Syndrome de la pensée hypertrophiée

De la gonflette.

Mon cortex cérébral ressemble à un biceps contracté par des bulles, prêt à exploser pour cracher du vide. Surproduction aérienne, embuée, emmêlée, insensée. Chaque seconde qui passe, gave un peu plus le muscle de raisonnements masturbateurs.

Une veine trône, palpitante, sur mon front. Signe d'une activité artérielle intense de mes synapses surentraînées. J'ai abusé des anabolisants spirituels.

Surchargé, encombré, obstrué, mon esprit étouffe la vie, paralyse mes membres, tétanise mes envies. La machine s'enraye, il faudrait la vider, trier, rayer, archiver, inciser, extraire, déverser par la plume.

De la réflexion.

Se cramponner aux questionnements, aux solutions et aux développements en tout genre pour ne pas fléchir. Je pavane devant ce miroir de pensées qui me renvoie l'image flatteuse de mon savoir.

Vanité intellectuelle, alibi de notre inexcusable immobilisme.

En excès, toujours, pour masquer. Se déculpabiliser. Oublier qu'en réalité on ne sait rien, qu'on ne comprend rien. Quelles que soient nos réalisations, notre issue sera identique à celle de tout être vivant, conscient ou ruminant.

Alors je noie l'inévitable pensée dans une coulée d'imagination sans fond. Je me gargarise de leur subtilité, je les étale pour me donner de la consistance.

Etre écoutée, pour sentir la vie plutôt que de la vivre.

Car vivre c'est oser mourir.