Un CRS nous raconte...

Un CRS nous raconte...

Fidèle à notre sens de l'investigation nous avons été au cœur des événements en compagnie d'une compagnie de CRS. Le brigadier Trouchard répond à nos questions :

Moi:   Vous avez vraiment fort à faire avec tous ces gilets jaunes en ce moment ? 

- «  Oui, attendez, excusez-moi. Tiens prends ça racaille ! « 

(Le brigadier vient d 'asséner un formidable coup de matraque à un gilet jaune qui passait à coté de nous en courant. Le gilet jaune gît maintenant étendu dans une mare de sang...). (C'est assez joli car le jaune et le rouge en se mélangeant, donnent des reflets orangés du plus bel effet!).

«  Dites-donc, vous l'avez eu du premier coup ! ». Dis-je admiratif.

- « Oui, c'est à dire que nous avons améliorées nos techniques, au début des manifs on s'y mettaient à six sur un manifestant, et on donnaient pleins de coups de matraques au hasard, souvent avec des résultats approximatifs. C'était un gâchis d'énergie pour nous... »

- Oui et donc ?

- «  Et donc maintenant, un seul bon coup bien placé derrière la nuque et ils tombent raides, sans se débattre ni gueuler, on a gagné en efficacité... ».

- C'est vraiment remarquable !

- « C'est la police française monsieur ! Me dit fièrement le brigadier.

(Instinctivement je me met au garde à vous...).

Moi - Vous devez quand même être épuisés non ? ça fait des jours et des jours que vous maintenez l'ordre un peu partout, sans relâche...

- «  C'est vrai, et on attend la relève de l'Armée avec impatience... »

Moi (incrédule) – Comment, vous pensez que l'armée va intervenir ?

Le brigadier : « Mais non je plaisante, on contrôle la situation, ceci dit, on se pose quand même des questions... »

- Ah oui, de quel genre ?

- «  Eh bien, c'est bizarre, mais plus on maintient l'ordre, plus c'est le bordel. Dans les coins ou on va pas, en fait ça se passe mieux que si on était là... Donc on se demande parfois si tout ça sert à quelque chose...

Moi : c'est pas grave, ça vous fait de l'entrainement en réel, prenez ça comme du sport !

Le brigadier : mais c'est ce qu'on fait !

Moi : Et puis vous allez avoir une prime à Noel, pour récompenser  vos efforts... Le président l'a annoncé...

Le brigadier : il était temps !

Moi : ah bon pourquoi ?

Le brigadier : encore un peu et on allait rejoindre les gilets jaunes pour protester contre nos conditions de travail...

Moi : ouf, vous l'avez échappé belle... Et puis avec les propositions d'Edouard Philippe de faire une pause de six mois, tout va rentrer dans l'ordre...  C'est bien non,  cette main tendue du gouvernement vers les gilets jaunes pour apaiser la situation, quand pensez vous ? Pardon, qu'en pensez-vous?

Le brigadier : Mmmoui, cette pause de six mois, c'est pas une main tendue, c'est surtout parce qu'on a plus de grenades, les ouvriers arrivent plus à fournir ! Dans six mois les stocks seront reconstitués...

Moi : brigadier Trouchard, je vous remercie. Attention ! Faites-gaffe, y a un gilet jaune qu'arrive derrière vous avec une barre de fer!

Le brigadier : non non, pas de souci, il est avec nous, c'est un de nos casseurs...

Fin du reportage, à vous les studios !