Un jour, ils viendront pour moi.

Christophe Hulé

Un jour c'est sûr ils viendront pour moi. Pour mes voisins, ces inconnus, ce sera une petite entaille dans le quotidien. Qui sait, ils en parleront peut-être.

Mort subite s'il vous plaît, je laisserai la porte ouverte, ils vont bien chercher sur mon répertoire de téléphone quelque membre de ma famille.

Le dernier jour, ça fait drôle quand on y pense, demain plus rien !

Tout le reste ne me regarde plus, à eux les corvées, les paperasses, le déménagement, les obsèques.

A défaut d'avoir été aimé ou simplement considéré un peu, autant les emmerder jusqu'au bout.

Le curé consultera ses fiches pour trouver un truc à dire.

Moi j'ai toujours été poussière, de celle qu'on planque sous le tapis.

Pour une fois qu'on me fera fête, je ne serais même pas conscient pour en profiter.

- Que Dieu accueille cette âme, qui n'aura fait ni le mal, ni le bien.

Épitaphe pour un bon à rien : Ci-gît quelqu'un.

Des projets, j'en ai eus, tant et tant, aucun n'a abouti.

Révolutionnaire bourgeois, athée biberonné par le catéchisme.

Ma joue gauche est enflée.

Aimer autrui qui m'a poignardé à chaque fois.

Je maudis les préceptes qui ont causé ma chute.

Tiens-toi droit en toute circonstance, mais n'oublie pas de saluer les puissants qui passent.

Mon père s'est pas foulé, il m'a enseigné ce qu'il a toujours connu.

Ma mère m'a appris à me prosterner.

- Ne vise pas trop haut mon fils, tu n'en seras que plus malheureux.

Je rejoindrai les vers et la terre pour faire de l'engrais.

Plutôt le néant que leur cirque.

Signaler ce texte