Un homme originel

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Terre magique.

Il était une fois au pays Terre magique, un jeune homme modelé par son père à partir de bois travaillé et de glaise rouge.

Autour de lui s’étendaient, bois, lacs, mer et montagnes. Une étendue de bleu et de vert.

Le jeune homme avait la peau brunie par le soleil.

On l’appela « Sham’s le rouge » ! Ce prénom lui avait été donné par les « Centauresques » des êtres nourricières et vigoureuses mi-femme mi-cheval.

Ce sont elles qui avaient élevé Sham’s. Très souvent celui-ci montait à cru sur leurs dos pour de longues balades à travers les vallées, les plaines et les champs qui bordaient l’océan.

Or, Après de nombreuses découvertes à dos de « Centauresques », Sham’s s’ennuya.

Il décida alors d’aller trouver son père afin de lui demander de lui modeler un compagnon de jeu.

Son père lui indiqua alors la mer qui bordait les rivages…

« Pars donc à la découverte des animaux marins et sans doute, trouveras-tu là bas ton compagnon ? »

Mais après avoir sondé la mer et  nagé tout l’après-midi sous les eaux, il eut envie de retrouver la terre ferme car il ne découvrit pas son compagnon idéal.

Des jours passèrent et Sham’s s’ennuyait ! Il retourna alors auprès de son père pour se plaindre.

Ce dernier décida de lui sculpter une compagne. Seulement il lui manquât de la terre suffisante.

Ainsi naquit une vraie différence entre Sham’s et Lune.

Oui, Lune c’est ainsi que se prénommait la jeune fille. Elle avait l’éclat de l’astre et le caractère en symbiose avec son cycle.

Sham’s et Lune vivaient nus et ils n’avaient pas honte l’un devant l’autre.

Ils passaient des heures à jouer à cache cache.

Adolescents, Lune et Sham’s étaient tous deux longilignes, frêles, énigmatiques, hermaphrodites.

«Xx, Xx, Xx»

A cette époque, le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs. Il dit à la jeune femme :

- « Alors Lune vous jouez donc encore à cache cache à votre âge ?

- « Oui, quel jeu amusant!

- Allons, Lune, Xx, Xx, Xx,  viens, écoute-moi ! »

Le serpent lui susurra alors quelques mots à l’oreille.

Lune regarda alors son compagnon autrement. Elle lui donna des petits noms.

« Shamsy » « Shamsy chéri ». Elle le trouva fort joli et désirable.

 Celui-ci contaminé sans doute par le désir naissant chez sa compagne la trouva fort jolie à son tour.

Il lui proposa de danser. Ils se mirent à danser. Ils dansèrent, ils dansèrent, dansèrent… Jusqu’au moment où leur père s’approcha.

« Il est  temps pour vous de quitter Terre Magique afin de connaître le monde. »

Surprise, par l’arrivée de son père, Lune se cacha devant lui, gênée à présent de lui montrer sa nudité.

En partant, ils se mirent à relier des feuilles de figuiers afin de s’en faire des pagnes et les adieux au père furent déchirants.

L’Afrique.

Ils durent marcher des jours et des nuits avant d’arriver sur une terre fertile où ils eurent envie de se poser. Il régnait dans cette contrée une chaleur parfois étouffante et sèche, parfois humide. Les pluies, se faisaient rares, quelques ondées seulement à certaines saisons, puis venaient l’heure des averses. La pluie ici avait la particularité de ne pas mouiller mais creusait la terre profondément.

Alors en ces moments là, en ces moments là seulement, Lune et Sham’s restaient dans leur case.

Celle-ci était confectionnée de feuilles de l’Arbre du voyageur et de feuilles de bananiers.

Au temps sec, Lune et Sham’s aimaient se promener nus : les voilà rendus en Terre Afrique.

Tous deux chassaient et pêchaient.

Seulement voilà, le temps s’écoulait lascif et peu à peu Sham’s de nouveau s’ennuya et retrouva la mélancolie.

Lune était désemparée et ne savait plus comment faire sourire son compagnon. Elle s’était épuisée aux jeux de devinettes, aux histoires drôles, aux jeux de cache-cache.

Alors qu’elle était dans la jungle pensive, à l’heure bleue, l’heure  que l’on dit entre chien et loup, soudain elle entendit un sifflement familier.

« Xx, Xx, Xx !

- Serpent ! Toi ici !

- Te voilà bien pensssssive Lune…

- Oui, nous trouvons cette vie monotone serpent, et Sham’s sombre dans la mélancolie.

- Oh, alors, je connais moi ccccce qu’il vous faut!

- Ah ! Dis-moi le vite serpent ! »

Et serpent susurra à Lune comment, grâce au chant et à la musique, elle trouverait l’art qui agrémenterait leur quotidien.

Voilà donc, la nouvelle Lune aux djembés.

Sham’s délaissait ses randonnées pour se laisser bercer par les chants magiques de sa compagne.

La maternité.

Un enfant naquît. Ce fut une fille : ils l’appelèrent Mélodie en souvenir de sa création. Elle aimait par-dessus tout accompagner ses parents  à la chasse et se baigner dans les cascades qui bordaient leur habitation.

Cependant, après quelques temps encore, Sham’s de nouveau sombra dans la mélancolie.

Cette fois, les chants de Lune ne convinrent pas son compagnon. Il décida alors de partir à l’aventure. Lune et Mélodie restèrent en terre Afrique.

D’elles, d’autres enfants naquirent.

Sham’s marcha. Il marcha. Il marcha jusqu’à croiser sur sa route Kaius, un homme robuste.

Alors, il sut. Il comprit enfin quelle était la quête silencieuse qu’il avait au fond de lui et qui le plongeait dans des tourments de neurasthénie.

Sham’s et Kaius continuèrent ensemble le chemin.

Le père de Sham’s et de Lune en Terre Magique  veilla sur toute cette destinée de loin…

Quant au serpent, il n’eut plus besoin de siffler aux oreilles de Lune.

 
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