne vous préparait à  perdre un être cher.

Durant cette époque là , je croyais que je connaissais tout sur le suicide parce que j'avais regardé « 13 reasons why » en boucle. Mais c'était faux, je ne connaissais rien de ce que vivaient les gens qui restaient jusqu'à ce que j'en devienne une à mon tour: Une survivante voilà  ce que j'étais j'avais survécu à la pire chose au monde et encore aujourd'hui je revois ce moment en boucle : Le moment où j'ai  appris qu'il ne reviendrait pas, le moment où j'ai compris que j'allais vivre sans le fabuleux Charli James,mon incroyable meilleur ami.

Les minutes passent aussi lentement que les années lorsque vous assistez à  un cours de français avec Mme Tulkey, vous avez l'impression de sentir peu à  peu les rides arriver sur votre visage. Il faut dire que cette femme est la plus ennuyante que j'ai jamais connue. Mais aujourd'hui c'était pire car la place à  côtés de moi était vide. Charli avait sûrement décidé de sécher les cours sans prévenir pour ne pas changer. Mais sans lui j'étais vide, comme si je me contentais d'être présente dans ma propre vie alors qu'avec lui je vivais pleinement chaque instant.

Alors que l'horloge accrochée au dessus du tableau indiquait 9h17 le directeur est entra dans la classe sans prendre la peine de frapper, son visage trahissait son émotion : il était triste et dans quelques instants, nous le serions également.

Il a réclama notre attention et le silence est apparu dans la pièce aussi soudainement que la personne qui l'avait réclamé.

-J'ai une triste nouvelle à  vous annoncer aujourd'hui mes chers élèves. Ce matin alors que nous nous rendions tous dans l'établissement un de vos camarade c'est donné la mort.

Ma gorge c'est serrée tout de suite et mon cœur a commencer à  battre plus fort et plus vite qu'habituellement. J'ai commencé a prié pour que ça ne soit pas Charli, j'étais prête à tout perdre mais pas lui pas celui qui me rendait vivante et pourtant c'était lui le seul absent...

-Charli James nous a quitté ce matin.

Je n'entendais plus ce qui se passait autour de moi, j'étais trop occupée a essayer de respirer normalement, mon souffle était comme bloqué, c'était comme si quelqu'un était entrain de m'étrangler. Mon meilleur ami était mort et je n'avais rien vu venir. Il ne reviendrait pas et je ne pourrais rien y faire.

-Mademoiselle Clark, vous allez bien ? Me demanda le proviseur

-Alice ? Demanda celui-ci

Je ne pouvais pas faire semblant d'aller bien, j'ai couru en dehors de la classe ignorant l'appel du directeur.

Là , je me suis dis que le pire quand on vous annonce la mort de votre meilleur ami devrait être qu'il était trop jeune, qu'il avait encore beaucoup de jours devant lui, qu'il n'aurait pas voulu ça. Hors, Charli avait choisi de mourir, il c'était réveillé ce matin en sachant pertinemment qu'il allait se donner la mort, il avait décidé de m'abandonner. Décidé de laissé derrière lui ses parents, son frère, ses amis et toutes les autres personnes qui connaissait Charli et qui savait très bien à  quel point c'était une personne incroyable.

Une main est venue se poser sur mon épaule, une main familière semblable à  celle de Charli mais ce n'était pas la sienne.Je me suis retournée avant de fondre en larme dans les bras du deuxième fils James où plutôt du dernier.

-Que fais-tu ici ? Tu devrais être avec ta famille. Ai-je demandé en sanglotant toujours dans ses bras.

-Je ne voulais pas passer ma journée à  me morfondre, Charli n'aurait pas voulu que je sois triste. C'était son choix Alice. Et tout ce qu'on peut faire pour lui aujourd'hui c'est se soutenir l'un l'autre. Il aurait voulu qu'on se soutiennent.

Il avait raison, Sacha avait raison et je le savais mais comment ne pas être en colère sur Charli ? Comment se dire que la place à côtés de moi serait toujours libre à  présent ? Comment accepter ce choix si égoïste? Comment rester alors que lui est parti ?

La route serait longue, je le savais, je devrais être forte pour Sacha et sa famille mais avant tout pour moi.

-Merci Sacha.

Aujourd'hui alors que je lis les journaux, j'en vois encore un, encore un lycéen qui a décidé d'en finir avec la vie, il s'appelait Tom. Je pense à  sa meilleure amie, à  sa famille, à  ses amis et je ne peut m'empêcher de repenser à  Charli mort il y a des années maintenant.

Aujourd'hui j'ai compris que le suicide n'est pas de l'égoïsme ou même de la lâcheté, je sais que Charli et tout les autres ont été courageux. Mais ce genre de courage ne devrait pas être aussi fréquent, aucune personne ne devrait avoir à  supporter ce mal qui reste en vous pour toujours. Pourtant, on en parle encore trop peu. On s'imagine que avant de faire ça ils nous laissent avec une lettre ou des cassettes à  l'instar d'Hannah Baker mais c'est faux, Charli n'a rien laissé comme beaucoup d'autre et nous, nous devons vivre dans cette ignorance.

Beaucoup trop de jeune commettent l'irréparable encore aujourd'hui et encore trop de gens restent quand eux sont parti.

On nous demande d'être fort mais est-ce vraiment possible de garder la tête haute quand la vie vous arrache une personne si importante d'une façon si traumatisante ?

Pourtant on se doit d'être courageux pour les autres et pour nous: les survivants mais aussi pour les futurs survivants qui devront vivre eux aussi avec ce trou.

Parce que j'aurais voulu que Charli parle de ce qu'il ressentait, parce que tous aurait dû le faire, nous devons dés maintenant faire comprendre à  notre société que le suicide ne devrait pas être un choix.

Une main familière se pose sur mon épaule, la même que presque 10 ans auparavant, la main de la personne qui pendant cette épreuve invivable a été là  pour moi.

-Tu n'aurais rien su faire Alice, comme pour Charli. Tu n'as rien vu comme tout les autres. Sa voix si douce me réconforte encore une fois et je ne m'en lasse pas.

-Je sais mais il est venu dans mon bureau, il est venu me parler et je n'ai rien vu qui laissait paraître une chose comme ça.

-Tu es la meilleure psychologue que je connais Alice, s'il y avait eu quelque chose à  voir tu l'aurais vu. Dit-il en posant ses lèvres sur mon front.

-Et si tu avais tord et si ce métier n'était pas réellement fait pour moi ?

-Tu es Alice James Clark, ma femme, je te connais par cœur . Je sais que si Charli avait eu une psychologue comme toi, il serait toujours là  aujourd'hui.

Je l'ai serré dans mes bras encore une fois. C'est grâce à  lui que je suis devenue celle que je suis et je sais que de là-haut Charli nous observe, fier de voir que l'on a survécu à  cette épreuve ensemble, fier de voir qu'on ne l'oublie pas, même 10 ans plus tard.