UN PAPA D'ENFER!

Alicia Roda

GENRE : PIECE POUR ENFANTS PETILLANTE, MUSICALE ET DIABOLIQUE

THEME : LES AVENTURES DE DIABOLO & DE LUCIE FERRE...

NOTE D'INTENTION :

Nous avons voulu écrire une pièce drôle et pétillante pour les enfants. Mais une pièce qui ne soit pas gnangnan. Ici pas de fées, mais une petite diablesse. Il faut qu'elle soit espiègle, malicieuse, sautillante, charmante. C'est elle le lien avec les enfants. Et c'est là que demeure l'ambiguité : elle cherche à convaincre les humains de faire des bêtises, elle est la fille du diable, et pourtant elle est aimée des enfants. Diabolo aussi doit être un personnage attachant, perdu dans l'adolescence. Il doit chanter, danser et faire des tours de magie.

Dans cette pièce, les notions de bien et mal se confondent. Le roi mage est cupide, la bonne serveuse éplorée cherche à se venger de son ancien employeur, Diabolo. La valeur du travail n'apparaît pas comme positive, puisqu'elle asservit l'être humain, surtout celui qui cherche à être artiste. Nous avons voulu donner une vision plus complexe du bien et du mal, une vision non manichéenne (comme on donne souvent aux enfants).

Le rythme est très important dans cette pièce, les jeux de scène. Et la sincérité, notamment dans le dialogue avec les enfants du public.

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         UN PAPA D’ENFER !


Une pièce pour enfants d’Alicia RODA & Vivo KRAHEN

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PERSONNAGES :

- DIABOLO (le Diable rigolo) / PAOLO PIANISSIMO FORTISSIMO (le producteur)

- LUCIE FERRÉ (sa fille unique)

- MARLÈNBYS (la Cosette du bistrot) / LA SIRENE DES GRANDES PROFONDEURS

- LA PAYSANNE BERNADETTE

- LE ROI MELCHIOR

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SCENE 1 -  DIABOLO LE TOUT-PUISSANT


Entrée foudroyante. Diabolo chante et danse, il est heureux et fier de lui.

DIABOLO -

Je suis Monsieur Diabolo 

C’est moi le plus beau.

Oui, je suis un Diable

On me dit détestable

Blâmable

Rrrrredoutable.

Hahahaha

Mais pas du tout hohoho 

Moi je suis toujours aimable

Tellement serviable

Si adorable.

Tout va bien, tout va bien, tout va bien, bien, bien,

Tellement bien, tellement bien, tellement bien, bien, bien.

Quant à vous mes diablotins

Vous êtes mes chérubins

Mes meilleurs copains

Du soir au matin

Vous, vous rigolez sans fin

Et personne ne vous dit rien

Hahahha

Plus d’école plus de bain

Des bonbons plein les mains

 

Diablotins, diablotins, diablotins, tin, tin

Tout va bien, tout va bien, tout va bien, bien, bien.

Il fait des tours de magie.

Oh, je vois un petit diablotin malicieux ; dis-moi, qu’est-ce qui dépasse de ton oreille ? ohh mais c’est un grand foulard…

Regardez je suis le plus fort  

Je l’fais sans aucun effort  

L’enfer c’est que de l’or

Mes invités m’adorent.

Aux méchants privés d’remords

A qui sur Terre on dit « dehors »

Moi j’leur donne tout l’confort

Chez nous c’est plein à ras bord

Tout va bien, tout va bien, tout va bien, bien, bien,

Tellement bien, tellement bien, tellement bien, bien, bien.

Tout va bien, tout va bien, tout va bien, bien, bien,

Tellement bien, tellement bien, tellement bien, bien, bien.

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SCENE 2- L’ENFER EST EN CRISE 


Tout à coup, sa fille arrive dans le fond. Diabolo ne la voit pas tout de suite.

LUCIE - N’im-por-te quoi !

DIABOLO - Plaît-il ?

LUCIE - N’im-por-te quoi ! Papa, arrête de mentir.

DIABOLO - Quoi ??

LUCIE - Tu sais bien qu’ya plus personne ici en enfer !

DIABOLO affolé - Chhhht, Lucie, pas devant les diablotins, enfin les parents.

LUCIE - Il faut qu’on les mette au courant. Papa, les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Elle sort le registre infernal de derrière son dos. Il est effaré et essaye de le récupérer, ils tirent sur le livre à tour de rôle et Diabolo finit par tomber.

