Un homme de principes.
Hervé Lénervé
- Bonjour Monsieur… Madame… vous êtes sûr ? Enfin, moi, je dis cela, vous devez le savoir mieux que moi.
Alors, voilà ce qui m'amène, cher Mondame. Je vous ai acheté, il y a peu, hier plus précisément, un réfrigérateur américain de marque coréenne et je voudrais acheter le même, voyez-vous ?
- Il n'était pas assez grand ?
- Si, si, le problème c'est que je l'ai perdu.
- Vous avez perdu votre frigo ?
- Heu, oui ! Et je ne me rappelle plus où j'ai pu le perdre ?
- Effectivement, c'est un peu le principe de la perte.
- Pas bête, votre réflexion. Mais non, ce que je voulais dire, c'est que je ne suis pas certain de l'avoir perdu chez moi, c'est très grand, certes, mais quand même. J'ai donc, refais l'itinéraire de ma journée d'hier, le supermarché, un petit arrêt dans un bar de ma connaissance, le pain et une visite à des amis, c'est tout. Et non, pas de trace, personne ne l'a vu, il a disparonez.
- Parce que vous vous promenez avec votre frigo, vous ?
- La première journée de l'achat seulement, après, c'est comme tout, on s'habitue. Tenez ma vieille machine à laver, je ferme son hublot avec un coup de pied, en lui hurlant dessus : « mais tu vas crever à la fin ! Salope !
- Pourquoi, ne la changez-vous pas, si elle ne vous convient plus ?
- J'ai des principes, mon… madame, moi ! Je ne suis pas un monstre, je suis un sentimental gentlemané.
- Il faut que l'appareil soit mort, pour le changer, c'est ça ?
- Oui, c'est ça et je n'accélère jamais le processus naturel de la fin de vie.
- Ce ne sont que des machines, monsieur !
- Je le sais bien madame, heu… non, si j'ai bon, j'ai beau avoir un rapport affectif avec les appareils, je ne couche pas avec, non plus. J'ai des principes.
- Très bien, de toute façon, moi je suis vendeuse dressée pour la vente, donc je marque un frigo amerloque de marque chintoque pour monsieur. Vous êtes bien un monsieur, je ne me trompe pas ?
- Rien n'est plus sûr ! Regardez j'ai la barbe.
- Oh, ça, ça ne prouve rien.
- Dans votre famille peut-être, mais en général, ailleurs, les femmes se rasent.
- Peu importe donc, vous payez comptant ?
- Oui, je paye toujours comptant et pourtant je n'aime pas payer.
- Donc, cela nous fera deux mille euros, mais vous serez le seul à payer.
- Finalement, mettez en moi un de plus, on ne sait jamais si j'en perds encore un.
- C'est votre dernier mot : deux, car avec un troisième, vous avez un bac à glaçon offert.
- Pas la peine, il crache les glaçons directement sur le carrelage.
- C'est vrai, mais c'est offert, quand même.
- Oh, puis vous avez raison, allons-y pour trois, ils s'ennuieront moins, ainsi.
- Très bien. Six mille euros ! Vous n'êtes pas pauvre comme Crésus, vous ?
- Je vais être embêté pour les promener les trois ensemble, moi.
- A tour de rôle.
- Non, rien de tel pour susciter des jalousies. J'ai des principes.
Vous êtes un homme de principes, en somme, TTC.
Ça, c'est signer sa lettre d'obsolescence programmée ! :o)
· Il y a presque 5 ans ·daniel-m
L'obsolescence programmée, c'est la nature humaine. :o))
· Il y a presque 5 ans ·Hervé Lénervé
Voila une solution pour lutter contre le réchauffement, à soumettre aux COPS.
· Il y a presque 5 ans ·yl5
La survie de la planète passe par la perte. :o))
· Il y a presque 5 ans ·Hervé Lénervé
c'est dingue!!! mais je rigole... alors...
· Il y a presque 5 ans ·vividecateri
Et tu n'as même pas honte ? :o))
· Il y a presque 5 ans ·Hervé Lénervé
non!
· Il y a presque 5 ans ·vividecateri