Tout va bien....

Chez moi y a des volets bleus, des rideaux accrochés à de vrais bâtons pris dans la forêt de mes aïeux, une forêt composée d'histoires de familles et de contes éternels qui racontent les archétypes d'un monde démentiel, où je trouve mon équilibre dans la création de petites ou de grandes choses, un arbre de Pâques avec des oeufs décorés de mes petites mains, un petit coussin en forme de coeur, mini mini mais tout mignon, tout beau. Revoir mon amie d'enfance, là aussi que d'histoires, passer outre, aller sur les lieux de mes jeux d'antan, revoir certaines personnes qui appartiennent à un passé heureux, béni des dieux, une famille pleine de copains et de copines grouillant partout dans un univers beau, harmonieux qui était ma vie, ma panacée.

Tourbillon de musiques dans le vent du sud où se mêle le sable du Sahara, un vent des fous, un vent qui donne chaud, qui emmène les gens ailleurs, change les règles du jeu, éparpille les pions, les dés, les cartes, les bâtonnets du Mikado et, toutes les années de galère et de bonheur. Dur d'avoir 56 ans, envie de pleurer, j'ai dit à mon frère que quand j'écris je n'ai pas d'âge, ce n'est pas toujours vrai mais c'est bon d'y croire. J'ai imaginé une maison de rêve, ma maison à moi, celle où personne ne rentre, personne d'autre que ceux qui m'ont fait rire et pleurer de joie, une maison qui dit oui, qui dit non à la vie, à la mort, une maison éternelle aux poutres solides, fortes comme un chêne, la nature qui se déchaîne certains jours de pluie, certains jours de courage, un courage qui m'a fait défaut parfois, on m'a expliqué alors, quand j'étais enfant, que c'était à moi de faire les choses parfois, qu'ai-je fait de courageux? Descendre une pente super lisse sur mes patins à roulettes, répondre à des imbéciles, qu'ai-je fait? Passer mon bac... Je décroche à ces mots-là. Passer le cap de la cinquantaine, ça n'a pas été difficile... Passer sur le pont en dansant, "pour passer le pont, il faut être deux, pour bien le passer il faut savoir danser". Vous vous rappelez cette chanson, moi super bien je me revois encore dans une longue  récréation en train de chanter cette comptine, et passer ce pont qui m'a menée vers des choses belles, moches ou oubliées... Passer à la salle de bain, maintenant et me préparer pour une journée de plus,

de plus...

J'entends le vent souffler, on annonce de la pluie, m'en fiche, c'est mon anniversaire aujourd'hui, rien ne peut m'arriver, pas d'ennemis en vue, je peux baisser la garde, tout va bien... Je veux bien y croire...