DIABOLO - Lucie, qui t’a permis de voler le Livre secret de la comptabilité infernale ?

LUCIE, candide - Tu m’as toujours appris que voler c’était bien.

DIABOLO – Euhh

LUCIE – lisant. Alors, Le Train fantôme…

DIABOLO – …avec vrais fantômes, houhouhou. (Il mime les jeux de son Parc.) 

LUCIE  – seulement 49 visiteurs.

DIABOLO – Hein ?

LUCIE  – Le Super saut à l’élastique…

DIABOLO – …sans élastique, clic clic paaaf !

LUCIE  – Plus que 33 visiteurs.

DIABOLO – 33 ?

LUCIE  – Les montagnes russes dont on ne revient j…

DIABOLO – jamais, jamais : 5000 personnes

LUCIE – Non Papa : 22

Les auto-tamponneuses qui explosent dès qu’on accélère.

DIABOLO – 3000 ? 2000 personnes? 1000 ?

LUCIE –  11

Et le bateau pirate attaqué par des morts-vivants vivants : plus que 2 personnes.

DIABOLO – Seulement 2 ??? Mais le bateau pirate est le meilleur jeu de notre parc d’attractions infernal.

LUCIE - Ben oui, c’est la ca-ta !

DIABOLO - La quoi ?

LUCIE - La ca-ta, la catastrophe. T’es vraiment ringard, Papa.

DIABOLO - Des comptes, des comptes… quels comptes ? Il met le feu au livre de comptes.

LUCIE, effrayée puis admirative. Oh, y’a des photos à la place. Papa, t’es trop fort.

DIABOLO feuilletant l’album photo – Regarde tout le monde qu’il y avait à l’époque.

LUCIE – Oui dans le Train fantôme…

DIABOLO – Avec vrais fantômes.

LUCIE – C’est qui la dame sur la photo ? Mais c’est ma Nounou ! Ma Nounou de quand j’étais petite… Qu’est-ce qu’elle est devenue ?

DIABOLO, fermant sèchement le registre – Venue, devenue, turlututu, perdue de vue, chapeau pointu, disparue.

LUCIE – Uh?

DIABOLO - Enfin bref, jadis, naguère, autrefois c’était plein à craquer.

LUCIE – Aujourd’hui, c’est la crise. Les gens sur Terre, ils font plus de bêtises. C’est plus à la mode, les bêtises.

DIABOLO – Qu’est-ce qu’on va devenir ?

Diabolo est accablé. Lucie le regarde et fait un clin d’œil aux diablotins.

LUCIE - Papa, j’ai une idée diabolique : et si les humains se mettaient à faire plus de bêtises ?

DIABOLO - C’est impossible.

LUCIE – Ecoute, écoute, écoute : si toi et moi on descendait sur Terre et qu’on encourageait les gens à faire de grooosses bêtises ?

DIABOLO – Hahaha toi tu es bien la fille de ton père.

LUCIE – Et ainsi l’Enfer sera à nouveau rempli.

DIABOLO – Mais alors… ?

LUCIE – Alors :

Les deux chantent et dansent : Tout va bien, tout va bien, tout va bien, bien, bien,

Tellement bien, tellement bien, tellement bien, bien, bien.

DIABOLO - Mais, y’a un problème, Lucie, je suis beaucoup trop vieux pour descendre sur Terre.

LUCIE – Papa, je… peux… y aller… toute seule.

DIABOLO – Toi ?!

LUCIE – Oui, je peux aller toute seule en mission sur Terre.

DIABOLO - Mmhh ? Les diablotins, vous pensez que je peux la laisser partir toute seule ?

LUCIE – Ils ont tous dit oui !

DIABOLO - Bon admettons que je te confie cette mission. Tu vois cet anneau ?

LUCIE –  Ohh ! L’Anneau des pouvoirs diaboliques !

DIABOLO  – Il est à toi si devant Lui tu exécutes sa Danse.

Elle danse autour de l’anneau.

DIABOLO - Je vais interroger cet anneau. Il colle l’anneau diabolique à son oreille.

Allô Cet Anneau… euh Satano?  Ah bon ? Aïe, aïe, aïe. Oui, il sera fait selon vos désirs.

C’est bon ! L’anneau te reconnaît pour maîtresse. Il lui donne l’anneau.

LUCIE – Youhou ! Merci Satano.

DIABOLO - Ah j’oubliais : le sac à dos volant ! Que tu es impatiente.

