Un matin banal
Charles Henri Ménival
C’est un matin banal
Où, au fond de la classe,
Moi, Richard et Martial
Voyons qui se prélasse
La trotteuse
Sur ma montre.
Le professeur d’histoire
A fini sa leçon.
Sur un ton de victoire
Il demand’ : « des questions ? »
Il ajoute
« Sur le cours… »
Heureus’ment
Heureusement sinon
Nous aurions demandé
S’il avait des enfants
Et quel était leur âge ?
S’il aimait le printemps,
Avait peur de l’orage ?
S’il avait vu « Bambi »
Et « Les Douze Salopards »?
S’il savait que sans lui
Nous aimerions l’histoire.
Que du fond de nos lits
Ce matin au réveil
Nous l’avions tous maudit
De tuer notre sommeil.
Nous aurions pu poser
Mille et une questions
Sur les mouv’ments du monde
Et les constellations.
J’aurais aimé savoir
Si Hélène m’aimait
Si j’avais un espoir
Avec Maud’. Si jamais
Je devais essayer
Avec la petit’ Claire.
Richard aurait voulu
Qu’on lui dise ses notes
Des prochaines années.
Et ce qu’il devait faire
Pour devenir connu
Riche et talentueux.
Pour que, quand il s’rait vieux,
Des filles de notre âge
Leurs petites culottes
Jettent sur son passage.
Martial pour une fois
Aurait été curieux.
Il aurait demandé
Où étaient passés ses vieux,
Ses darons, et pourquoi
Il l’avait pas emm’né
Avec eux?
Nous aurions demandé, enfin, pourquoi
Le vert n’était pas bleu
Et le bleu caca d’oie ?
Pourquoi l’argent existe ?
Et la haine et la guerre ?
Pourquoi y’a des gens tristes ?
Et pourquoi en hiver
Les oiseaux ils s’en vont
Alors que nous, on reste.
Pourquoi la dernière fois
Cette fille a pleuré
A dit cinquante fois
A ce typ’ qu’ell’ l’aimait
Et puis s’est suicidé ?
Pourquoi quand il fait beau
Des fois on trouv’ ça moche ?
On ferme les rideaux
Et on r’gard’ la téloche ?
Pourquoi que l’existence
C’est pas comm’ le cinoche ?
Qu’il y a pas de romance
A fouiller un vid’-poche
Pour trouver un mégot ?
Pourquoi des fois on baise
Alors qu’on s’aime pas ?
Pourquoi des fois on s’aime
Alors qu’on baise pas ?
On aurait dit tout ça
Pas sûr que notre prof
Aurait su nous répondre
Pas grave.
Ca fait du bien des fois.
D’écrire deux trois strophes
De questions que soi
On se pos’, comm’ tout le monde.
Formidable!
· Il y a plus de 12 ans ·Frédéric Cogno
Très sympa...merci !!!
· Il y a plus de 13 ans ·Pascal Germanaud
Et moi j'en redemande de ces strophes en apostroph's...Bravo!
· Il y a plus de 13 ans ·mlpla