Un homme -2-

aile68

Arrivé au bureau, il enlève son imper "Columbo", plus gris que sa couleur initiale, et va direct à la machine à café en espérant y trouver Marie-Claude, préposée au café, lamentablement exploitée pour sa gentillesse. Il ne rencontre que Billard, connu pour ses parties de billard à proprement parler, et Mélusine, la femme aux doigts fées qui répare la photocopie en un rien de temps qu'il ne faut pour le dire. Par politesse, il reste un peu avec eux, le temps de discuter de l'orage de la veille et de la nouvelle directive et fonce à sa place mais toujours pas de Marie-Claude... A-t-elle été prise dans l'orage? Est-elle malade? Ou alors elle est restée bloquée dans l'ascenseur? Oh! une journée sans elle, voire plus, c'est impossible. Quand elle est là, il sent son parfum discret qui flotte autour d'elle, l'air est plus léger, respirable dans cet immonde bureau où s'entassent collègues et paperasse. Elle s'occupe des projets de l'entreprise, les étudie, les argumente auprès du patron qui se prend pour un boss à l'américaine en serrant la main à ses employés le vendredi et leur souhaite un bon week-end. Marie-Claude a un je ne sais quoi d'amoureux dans le regard quand il arrive, comment peut-elle en pincer pour lui, ou alors est-ce seulement un dévouement de bonne collègue? Il l'espère. Il ne lui arrive pas à la cheville comme personne d'ailleurs dans ce sinistre bureau. Ils devaient déménager au printemps mais n'ont trouvé aucun bureau assez grand pour leur équipe de six. Lui s'occupe d'aller sur le terrain, rencontrer les potentiels clients, il marchande, négocie les prix comme au marché, il aurait pu travailler à la bourse, un jour c'est ce qu'il fera et il emmènera Marie-Claude avec lui, comme un prince sur son cheval blanc. Enfin la voilà qui arrive toute pimpante, le sourire aux lèvres, oh comme il aime ce moment de la matinée! Enfin il peut se mettre au travail, depuis deux ans il n'ose la regarder, depuis deux ans il sent sa présence auprès de lui, telle une fleur qui dégage une énergie d'enfer, une odeur de rose et de café, ça va de soi. 

( à suivre ) 

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