Lucie, sur Terre tu dois te méfier d’une seule personne, son nom c’est… 

LUCIE - …Adieu papa, adieu diablotins mes copains. (Elle s’est déjà envolée).

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SCENE 3  : LE VOYAGE SUR TERRE


NOIR / VOYAGE. On entend des bribes de conversation en japonais : 

LUCIE – Ohh je survole le Japon. Aligato, aligato.

Conversations en anglais :

Yes !  Je suis à New-York. Hello, my name is Lucy Ferré.

Conversations en malien :

Ça, c’est le Mali ! Bonjour le Mali.

Conversations en français :

Oh, je vois des champs partout. C’est beau ! Allez, je vais atterrir ici.

Elle atterrit avec fracas, au milieu de poivrons et  de carottes. Elle reprend ses esprits puis commence à découvrir la Terre autour d’elle.

LUCIE - Ouille, ouille, ouille !

Ah ben dis donc, Papa m’avait pas prévenue que la Terre était aussi dure.

Alors, c’est ça, la Planète Bleue?

Oh, qu’est-ce que c’est? Ouahh c’est beau !

Et ça ? ça se mange ? Beuuuurk.

J’ai entendu un bruit. Elle aperçoit le public. Ohh des humains? Ils sont rigolos, les tout petits petits petits bonshommes. Vous pas parler ? Bon-jour ! Bon-jour ! C’est quoi votre langue ? le schtroumpf ? le congolais? Le chimpanzé ? Le riz au lait ? Le français ? Ah,  j’ai étudié le français à l’Ecole Inferno. On va pouvoir communiquer. Moi, mon nom, c’est Lucie Ferré. Et toi, c’est quoi ton nom ? Et toi ? …

J’ai une question importante à vous poser. Est-ce que des fois dans votre pays il fait froid ? Ah boon ? Et est-ce qu’il y’a de la pluie ? De la vraie pluie qui mouille ? Berk. Et de la neige ? Verte ? Non ? Blanche ! C’est la pire de toutes. Ohlala.

Eh bien moi, dans mon pays, il fait toujours très beau et très chaud et toute l’année, c’est les vacances.

Vous avez envie de découvrir mon pays ? Allez, je vous emmène avec moi. On compte ensemble : 1, 2, 3. C’est parti !

Elle va vers le Lointain, puis prise d’un doute, elle se retourne et voit que personne ne l’a suivie.

Quoi, vous venez pas ? (Triste). Pourtant on était d’accord. Je vais le dire à mon papa.

Papa ! Papa ! ça marche pas avec les enfants.

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SCENE 4 : LA PAYSANNE BERNADETTE


Tout à coup, surgit une paysanne. Elle chantonne « L’Amouuur est un bouquet de violettes » :

PAYSANNE - Ben crénom di Diou, ma qu’est-ce que c’est cette histoire ? Qu’est-ce que vous fabriquez dans mon potager, en plein sur mes zaricots ?  

Comme la Paysanne fonce sur elle, Lucie l’immobilise d’un coup d’anneau diabolique.

LUCIE Oh ! ça a marché. Les enfants, vous la connaissez cette dame ? Non ? Et comme ça ? Non, très bien, alors elle, je vais l’envoyer chez mon papa, hihihi.

Lucie se prépare face à un miroir imaginaire, comme si elle était journaliste. Coup d’anneau qui réanime la paysanne.

Bienvenue Madame au micro de Télé Inferno. Je me présente, Lucie Ferré, envoyée spéciale. Vous avez été sélectionnée pour un reportage sur les campagnes françaises.

PAYSANNEMoué ? C’est pour la télé ? Tout à coup elle est conquise et ne pense plus à donner des coups de rouleau à pâtisserie.

LUCIE – Oui, regardez la caméra, là. Quel est votre nom ?

PAYSANNEJe m’appelle la Bernadette.

LUCIE – La Bernadette, quel joli nom. Un bonjour à nos chers télespectateurs.

PAYSANNEC’est pour la télé ? Bonjour les télepéteurs.

LUCIE chuchotant – Télespectateurs.

PAYSANNETélésteacks à la vapeur. Et bonjour Marcel, c’est mon amoureux. (Eureka pour Lucie).

LUCIE – Bernadette, nous avons reçu une question pour vous : comment s’est déroulée votre journée ?

PAYSANNE Alors je me suis levée comme tous les matins à 5 heures pour traire la Marguerite – c’est ma vache. Après j’ai bu mon café, et j’ai ramassé mes zaricots dans mon potager.

