Tremblement de coeur - Partie 3/4

J'ai compté les heures jusqu'au dimanche matin...

Après des siècles d'attente, ça y est, on y est enfin !

Je mets mon réveil en cachette et je me lève sans bruit, pour ne pas réveiller les autres.

En bas, dans la cuisine, personne.

Dans le salon, la salle à manger, pas un chat (sauf Hermione, bien sûr).

Mais, quand je sors dans le jardin, j'aperçois tout de suite la silhouette familière.

Papily...

Mon papi, il est du matin. Il est toujours debout avant tout le monde. Il dit que voir le soleil se lever, ça l'aide à bien se réveiller. Et ce qu'il aime par dessus tout (à part boire du café italien et manger des chocolats suisse), c'est s'occuper de ses fleurs. Il en a de tous les pays pour le coup ! Et il passe des heures à les observer, les tailler, les protéger, et  « tutti quanti », comme il dit.

En l'occurrence, là, il est entouré de bruyère. Je m'approche doucement.

Quand j'arrive à ses côtés, il ne semble pas vraiment surpris.

On dirait qu'il sait déjà que je vais lui confier quelque chose.

Alors, sans détour, je lui raconte tout. De ma triste découverte du lundi matin, à la prise de tête générale du mercredi.

Au fur et à mesure que je parle, sous son chapeau, Papily sourit de plus en plus largement. Il a l'air de trouver ça très drôle, visiblement. C'est un peu vexant.

À la fin, il ne réagit pas du tout comme je m'y attendais. Il continue de jardiner, en chantonnant légèrement.

J'en viens à me demander s'il m'a bien écouté, pendant tout ce temps. Puis, tout à coup, il me demande si je me souviens des 3 Mousquetaires.

Bien sûr, j'adore ce livre !

« Bien », me dit-il, « Quand D'Artagnan tombe amoureux de Constance, je n'ai pas le souvenir que les 3 autres en fassent une maladie. Non ? ».

Devant mon silence médusé, il continue « Ton ami n'est pas un « déserteur », comme tu dis. Il devient un homme, tout simplement. »

Et le voilà qui fredonne à nouveau en bichonnant les rosiers, maintenant...

Quoi ! Pas de soutien ni d'encouragements !

Je reste à le regarder, bêtement, en ressassant tout ça dans ma tête.

Les 3 mousquetaires, les 3 mousquetaires... Il me fait bien rire, Papily! Ce n'est pas comme si, dans le bouquin, les filles étaient franchement à leur avantage. La Reine est bête comme un balai, Constance est sympa mais elle se fait dégommer. Quant à Milady, ce n'est pas franchement un exemple de réussite amoureuse...

Mais petit à petit, quelque chose se dessine dans ma tête.

Je finis par demander :  « Mais, alors, Léonore? On s'en fiche si on la trouve nunuche, avec Hector? »

« Comme de ta première socquette », me répond Papily. « C'est Saad qui est amoureux d'elle, pas toi. »

La vache ! C'est vrai que dans tout ça, j'avais un peu zappé que Saad et Léonore étaient « amoureux ». La seule chose que je voyais c'est qu'ils étaient « ensemble ».

Tout ça me fait drôlement réfléchir. Au retour, le dimanche soir, dans la voiture, je reste silencieux. Je ne vais tout de même pas perdre mon super copain ! Tout ça pour ÇA... Je décide de laisser une chance à Saad. S'il aime bien Léonore, elle n'est peut-être pas si tarte que ça. Et puis après tout, on s'en fout !

Enfin... je crois.

Mouais.

Maintenant, le problème, c'est Hector. Il faut que j'arrive à le faire changer d'avis. Et ça, ce n'est pas gagné.

TIMothée