Trois kilos d'embrouille
polgaraderat
Synopsis
Elise a oublié ses rêves, son ambition, ce qui lui donnait envie de se lever le matin. Sa vie professionnelle ressemble à une mauvaise blague, sa vie personnelle est inexistante. Depuis quelques années, ses capacités de se fondre dans la masse sont telles que même la concierge de son immeuble ne la remarque pas. Ceci-ci dit, personne ne pourrait le reprocher à la veille femme, Elise n’a emménagé il n’y a que quelques semaines. Elle habite chez une amie, Lucie, en attendant de mettre assez d’argent de côté pour prendre son propre appartement.
En échange de son hébergement, Elise a accepté de s’occuper du chien de Lucie, Fadièse. Il a besoin de beaucoup d’attention. Son agenda est aussi chargé que celui du premier ministre et sa vie sociale si intense qu’il a un compte sur Facebook et Twitter. Veiller sur lui est éreintant, à tel point que Lucie est partie faire le tour du monde en Jeep pour se reposer.
Elise est entourée de ses collègues de bureau, compagnons de mouise quotidienne. Ils profitent du moindre remous dans la vie sentimentale d’un des leurs pour vivre des aventures par procuration. Les femmes sont soit mariées avec de multiples enfants, soit divorcées avec une maigre pension alimentaire – ou pas. Leur tête de turc préférée est Jean-Jean de Laplace, leur superviseur qui préfère gérer son stock de papier toilette au calcul des primes de fin d ‘année de son équipe.
Albert travaille dans la finance, au back-office dans une tour de la défense. Il profite des revenus des professions financières sans la mauvaise réputation des traders. Il aime son travail, il adore ses collègues. Il lui suffit de claquer des doigts et son assistante lui procure tout ce qu’il souhaite. Il partage sa vie entre son travail et ses sorties avec les plus belles filles de la capitale. Chacune de ces soirées se termine avec champagne, jacuzzi, danseuses exotiques, stimulants… rien ne lui est inaccessible. Ses relations vont du monde de ma finance, aux médias, en passant par le show-business. Tout le monde est friand de ses tuyaux en matière financière.
Albert n’est pas pressé de s’installer. Une fois parti de chez sa mère, quel homme a besoin de vivre avec une femme qui va régir sa vie ? Mais il ne rajeunit pas et cherche la parfaite candidate au mariage de convenance. Ce serait bon pour sa carrière.
Son terrain de chasse ? Les réseaux sociaux spécialisés, de préférence dans les activités qui requièrent un budget conséquent. Ses dernières cibles ? Les propriétaires de chien de luxe qui ne freinent devant aucune dépense pour leurs amis canins, même si Albert n’aime pas les chiens. Il peut toujours emprunter Cookie, le chihuahua de sa mère, Alice. Il lui suffit de prendre quelques photos, et elle plonge en extase. Elle peut ainsi alimenter le profil de Cookie sur Internet. Depuis la mort de son mari, ses deux passetemps d’Alice sont le harcèlement téléphonique de son fils et l’entretien de la vie sociale sa petite chienne.
Arrive le jour où les deux chiens ont un rendez-vous.
Elise s’y rend à reculons et Albert s’attend à rencontrer son passeport pour l’ascension professionnelle.
Au premier regard, ils ne s’entendent pas.
Au deuxième regard, ils se mettent d’accord pour tourner les talons. Deux trois photos plus tard, chacun rentre soi.
Lorsque Elise parle de sa rencontre à ses amies, elle attend de la compassion voire de la commisération. Elle se fait tanner le derrière. Ses collègues ne comprennent pas qu’elle ait pu se conduire de la sorte. Ils en veulent plus !
Lorsqu’ Albert parle de son rendez-vous à ses potes, ceux-ci ne peuvent s’empêcher de commenter l’aspect peu avenant d’Elise. Albert les trouve cruels mais ne la défend pas.
Lucie et la mère d’Albert décident que Fadièse et Cookie forment maintenant un couple, ils auront rendez-vous l’un avec l’autre toutes les semaines.
Albert n’a pas l’intention de se laisser faire. Il contacte un de ses amis, photographe. Il a pour plan de passer une journée en studio, pour faire croire à sa mère et à Lucie que les deux chiens se sont vus à de nombreuses occasions. Il ne demande pas son avis à Elise, elle est insignifiante. Elle devra pourtant participer, s’occuper de l’intendance.