LUCIE – Aïe, c’est pas trop dur à votre âge ?

PAYSANNEOh que si, bin Diou crotte de bique, qu’j’ai mal au dos.

LUCIE Bernadette, aujourd’hui c’est votre jour de chance : j’ai La potion miracle.

PAYSANNE – Une potion ?

LUCIE – Plus jamais vous n’aurez mal au dos. Et elle est à vous, à la condition de faire une petite bêtise.

PAYSANNE – Héééé ? Quelle bêtise ?

LUCIE – Il suffit d’arracher tous vos légumes et d’en faire un gros tas sur la route, là-bas, juste à la sortie du virage.

PAYSANNEC’est tout ? Allons-y ! Les patates, les carottes… Et c’est du bio.

LUCIE – Le maïs là-bas.

PAYSANNELe ma… Mais ça va faire des accidents tous ces légumes sur la route! Et le pauvre Marcel avec son tracteur, il va tout déraper dessus.

Lucie jette son micro, tourne le dos et boude (stratégiquement).

PAYSANNE gênée – Ben qu’est-ce que j’ai dit ?

Mademoiselle, euh… cette potion, elle marche vraiment ?

LUCIE – La jeunesse éternelle !

PAYSANNE  – La jeunesse éternelle ? Et pour Marcel je serai belle. Glou glou glou !

LUCIE, braquant son anneau - Aspirati aspirata, envole-toi en enfer et plus vite que ça.

PAYSANNE – Ouuuhhhhhhlalalala. Elle part en tourbillon et disparaît en enfer.

LUCIE – Ouaiiis ! Papa ! Et de une !

DIABOLO, en off – Hahahahha

LUCIE – 

Et oui Lucie

A réussi

Oh la diablesse

Oh la traîtresse

L’enfer s’ra plein

Poils aux mains

L’enfer s’ra beau

Poil au dos

Ho hoho

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SCENE 5 : TENTATION TAGADA 


LUCIE - Dites-moi les enfants, vous aimez les fraises tagada, pas vrai ? Mmmm. Et les barbes à papa ? Miamiamiam. Si vous venez dans mon pays, vous mangerez des montagnes et des montagnes et des mooontagnes de fraises tagada géantes et jamais vous n’aurez de caries. Plus besoin de se laver les dents. Hihihi.

Allez, on va tous dans mon pays : 1, 2, 3. Hop, c’est parti ! Elle va vers le Lointain, puis prise d’un doute, elle se retourne et voit que personne ne l’a suivie. Quoi, vous venez toujours pas ? Mais… Je vous parle plus, na !

Papa, papa ! Oiiin, ça marche pas avec les enfants. Oiin.

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SCENE 6 : LE ROI MAGE MELCHIOR

Tout à coup elle entend des pleurs.

ROI MELCHIOR – Oiiiiin.

LUCIE – C’est qui ? Monsieur, monsieur ?

ROI MELCHIOR – Oiiiiin.

LUCIE – Vous êtes qui monsieur ?

ROI MELCHIOR – Je suis le roi Melchior ; j’apportais au p’tit Jésus un coffre rempli d’or, de diamants scintillants, des pierres précieuses les plus pures et et et…

LUCIE -  Et qu’est-ce qu’il s’est passé ?

ROI MELCHIOR en pleurnichant - Et alors dix bandits de grand chemin m’ont attaqué et ils ont volé tout mon or. Ils ont même pris mon dromadaire ainsi que mes bottes.

LUCIE – Les bandits, ils ont volé vos bottes.

ROI MELCHIOR – Non, ils ont surtout volé mon or. (Eureka pour Lucie).

LUCIE – Ils ont surtout pris votre or ? Ne pleurez plus monsieur Melchior. Je vous fabriquerai tout l’or dont vous rêvez.

ROI MELCHIOR - Ahh oui ?! Ha ha ha… Mais comment ?

LUCIE - A la condition de faire une bêtise.

ROI MELCHIOR – Une bêtise ?

LUCIE – Il suffit de mettre le feu au palais de votre ami, le roi Balthasar, et je ferai tomber sur vous une pluie d’or.

ROI MELCHIOR - Mais c’est horrible de brûler la maison de son ami.

Tranquillement elle le fascine en jouant, dos à lui, avec une ribambelle de pièces d’or.

ROI MELCHIOR – …Heu Balthasar somme toute n’est qu’un simple collègue… enfin… une vague connaissance… Une pluie d’or, vous dites ?

LUCIE – Un déluge d’or.  

