UN LAPS DE TEMPS.

Adelphine

Lambeaux. Des éclats brisés. Des petits morceaux. Juste, des petits morceaux. Seulement. Si petits. Si nombreux.

Un souffle coupé. Une respiration arrêtée. Une respiration qui n'est plus. Des joues, refroidies par les coulures des larmes, si coupantes. Si vives.

Émotions amplifiées. Colère auto-destructive. Chagrin noyant. Membres raides.

Étroite. Bien trop étroite pour contenir tant de rouille, tant de vieux souvenirs. Tout devient tranchant.

C'est inconvenant, de céder au charme d'une pause, de se délivrer de cette force insoutenable, de cette lutte. Mais je n'étais pas infaillible.

Un moment de silence, pour crier la douleur et pleurer le chagrin. Juste un moment pour faire une pause. Pour te pleurer.

Je voudrais la délicatesse. Une paix qui demeure. Un confort, qui reste ; ce, à jamais. Mais la peur ne cesse de nous guetter. Notre âme ne pèse donc seulement que quelques minutes de remémoration ? Nous ne sommes que si peu, que trop rien.

Nos vies manquent de temps.

Aujourd'hui, je n'ai que juste un moment, pour me rappeler de ce que tu étais avant que tu ne te changes en ce que tu es devenu. Un laps de temps qui me rend si vivante. C'était toi, ce respirant, ce semblant d'âme pure et limpide. Un souvenir indécrochable.

Trois mètres dessous terre ; c'est toujours mieux que quelque part, dans le ciel. C'est toujours plus près. Plus vrai. Plus fleuri.

Mais ta boite me meurtrie.

Souffle court.

Inspiration.

Retour à la réalité.

Refoulement. Tête haute.

Mes mots se perdent dans ce qu'il reste de toi. Tu t'es défait, de tout, de ce vivant, de ce monde, de ces gens qui vivent aujourd'hui d'amertume.

Et tu découles aujourd'hui d'une pause. D'un souvenir, auquel les gens tentent de prendre le temps de s'accrocher dans leur vie pressée.

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