Toute une vie en 10 phrases

Toute une vie en 10 phrases :

- « Arrête de rire, tu vas pleurer » me répétait ma mère en m’aidant à ramasser les innombrables billes tout juste tombées de leur bocal sur la moquette de ma chambre. Il y en avait partout ; jusque dans le manche-disque orange…

- « Marche devant, t’es tellement moche, j’veux pas qu’on sache que t’es ma fille. » m’assena mon père un beau dimanche de novembre sur le remblai des Sables d’Olonne. La première édition du Vendée-Globe avait attiré pas mal de spectateurs ; pas tous très tendres.

- « Grosses chaque année, impures chaque mois ». J’ai oublié quel personnage hurlait ces mots dans le feuilleton Les Rois maudits, dont on rediffusait certains des épisodes ; mais je me souviens qu’à cet instant précis,  trois mois avant d’avoir 14 ans, trois mois avant d’avoir mes règles pour la première fois, suis devenue féministe.

- « Impose ta chance, sers ton bonheur, va vers ton risque ; à te regarder ils s’habitueront » (René Char). La tenture à motifs cachemire m’a suivie dans chacune de mes piaules. Elle est au fond de mon dressing à présent.

- « C’est toujours avoir tord que d’avoir raison trop tôt » ai-je régulièrement emprunté à Diderot depuis mon 17 au concours. Dire que l’année précédente j’avais écopé d’un 3.

- « La nécessité de cette relation ne s’impose pas » m’a dit au téléphone (avec un fil et des touches en relief)  le premier garçon qui à m’avoir brisé le cœur ; le premier garçon en fait.

- De la lecture de L’homme expliqué aux femmes, l’essai de Vincent Cespedès, j’ai gardé quatre groupes nominaux  « un visage intense, un aplomb naturel, un sourire latent et une vitalité posée. » Sur ces bases, je me suis mise à chercher et voilà sur quoi je suis tombée :

- « Je ne sais plus où j’en suis ; pardon pour le mal que je nous fais »  balancé à  sept heures du matin, sur mon portable il y plus d’un an maintenant. Il partait en vacances avec madame et les enfants…

- Au mois de Mai,  Jean-Louis Trintignant, fragile et hésitant murmura dans un sourire usé « Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour l’exemple ». Après ces mots-là, tout doucement la joie revint.

- Le 1^er janvier, Violeta m’adressa les mots suivants : « Bella, grâce piquante et humour toujours, une pointe d’autodérision, et infusion reine des près pour la cellulite. Avec ces basiques, on peut voir venir sans trop guetter. Et sache toujours garder des sous pour les chaussures (conseil d’une ancienne).