ROI MELCHIOR – Balthasar, finalement c’est… un rival… un ennemi à neutraliser au plus vite ! Il se saisit de la pièce.

LUCIE, braquant son anneau - Aspirati aspirata, disparais en enfer et plus vite que ça.

ROI MELCHIOR – Ooouuuuhhlalala. Il part en tourbillon et disparaît en enfer.

LUCIE – Papa ! Et de deux !

DIABOLO - Hahahhaha

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SCENE 7 : LUCIE RÊVE DE CAFÉS

LUCIE –

Et oui Lucie

A réussi

Oh la diablesse

Oh la traîtresse

L’enfer s’ra plein

Poils aux mains

L’enfer s’ra beau

Poil au dos

Ho hoho !

 

Ahh! J’ai bien travaillé aujourd’hui, pas vrai les enfants ? D’abord j’ai envoyé chez mon papa la paysanne Ber… comment elle s’appelait déjà ? Bernadette. Et puis j’ai même envoyé  le roi Mel… Bravo, Melchior.

Ça m’a donné soif tout ça ! Et si j’allais dans un, un… comment vous appelez ça sur la Terre ? Vous savez, c’est un endroit avec des tables et des chaises où on peut boire des chocolats chauds ? Non, pas un self, non pas un restaurant… un, un… oui, un café.

On a pas de cafés en Enfer, on s’y ennuie trop. Chhht ! Puis moi aussi j’ai envie de faire des bêtises.

Mon  anneau diabolique, envoie-moi dans un café, pas pour être alcoolique, hihi, mais juste pour rigoler.

NOIR / VOYAGE.

LUCIE – Ouh ça va trop vite, stooop. Mon anneau m’emmène à Paris, ouah, oh, je vois la Tour Eiffel, elle est trop belle. Ahhh.

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SCENE  8 : LUCIE RENCONTRE MARLÈNBYS

Lucie a atterri sur une chaise derrière une table de bistrot. Elle boit une goutte de whisky dans un verre posé devant elle et recrache en toussant.  Soudain, elle voit Marlènbys qui nettoie le plancher à quatre pattes. Une voix tonitruante lui donne des ordres. Lucie prend peur et se cache, assistant ainsi au ballet du travail opprimé.

VOIX DE PATRON GRAS – Au travail paresseuse !

 Marlènbys active son récurage.

 VOIX DE PATRON GRAS – Plus vite que ça.

La table, à gauche.

Et la chaise, tu ne vois pas qu’elle est sale ?

Et ce plancher, tu crois qu’il attend le déluge pour être nettoyé ?

 Sonnerie de téléphone.

VOIX DE PATRON GRAS – Allô ? Ah bonjour ma chérie, bien sûr, j’arrive de suite. Je t’embrasse.

 On n’entend plus la voix du patron. Marlènbys écoute angoissée, puis certaine de son absence, elle se repose un peu. Lucie, toujours cachée et espiègle se substitue au patron en imitant sa grosse voix :

VOIX DE LUCIE-PATRON– Alors, on se repose, malheureuse ? Au travail, et plus vite que ça. A droite !

Non à gauche. J’ai dit à droite, j’ai dit à gauuuche.

Dessus, dessous, dessus, dessous, dessus, dessous,  la chaussette, la cacahouète, et une pirouette.

Marlènbys trébuche. Elle reste à terre et pleure. Puis se croyant seule, se met à chanter sa complainte :

Avant j’étais libre et joyeuse

Maintenant j’suis soumise et peureuse

Maintenant je travaille, sans m’arrêter j’travaille

Sans respirer j’travaille 

J’suis condamnée

Je nettoie, je balaye, j’astique et j’éponge

Je rince et je rang’, j’débarrasse

Je nettoie, je balaye, j’astique et j’éponge

Je rince et je rang’, j’débarrasse

Lucie touchée par la chanson, ne peut s’empêcher de se dévoiler.

LUCIE – Bravo Madame, bravo !

MARLENBYS – Le café est fermé Mademoiselle.

LUCIE – Excusez-moi,  je vous ai entendue chanter et…

MARLENBYS – Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu es toute seule ? Tu n’es pas à l’école ?

LUCIE – Vous avez une si belle voix. Peut-être que vous pourriez… ?

MARLENBYS – Que je pourrais… ?

LUCIE – Euh, venir chanter à la maison. Ca nous ferait un peu de compagnie, à mon papa et à moi.

Il est puissant mon père. Il vous donnera tout ce que vous voudrez.

