Un léger différend, différent.

Hervé Lénervé

Un dignitaire chinois avait filmé sur son portable la véritable altercation entre madame Michon et la délégation asiatique. Il déposa la vidéo sur le net.

- Personne ne passe ! Celui qui veut passer devra me passer sur le corps, avant !

Les Chinois se regardent, l'un, l'autre, aucun ne semble désireux de passer sur le corps de madame Michon. Les mains sur les hanches, jambes écartées, celle-ci toise cette horde étrangère de barbares, cent trente kilos tous pleins faits, cela fait réfléchir. Devant l'inaction des asiatiques, Madame Michon déboutonne sensuellement le haut de sa blouse et laisse glisser suavement à ses pieds la tenue de travail. Elle apparait nue, apparition que nombreux auraient préféré ne pas voir apparaitre. Elle est nue, excepté un slip à la mode sumo et la délégation recule d'un pas. Le spectacle est mal filmé, mais malgré la mauvaise prestation du caméraman, on sent toute la tension dramatique de la scène. Pas un bruit sur le plateau, la salive manque dans les bouches sèches, de fait, la sueur perle aux tempes chinoises. C'est tout l'honneur de la Chine qui se joue ici, ne plaisantez pas avec cela, le chinois ne plaisante jamais avec la réputation de l'empire du milieu. Le plus grand, un mètre cinquante-cinq, se décide il défait son complet et se retrouve habillé en guerrier. Le samouraï chinois ressemble au samouraï nippon, il a les cheveux longs également, mais il ne les porte pas en chignon dressé haut sur la tête, il les attache en deux couettes de chaque côté style Sheila dans l'école est finie. Le petit guerrier sort de ses étuis de tissus, finement brodé d'argent et d'or, des sabres étincelants dans leur blancheur de mort. Un dans chaque main, il les fait tournoyer dans un kata empreint de toute la dignité de l'Extrême-Orient. Puis c'est l'assaut, un massacre, une boucherie, le samouraï se voit projeté avec toute sa pacotille contre la baie vitrée de la société où il s'écrase comme une grosse merde. Honteux, confus, il met fin à ses jours en s'introduisant dans le fondement un suppositoire de cyanure, car se faire hara-kiri, c'est bon pour le Japonais, le Chinois trouve le geste obscène et manquant singulièrement de dignité. Après ce combat épique, la belle ordonnance des asiatiques laisse quelque peu à désirer. Ça crie, ça coure en tous sens, bref c'est la panique à bord, les femmes et l'enfant unique d'abord. Bref ce sont avec des cris d'effroi que nos chinois retournent chez eux, en Chine.

Pays, dont on n'entendit plus jamais parler,  depuis.

Signaler ce texte