UN CHAT LE FROLE

giuglietta

Insolite, solitaire ,

un chat le frôle,

le double,

et, semblant le guider,

balance élégamment

son corps noir et menu,

dans la ruelle triste.

L'un tangue un peu,

l'autre le suit mais,

doucement, chavire.

Les chaloupes à la mer,

le cœur se noie, car il faudrait

que les flots retenus des larmes

fassent eau de toute part,

dans la nuit qui ondule.

Où vont-ils ?

Vers où se dirige le chat,

et puis l'homme,

à sa suite ?

Dans le malheur de son ivresse,

lui n'a plus rien à perdre,

alors l'espoir le gagne.

Si lé félin têtu l'emmène,

à la campagne, il ira,

si c'est à l'amer, il ira.

Un temps. L'homme vacille.

Le chat l'attend.

Et les rues, toujours, sont désertes,

alors l'un chante, et l'autre

a l'air content.

Finalement le chat,

tournant ses yeux obliques,

jaunes,

comme les lueurs de phares dans la nuit,

s'assoit sur le trottoir et se lèche une patte,

et frotte

son museau,

il ne bougera plus.

Et même il miaule un peu,

devant la porte rouge.

L'homme ouvre enfin les yeux.

Et sourit.

Comme chacun des soirs où il part en bordée,

il revient à bon port.

Il dit : « Merci » à Méphisto,

qui baille.

Et, dans la serrure en cuivre de la porte rouge,

il fait tourner sa clé.

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