MARLENBYS, amusée – Pourquoi pas ? Et tu habites où ?

LUCIE – En Enfer.

MARLENBYS – En Enfer ! Et, comment il s’appelle ton papa?

LUCIE – Monsieur Diabolo.

MARLENBYS – Dia… Diabolo. Elle sursaute mais a tôt fait de cacher sa surprise.

Bon marché conclu. Elles se serrent la main. Marlènbys a reconnu l’anneau magique de Lucie. Ohh le bel anneau. Tu me le prêtes?

LUCIE – Euh, non, c’est… l’Anneau de mon papa.

MARLENBYS – Dommage, moi qui pensais venir chanter chez toi.

LUCIE, hésitante – Attendez ! Juste une minute alors.

MARLENBYS, mettant l’anneau à son doigt : Ton heure a sonné, Lucie Ferré !

LUCIE – Vous… vous connaissez mon…mon nom ? 

MARLENBYS pointe l’anneau sur Lucie et profère sa terrible chanson magique  – Célesti célesta

Transforme-toi en glaçon

Et plus vite que ça.

NOIR, éclairs, tourbillon.

Lumière : Marlènbys tient un gros glaçon dans la main dans lequel est enfermée Lucie version miniature (l’actrice désormais parlera en voix off).

MARLENBYS – Alors ma petite Lucie, comme ça on imite la voix de mon patron ? Et tu pensais que je ne m’en rendrais pas compte ?

Pour ta punition tu vas devenir la prisonnière de mon glaçon.

LUCIE / LA PRISONNIERE DU GLAÇON – Nnnon !

MARLENBYS – Si.

LUCIE / LA PRISONNIERE DU GLAÇON – Nnnon non non !

MARLENBYS – Si si si… Et en plus, grâce à ton anneau je vais faire le ménage en un clin d’œil !

LUCIE / LA PRISONNIERE DU GLAÇON – Mmhhho Jjjjee vvais lleeu dddirreuh à mponn pppoapa.

MARLENBYS - A ton Papa ? Mais je le connais trèèès bien ton Papa.  

Elle fait tomber le glaçon dans le verre.

LUCIE / LA PRISONNIERE DU GLAÇON – Aïe !

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SCENE 9 : DIABOLO S’INQUIETE

DIABOLO - Aïe ! Mon oreille siffle. J’ai un pressentiment infernal. Je sens qu’il est arrivé quelque chose à ma petite Lucie.  Viiiite les diablotins, mon télescope intersidéral. Il ouvre son télescope, le braquant sur le public.

Télescopie, télescopa, montre-moi ma Lucie, et plus vite que ça ! Elle est où ?

Ahhh qu’est-ce que je vois ? Ma pauvre Lucie ! Enfermée dans un glaçon ! Je parie qu’elle s’est montrée beaucoup trop gentille ! Nom d’un diable, euh… nom de Moi.

Oh, j’ai une idée satanique, non luciférique… mieux, méphistophélique!

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SCENE 10 : MARLÈNBYS FAIT UN MENAGE MAGIQUE

Essayons un peu ce fameux anneau ! Voyons…

Parquet : brille ! Ça marche !

Verres : alignez-vous ! Fourchettes : lavez-vous ! Torchons  repassez-vous. Oh comme ils sont mignons mes petits torchons.

Youhou à moi la belle vie ! Plus besoin de travailler ; je vais pouvoir chanter toute la journée.

 

Je m’voyais déjà en haut de l’affiche

En dix fois plus gros que n’importe qui mon nom s’étalait

Je m’voyais déjà adulée et riche

Signant mes photos aux admirateurs qui se bousculaient.

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SCENE 11 : PIANISSIMO CONTRE-ATTAQUE

Diabolo fait irruption dans le bistrot déguisé en Producteur de disques. Il a pris l’accent italien.

DIABOLO - Bravo, bravissimo, bella, bella ! Come vi chiamate ? Comment vous appelez-vous vous? 

MARLENBYS– Euh… Mon nom de scène est Marlènbys.

DIABOLO –  Marlènbys vous avez une voix merveilleuse. Je me présente : Paolo Pianissimo Fortissimo, le plus grand producteur de disques du monde entier de tous les temps. Avec vous, je veux signer un contratto exclusivo.

MARLENBYS – Avec moi ??

DIABOLO – Laissez-moi réaliser vos rêves les plus secreti !

MARLENBYS – Comment avez-vous deviné mon rêve ? Chanter c’est toute ma vie (chanté). Malheureusement, je ne peux m’entraîner qu’après mon travail dans ma pauvre chambre de bonne.

