Terrasse

hamsterjovial

J'ouvre la porte fenêtre qui coulisse silencieusement et aspire l'air frais qui vient des dunes.

J'ouvre mes mains qui veulent brûler sous ce soleil qui me semble pourtant si délicat.

J'ouvre mes narines et laisse entrer le sel qui voyage comme un ermite depuis l'océan.

J'ouvre mon cœur et t'espère juste là, à mes côtés, troublante, belle. Irréelle presque.

J'ouvre ma gorge et hurle dans la nuit que je m'en fous d'être tout petit sous les étoiles.

J'ouvre mes bras comme pour m'envoler au dessus de la vallée sans crainte de tomber.

J'ouvre mon esprit. Simplement, au rythme de mes respirations. Et je pars. Loin.

Sans ma terrasse, ouverte sur l'univers, je suis prisonnier.

Elle est là, comme une plateforme d'envol vers une autre vie. Vers mille autres vies.

Elle est là, sous mes pieds, rassurante, presque aimante.

Je ne peux plus m'en passer. Drogué ? En manque d'espace ?

Non.

Elle me l'offre. Me rassure. M'emporte avec elle. Tendrement.

Elle m'apprend à aimer chaque jour, chaque instant presque.

J'ouvre un paquet de cigarettes, vide.

Je ne fume plus depuis que je ne peux plus m'acheter de cigarettes.

J'ouvre les yeux.

Tout est gris dans ma cité. Les vitres des fenêtres sont autant de barreaux.

Il n'y a pas de terrasse dans mon appartement.

Il n'y a aucune terrasse autour de moi.

Il n'y a pas de soleil, pas de sel, plus d'étoiles.

Que des réverbères.

Je referme les yeux.

Elle est là.

J'ouvre la porte fenêtre qui coulisse silencieusement et je m'avance.

Elle m'accueille.

Que serais-je sans ma terrasse ? Ouverte sur l'univers.

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