Tiens il pleut !

La maison faisait triste, tel cet arbre qui au milieu du jardin et durant tout l'hiver se contente de sa plus simple expression, mais qui pourtant par son branchage immense laisse imaginer au printemps jusqu'à tout l'été sa couronne se couvrir d'une épaisse verdoyance, mais là, ce saule effeuillé et cette baraque sans âme me renvoyaient une image de grande désolation: un double cheese sans son deuxième steak.

Même mon chat qui d'ordinaire me ravit de sa beauté lorsqu'il se passe une infinité de pattes derrière son oreille afin d'en prédire la pluie du lendemain, m'ennuyait. Je trouvais son comportement si familier que j'en déduisais qu'il se contentait de reproduire une idée reçue:

- Tiens, y a le chat qui se passe la patte derrière l'oreille, va sûrement pleuvoir demain matin mon chéri ! T'as bien fermé les fenêtres de la voiture ! disait Betty.

A cette époque, la Mercedes avait des problèmes de mécanique: quand on fermait une porte, le coffre ou l'emplacement du bouchon de réservoir s'ouvraient aussi.

- C'est un problème de joint caoutchouc sur le pneumatique de la fermeture centralisée, avait dit l'homme de la carrosserie: l'hiver il durcit avec le froid, colle ou ne fait plus son étanchéité... ça fait pschittt dans certains de vos tuyaux, et boom chez les autres ! Ç'est ça qui fout le bazar dans votre bagnole ! L'air qui fuit !

- Qu'est-ce qu'on peut faire ?

- Vous acheter un garage pour lui faire se ramollir la rondelle quand ça givre !

Après l'avoir autant bichonnée durant toutes ces années, lui avoir mis du polish à tout va et du sent bon au rétroviseur pour supprimer l'odeur du chien, je comprenais mal son excédent respiratoire: me faisait-elle une toux suspecte ? 

Bien conscient que ma voiture n'était pas encore un être humain, je tapais tout de même sur Google et par respect des réseaux sociaux: Mercedes 280 sl et le coronavirus? 

...