DIABOLO -  Perfetto : voici le contrat.

MARLENBYS – Alors, c’est vraiment vrai ?

DIABOLO - Et pour fêter cela, trinquons ! Auriez-vous, chère Marlènbys, un petit whisky on the rocks, avec beaucoup beaucoup de glaçoni ?

MARLENBYS – Oh immédiatement. Elle part chercher un whisky en lui tournant le dos.

DIABOLO - En aparté aux enfants : Dites les enfants, est-ce que vous avez vu ma fille ?

MARLENBYS – Voici, Monsieur Pianissimo Fortissimo. Elle lui tend un verre.

DIABOLO - Grazie, bella.

MARLENBYS – Et… pour le contrat…?

DIABOLO, absorbé par le verre qu’elle lui tend, et où il pense trouver Lucie

Euh ? Quel contrat ?

MARLENBYS – Mais notre contrat : la tournée dans le monde entier, les concerts, les autographes…

DIABOLO – Ah, euhh, mais tout d’abord : tchin tchin !

Ah, oui euh… le contrat. Mais avant, je voudrais tester votre répertoire international : connaissez-vous la chanson « A la claire fontaine » ?

MARLENBYS – Bien sûr, une si belle chanson.

A la claire fontaine, m’en allant promener

J’ai trouvé l’eau si belle que je m’y suis baignée.

Marlènbys, émue, se met à chanter face à lui, mais il la tourne vers le public. Pendant ce temps-là, Diabolo plonge hâtivement sa main dans le verre qu’il tient derrière son dos, il en sort tous les glaçons, appelle « Lucie »  mais ne la trouve pas. Il renverse sciemment son verre sur la table, afin d’en obtenir un deuxième.

DIABOLO -  Oh scusa mi, j’ai renversé mon verre !  Serait-il possibile d’en avoir un deuxième ? Ramenez plutôt le seau avec tutti les glaçonis.

MARLENBYS – Immédiatement Monsieur.

Marlènbys sort.

DIABOLO - En aparté aux enfants : Vite, vous savez dans quel glaçon se trouve ma fille ?

LUCIE / LA PRISONNIERE DU GLAÇON : Papa !  Diabolo ne l’entend pas.

Marlènbys revient et lui tend le deuxième verre. Elle pose le seau ainsi que son propre verre avec le glaçon contenant Lucie sur la table.

DIABOLO – Pardon, je vous ai interrompue. Il essaye de chanter en chœur avec elle, tout en lorgnant sur les glaçons du seau : A la claire fontaine, mon cher ami Pierrot chante-moi la lune…

MARLENBYS recommence à chantonner les yeux fermés

Chante rossignol chante, toi qui as le cœur gai

Tu as le coeur à rire, moi je l’ai à pleurer.

Diabolo fouille dans le seau, mais ne trouve pas le glaçon. Il entend enfin sa fille.

LUCIE / LA PRISONNIERE DU GLAÇON - Papa, papa, je suis là.

DIABOLO – Où ça ?

LUCIE / LA PRISONNIERE DU GLAÇON – Derrière toi. Sur la table. Dans le verre de Marlènbys. Vite je gèle !

DIABOLO va pour saisir le glaçon. – Ma fille !

Lucie a crié, ce qui a fait ouvrir les yeux à Marlènbys.

MARLENBYS – « Ma fille ? » Ma fille ? Mais alors…  Dia…Diabolo ! Vous ? Ici ?

Diabolo et Marlènbys se regardent fixement comme deux fauves et s’approchent lentement du verre ; ils avancent chacun doucement la main, Plus rapide, Diabolo bondit et s’empare du verre et sort en courant.

MARLENBYS – Cette fois-ci, Diabolo, vous allez me le payer. Vocalises.  

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SCENE 12 : UN DÉNOUEMENT INATTENDU

Marlènbys s’élance sur les traces de Diabolo et de Lucie dans son glaçon. Course poursuite. Puis, après avoir cru semer Marlènbys, Diabolo s’arrête, reprend son souffle, et embrasse passionnément le glaçon.

DIABOLO -  Ça y est je crois que je l’ai semée. Ce n’est plus de mon âge tout ça.  J’ai quand même  842 ans ! Les 500 premières années je courais comme un cabri, mais à présent...

Ma chérie, enfin je te retrouve. L’essentiel c’est que tu sois là, ma fille. Nous allons retourner à la maison, en enfer, bien au chaud. 

