Tabac froid et sueur
mademoiselle-the
Tabac froid et sueur... Des particules de cette saveur acide et âpre s'échappent de sa chevelure, à chaque fois qu'elle enfouit un peu plus la tête dans son oreiller.
Tabac froid et sueur... Pourtant, pas de mégot autour d'elle. Pas de cendre, ni de cendrier. Et sa transpiration, à elle, est de tonalité colle à bois : plus légèrement acidulée, moins enveloppante.
C'est le parfum précis du film encore vague de la nuit passée.
Parfum d'une sensation de liberté grisante, quand l'endoctrinement de toute une vie avait été mis au placard. Parfum de l'évidente simplicité de la vie, lorsque l'on se laisse aller... Evidence résumée par ce tic de langage qu'elle avait remarqué chez lui : « beh oui ».
Beh oui... penser à soi, juste à soi. Stop, ne pas réfléchir aux conséquences. Arrêter de vouloir tout contrôler, tout raisonner. Et écouter son instinct.
Tabac froid et sueur... Tabac chaud refroidi, après avoir été roulé entre ses doigts, enflammé, et consumé. Tabac refroidi, après s'être échappé de ses lèvres légèrement entrouvertes, en volutes hypnotisantes, dans cette pièce où le temps s'était suspendu. Le soleil filtrait à travers les rideaux, épais et blancs, pour venir caresser les murs tout aussi clairs. Ou peut-être était-ce la lune...
Vague souvenir de ces lèvres parfum cigarette, qui l'ont embrassée, de cette langue avide qui l'a dévorée. De ces mains, fortes, déterminées, qui lui ont procuré tendresse et frisson. De cette peau, chaude et douce, caressant la sienne. De ce corps ferme et dense, engageant un dialogue avec le sien.
Vague souvenir qui se rappelle à elle, en courbatures agréablement lancinantes...
Tabac froid et sueur... Sueur qui avait perlé sur son front, le long de son dos. Rosée salée, qu'elle avait recueillie de la pointe de sa langue, dans le creux de son cou. Le goût lui revient...
Elle enfouit un peu plus la tête dans son oreiller. Il est 16h43 au radio réveil trônant dans un coin de son petit studio. Des particules de cette saveur acide et âpre s'échappent à nouveau de sa chevelure. Entre conscience de l'espace-temps présent, et torpeur d'un rêve encore flou, où se mélangent les souvenirs à peine formés d'une balade par un après-midi d'été et d'une pièce claire emplie d'une lumière douce, ce parfum emplit ses narines dans une inspiration, et esquisse sur ses lèvres un sourire presque imperceptible à l'expiration.
Tabac froid et sueur... Parfum témoin, de cette nuit, qui lui a appartenu.
Longue longue phrase, qui m'a coupé le souffle avec cette chaleur d'aujourd'hui. Mais j'ai beaucoup aimé le style, son érotisme discret, la fluidité et les promesses du plaisir si bien cueillis.
· Il y a environ 8 ans ·elisabetha
Merci beaucoup Elisabetha ! Ca me touche =)
· Il y a environ 8 ans ·mademoiselle-the
Très beau ! J'adore le style de votre écriture ! ;)
· Il y a environ 8 ans ·carouille
Merci beaucoup Carouille ! Ca me motive à continuer =)
· Il y a environ 8 ans ·mademoiselle-the