The Revenant Child

Juliet

Il avait dix-sept ans
et des rêves hors de la mort.
Il avait tout son temps
et ma sève plein le corps.
Il disait ne pas avoir de secrets
avec des lèvres beaucoup trop sucrées
qui semblaient vouloir cacher l'amertume
qui transparaissait parfois sous sa plume
lorsqu'il écrivait des aveux qui n'existaient pas ailleurs
que dans ce monde qu'il s'imaginait et semblait meilleur.
Il disait vouloir m'appartenir
pour ne plus être tenté par le diable.
Je n'avais de promesse à tenir ;
c'est c'est à moi que je contais mes fables
de peur de n'être pas fidèle à mes propres vœux
et de lui arracher les ailes par de faux aveux.
Mais bien sûr j'aurais dû le premier savoir
que lorsqu'il faisait jour c'était le soir
dans son cœur de jeunesse abandonnée
et sa peur que rien ne pouvait pardonner.


Il avait dix-sept ans à rattraper
et une âme couverte de rides ;
et la raison qui parfois dérapait
sur la glace d'un désert aride.
Il avait le cœur empli de vide,
il avait le corps ainsi avide
de combler sans cesse la solitude ;
l'ange plein de mauvaises habitudes
ainsi m'entraînait dans sa chute pour mourir à deux,
et je craignais qu'il ne s'enfonce pour s'ouvrir à Dieu.

Il est parti en emportant son âge ;
il voulait apprendre à être plus sage
dans sa crainte constante de ne pas mériter
tout l'or de mon cœur dont je l'avais fait hériter.

Il est revenu avec des larmes et du silence,
je l'ai retenu avec mes armes et ma violence
qui étaient peut-être c'est vrai trop tendres...

Moi j'avais été trop sevré d'attendre
qu'il n'ose enfin se réveiller
et de pouvoir l'émerveiller
d'un amour plus grand encore.
Et ce soir contre moi il dort,
plus nu et blanc que jamais ;
et l'être que tant j'aimais
n'a pas été touché par ce moi qui a souffert de l'absence,
et c'est ce lui couché près de moi que ma joie sans mot encense.
Et je n'ai pas pu lui dire
que j'avais tenu les promesses jamais formulées,
qu'il est mon seul avenir
et que de la tromperie je n'ai pu le maculer.
Il est le seul que j'ai connu depuis,
aussi le seul que je vois nu la nuit
et que je veux étreindre encore et toujours
depuis que la mort a perdu contre le jour.


Il avait dix-sept ans
et des rêves gardés sous le sceau de lèvres closes ;
et moi j'ai tout mon temps
pour que les miennes lui avouent ce poème en prose.

(écrit le 26 octobre 2011)

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