Mais tout à coup, Marlènbys arrive derrière lui. Diabolo la voyant, sursaute et fait le glaçon, qui roule aux pieds de Marlènbys. Elle s’avance rapidement et fait mine de poser le pied dessus.

DIABOLO - Nooon !

MARLENBYS - Regardez-moi bien Diabolo.

DIABOLO -  Hein ?

MARLENBYS - Vous me reconnaissez ?

DIABOLO - Euh, non, Madame, je…

Marlènbys enlève sa tunique de femme de ménage puis ses gants de ménage, découvrant une seconde peau de sirène pailletée et une longue queue de sirène.

DIABOLO - Ohh ! Ma Sirène des Grandes Profondeurs !

MARLENBYS – La mémoire vous revient ? Comme ça, on avait oublié La Sirène de votre Parc d’Attractions ? Celle qui chantait pour attirer les voyageurs. Ils se pressaient de loin pour venir m’écouter. Rappelez-vous, Diabolo, en ce temps-là, l’Enfer était plein, et c’était grâce à moi.

Elle chante de façon envoûtante.

Venez voyageurs égarés

En Enfer on s’amuse à volonté

Ici vos soucis sont vite oubliés

Venez voyageurs égarés.

DIABOLO, empreint de nostalgie, entonne avec elle le dernier vers.

Venez voyageurs égarés.

MARLENBYS – Vous m’avez renvoyée comme une malpropre.

DIABOLO - Oui, parce que dans mon dos, tu avertissais les visiteurs que nos jeux étaient hmm…

MARLENBYS – …truqués ?

DIABOLO – Oui, bon… En leur signalant que la Grande Roue se décrochait dès le troisième tour, tu les faisais fuir…

MARLENBYS - …Je faisais cela par bonté !

DIABOLO - On ne peut pas se permettre de dire toute la vérité quand on est ma Sirène des grandes Profondeurs.

MARLENBYS – Ingrat ! Vous ne vous êtes pas contenté de me chasser de l’Enfer ; le pire, c’est que vous m’avez condamnée à gagner ma vie à la sueur de mon front !

DIABOLO, s’agenouillant - Pardonne-moi, pardonne-moi ma Sirène.

MARLENBYS - Trop tard, à présent c’est moi qui ai le pouvoir. Elle montre l’anneau. Il s’élance pour essayer de l’attraper, mais elle entonne un chant avec l’anneau braqué sur lui.

Célesti, célesta... il pleut, il pleut mon Diable, rentre tes blancs moutons…

Elle le transforme en mouton. Il se retrouve à quatre pattes en train de bêler.

DIABOLO - Bêêê bêê bêê.

Marlènbys amorce une sortie et claque les doigts en direction du Mouton qui la suit en bêlant. A ce moment-là, on entend la voix de Lucie restée seule dans le glaçon.

LUCIE/ LA PRISONNIERE DU GLAÇON – Hééé ooouuhh haarrhétteeez-vouuuus.

DIABOLO - J’avais oublié Lucie dans son glaçon ! Elle revient et frotte l’anneau.

Célesti célesta, Lucie redeviens Lucie.

NOIR, éclairs, lumière : Lucie redevient Lucie. Elle est accroupie, trempée et elle tremble. Marlènbys s’accroupit et la réchauffe entre ses bras.

MARLENBYS - Maintenant tu me reconnais ma petite Luciole ?

LUCIE– Non. Non. Non !

MARLENBYS – chantant : Ainsi font font font les petites marionnettes…

LUCIE + MARLENBYS - chantant , ainsi font font font trois ptits tours et puis s’en vont.

LUCIE –  Ma nounou de quand j’étais petite ! (Elle lui prend les mains puis elle court vers son père)

Papa, c’est ma Nounou-Sirène ! C’est la dame de la photo.

Mais Nounou, pourquoi tu m’as enfermée dans un glaçon ?

MARLENBYS – Je pensais que ton père t’avait envoyée sur Terre pour me faire du mal.

LUCIE – Mais pas du tout !

MARLENBYS – Je me suis trompée, pardonne-moi ma Lucie.

LUCIEEt maintenant, tu vas revenir à la maison avec nous.

MARLENBYS, – Non, c’est impossible.

LUCIE regarde son Père puis la Sirène. Elle réalise qu’on lui a caché bien des choses et décide de prendre la situation en main. – Attends. J’ai une idée. Elle la lui chuchote à l’oreille.

MARLENBYS – