Un Noël enchanté

marethyu

          Le Père Noël regardait, satisfait, les cadeaux entreposés dans une des pièces immenses de sa maison. Il venait de terminer, avec l'aide des lutins, le dernier cadeau de Noël. On était le 24 décembre. Le Père Noël se mit à sourire. Il adorait les enfants, et il appréciait de pouvoir leur faire plaisir, ne serait-ce qu'une fois par an. Il se tourna vers le chef des lutins, qui contemplait lui aussi les innombrables cadeaux.

- Il faudrait que tout soit chargé dans le traîneau avant ce soir, dit le Père Noël.
- Ce sera fait, lui répondit le lutin.

        Et il sortit de la pièce. Le Père Noël alla jusqu'à la « Machine à Rêves ». Cette invention, la plus extraordinaire au monde, permettait au Père Noël d'arrêter le temps et de faire tranquillement sa tournée. Lui-même, ainsi que les rennes et les lutins, était insensible au pouvoir de cette machine, car il l'avait programmée en conséquence. « Il va bientôt être l'heure de la faire fonctionner », pensa-t-il. Il regarda ensuite si sa bourse était bien pleine de poudre magique. Elle l'était.

- Ça y est, Père Noël, le traîneau est chargé, fit un lutin en entrant en trombe dans la pièce.
- Tout est donc près, dit le Père Noël, il n'y a plus qu'à attendre l'heure de décoller.


          Au même moment, quelque part en France, un petit garçon se couchait dans son lit avec le cœur lourd. Il n'avait pas été sage, il le savait. Le Père Noël le punirait donc et ne lui apporterait pas de cadeaux. « C'est vrai, se dit  l'enfant, que j'ai vraiment été odieux cette année ». Une petite larme coula au coin de son œil. Ses frères et sœurs auraient des cadeaux, en se levant le lendemain, et lui serait condamné à regarder leur bonheur de loin sans pouvoir y participer. Ses pensées tournaient et retournaient dans sa tête, l'empêchant de s'endormir. Soudain, la petite pendule du salon sonna minuit. Le petit garçon sentit sa tête devenir lourde et il plongea dans un profond sommeil. Quelque part, dans le Grand Nord glacé, le Père Noël venait de jeter sa poudre magique.


          Le Père Noël resta quelques secondes dehors, humant l'air, puis il rentra dans sa maison.

- Tout le monde dort, dit-il aux lutins, il est temps de mettre en marche la « Machine à Rêves ».

          Cette machine avait la particularité, même si elle arrêtait le temps, de laisser les gens rêver. D'où son nom. Le Père Noël se dirigea vers elle, l'examina quelques secondes, puis abaissa le levier qui se trouvait sur le côté droit. Il appuya sur un bouton et, aussitôt, l'air devint plus lourd,  plus compact. Le temps était arrêté.

- Les rennes sont prêts, Père Noël, fit le chef des lutins, et les conditions météorologiques présentes avant que l'on arrête le temps étaient excellentes.
- Parfait, lui répondit le Père Noël, je te remercie.

          Il se dirigea vers la porte, l'ouvrit, et regarda dehors. Deux lutins avaient amené le traîneau juste devant l'entrée de la maison. Le Père Noël rajusta son bonnet, épousseta son manteau et frotta ses bottes sur le paillasson, puis monta dans le traîneau. Le bois était doux. Tous les lutins étaient sortis pour assister au décollage, car c'était chaque année tout aussi spectaculaire. Le renne de tête gratta le sol de son sabot, puis regarda le Père Noël. Ce dernier lui fit un petit signe de tête, l'incitant à démarrer. Le renne commença à avancer, d'abord au pas. Les autres rennes - vingt au total – le suivirent. Le renne de tête accéléra, alla de plus en plus vite. Le traîneau fonçait maintenant à une vitesse vertigineuse. Soudain, il fut entouré d'une lumière éclatante et il décolla, laissant dans son sillage un flot de particules d'étoiles. Les lutins criaient : « Bon voyage Père Noël », « N'oubliez personne », ou encore « Revenez vite ». Lorsque le traîneau eut disparu dans le ciel, ils se turent et rentrèrent dans la maison.

          La sensation que le Père Noël éprouvait, assis dans son traîneau, était extraordinaire. Le vent sifflait et la vue était magnifique : lacs, montagnes, villes… Il arrêta le traîneau au-dessus d'une maison. Les rennes s'immobilisèrent et le traîneau resta en suspension dans l'air. Le Père Noël prit dans les cadeaux entreposés derrière lui cinq paquets et sauta sur le toit de la maison.Il se dirigea vers la cheminée, jeta dedans une échelle en corde reliée au traîneau , et descendit  le long du conduit jusque dans le salon. Là, il posa les cadeaux devant le sapin. Ce dernier était magnifiquement bien décoré : des cascades de guirlandes, des boules de Noël scintillantes et, tout en haut, une étoile magnifique. Il ne manquait plus à cette merveille que les cadeaux, et c'est le Père Noël qui les apportait. Il avait l'impression de compléter une œuvre d'art, d'apporter la touche magistrale à cette création merveilleuse. Il remonta le long de l'échelle et grimpa sur son traîneau. Les rennes se mirent en route et ils passèrent à la maison suivante.  

            Au bout d'un certain temps, le Père Noël, épuisé, posa le dernier cadeau au pied du dernier sapin. Il avait parcouru ainsi l'Europe, l'Amérique, l'Afrique, l'Asie et l'Océanie. Il était descendu dans chaque maison. Il était fourbu. Il remonta dans le traîneau, les rennes se mirent en route et ils repartirent vers le Grand Nord glacé. Environ deux heures plus tard, le traîneau se posa sur la neige douce, devant la maison du Père Noël. Ce dernier en descendit, fatigué, et se dirigea vers la porte. Quand il l'ouvrit, une bouffée de chaleur l'accueillit. Un grand feu de bois flambait dans la cheminée. Quand ils aperçurent le Père Noël, tous les lutins se levèrent pour le saluer joyeusement.

- Qu'il est bon d'être à nouveau chez soi ! s'exclama celui-ci en s'affalant dans un gros fauteuil, devant la cheminée.
- Tout s'est bien passé ? demanda le chef des lutin.
- A merveille ! lui répondit le Père Noël, bien que les enfants demandent de plus en plus de cadeaux, ce qui rend plus longue la distribution.
- Les enfants actuels sont trop gâtés, fit le lutin.
- Pas tous, répondit le Père Noël, pas tous.

          Il se leva et se dirigea vers la « Machine à Rêves ».

- Il est temps de remettre le temps en route, fit le Père Noël, on ne peut pas laisser les gens dormir éternellement.

        Il empoigna le levier de droite et le remonta pour le remettre à sa position initiale. Il appuya ensuite sur deux boutons et l'air se relâcha aussitôt.

- Ouf ! s'exclama le Père Noël, ça donne mal à la tête de respirer un air lourd pendant longtemps.
- Allez-vous reposer, lui conseilla un lutin, demain, vous vous sentirez mieux.
- Tu as raison, répondit le Père Noël, cette distribution était longue et je suis extrêmement fatigué.

          Le Père Noël se dirigea vers sa chambre. Il entra, ferma la porte et retira son bonnet, sa veste et ses bottes. Trois minutes après, il dormait.


          Quand huit heures du matin sonnèrent à la petite pendule du salon, toute la maisonnée se réveilla. Le petit garçon, si malheureux la veille de Noël, l'était toujours en se levant. La petite maison retentissait des cris d'impatience de ses frères et sœurs, qui attendaient de pouvoir entrer dans le salon. Il se leva et les rejoignit. Ils étaient cinq enfants, trois filles et deux garçons. Leurs parents se levèrent à leur tour, et ils rentrèrent tous ensemble dans le salon. Au pied du sapin étaient rassemblés cinq piles de cadeaux. « Comment est-ce possible ? » se demanda le petit garçon. Sur la pile qui lui était destinée, il y avait une lettre. Il l'ouvrit et lut les mots suivants : « Cher Oscar, même si tu n'as pas été sage cette année, tu as su reconnaitre tes torts, et le pardon, c'est la magie de Noël ! »   

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