La séance photo prend des airs de supplices. Entre les bêtises des chiens, les maladresses du photographe, les prises de bec d’Albert et Elise sont fréquentes. Mais le stratagème fonctionne, ils vont tranquilles pendant quelques semaines.
Alors qu’ils croient être débarrassés l’un de l’autre, Cookie les surprend tous : elle attend des petits. Les chiens n’ont attendu personne pour se témoigner leur amour.
Lucie et la mère d’Albert sont aux anges, Elise et Albert agonisent… ils vont devoir se revoir. Au revoir échappatoire, bonjour galères.
Les retrouvailles commencent dans une cordialité glaciale et se transforment en crise de panique : les chiens se font enlever. Elise et Albert vont devoir collaborer pour les retrouver tout en donnant le change, Elise va devoir abandonner les piques et Albert renoncer aux remarques désobligeantes.
Les tensions finissent par s’apaiser jusqu’à ce qu’ils se rendent compte que les deux chiens avaient été rattrapés par Lucie, qui avait simplement oublié de le leur dire… Albert tombe sous le charme. Une femme qui est capable d’enlever un couple de chihuahuas pour les protéger (ou vendre les petits) saura sans nul doute le comprendre. Il lui apporte la stabilité financière, elle sera un parfait accessoire à son bras.
Elise, qui commençait à s’adoucir, retombe dans l’amertume. Elle avait fait des efforts pour se libérer de la tyrannie du quotidien et affronter la possibilité que sa vie puisse évoluer. Elle commençait même à s’habituer à la présence d’Albert. Ses collègues vont l’encourager à ne pas baisser les bras et peu à peu, Elise va apprendre à être heureuse toute seule.
De son côté, Albert n’est pas à la fête. Lucie le traite comme un laquait et ne se donne même pas la peine de faire un effort pendant les réunions de famille. Elle lui en fait baver aussi dans les réceptions professionnelles. Au lieu de se comporter en femme trophée muette et béate d’amour, elle n’hésite pas à flirter avec les patrons de l’entreprise, à leur proposer des parties fines en compagnie de quelques-unes de ses bonnes amies. Ce qui plait dans un premier temps aux dirigeants de l’entreprise se transforme vite en parcours du combattant. Les épouses des grands patrons se connaissent toutes et ne tardent pas à découvrir qui a fait entrer le vers dans la cage dorée (et surtout, pourquoi n’ont-elles pas été invitées ?). Albert est attendu au tournant, sa place est en jeu.
Il recroise Elise chez Lucie lors d’une expédition pour récupérer certaines affaires de sa divine moitié.
Elise, qui a finalement laissé ses complexes au placard propose à Albert de s’en prendre à la seule chose qui puisse émouvoir un peu Lucie : Fadièse.
Le chihuahua va-t-il rester en vie ?
Elise et Albert vont-ils enfin comprendre qu’ils sont complémentaires ?
Quelle pirouette Lucie va-t-elle inventer pour rebondir avec grâce ?
Alice, pauvre Alice, comment va-t-elle supporter l’arrivée de Lucie dans la vie de son fils et la sienne ? Est-il possible qu’elle décide de donner une nouvelle direction à son existence après avoir croisé un diable habillé en Prada ?
Et surtout, les collègues d’Elise vont-ils avoir le happy-end qu’ils attendent tous ou s’en prendre à leur chef ?
INTRO
Parfois, je regrette de m’être levée le matin. Mon pied gauche a touché le sol en premier et seule la brandade de morue de la cantine arrive à me rendre heureuse. Quand on arrive dans les premiers, on a droit à une belle portion, avec la croute gratinée. Là, la joie des pommes de terre mêlées au poisson, l’oubli des clients râleurs, de l’haleine café-clopes de Jean-Jean le petit chef. Les retardataires ont droit aux miettes qui baignent dans l’huile. C’est moche.
Je fais attention à ce genre de chose, en général. Je ne supporte pas l’idée qu’une seconde d’inattention puisse ruiner ma journée, je crois dans la métaphore de l’effet papillon. Aujourd’hui, mes orteils n’ont pas encore foulé le poil de la descente de lit que les prochaines vingt-quatre heures sont déjà frappées du sceau de la galère, neuf cent tonneaux minimum.
Dans un élan de générosité, Lucie m’a laissé son appartement. Elle est partie explorer le monde à bord d’une Jeep blindée, découvrir la vraie vie des gens qu’on voit aux infos.