Triste Café

colombine

"[...]il prend mes mains, mes petites mains blanches et froides, dans les siennes, larges et chaudes, basanées. Des mains de soleil qui entoure mes petites mains lunaires."

Le bruit des pièces qui tombent dans la machine. Le gobelet en plastique se remplit du liquide chaud et noir. J'ai oublié d'ajouter une tonne de sucre. Tristesse et amertume. Je me sens ailleurs ce soir. Normalement c'est toujours cappuccino noisette, mais un peu de changement ça fait franchement pas de mal. J'ai voulu un cappuccino seul. Première expérience ratée par manque de sucre. Oh, tant pis...
Le liquide noir mélangé à la crème blanche devient caramel. Mes lèvres trempent. Amertume. Souvenirs.


Ce matin. Solitude alors que je suis avec du monde. Souvenir : il prend mes mains, mes petites mains blanches et froides, dans les siennes, larges et chaudes, basanées. Des mains de soleil qui entoure mes petites mains lunaires. Le cœur se sent seul, délaissé.


Je prend mes sacs, je me casse là où je peux travailler tranquille. Personne. Bien, j'aime cette solitude. Elle fait moins mal que l'autre. Vous savez, mis à l'écart. C'est la pire des solitudes celle-là - enfin, selon moi, mon expérience. Je branche mes écouteurs, la musique passe dans mes oreilles sans que je fasse vraiment gaffe, et je commence à taffer. Dissert', petits exos de cours, non rien d'insurmontable, tout ce dont j'ai l'habitude, c'est juste chiant quoi. Je continue de boire mon café, le liquide devient tiède.
Dans ma tête, ça enchaîne les définitions et les exemples, des images concrètes pour notions abstraites. J'me laisse absorber par le travail, au moins je ne pense pas à l'absence. J'enchaîne les paragraphes et les gorgées de café amer dégelasse.

Puis une musique passe. Une des nôtres. Petite lueur de couleur dans le fond du gobelet.

Ses yeux quand il m'embrasse. Ses mains autour de ma taille. La sensation de valser avec le ciel, et d'enchaîner un tango dans les étoiles. Les papillons se mettent à la rumba dans mon estomac. Et puis, les jours sans se voir vraiment, la solitude de ne pas pouvoir être nous. Le nous qui disparaît, les autres à présent. La vraie solitude.
Je phase comme ça sur nous, nous que rien n'aurait pu arrêter, nos caresses au lit le soir, pour nous consoler, qui ont commencé à rejoindre au rang des porté-disparus nos jeux d'enfants immatures et nos baisers d'amants transis. A présent, nous sommes devenus des amis avec affinités, deux êtres unis détachés.

L'envie de caféine me prend, mais le café est devenu froid. Triste café se mélange à mon cœur de sucre en miette et mes larmes amères.

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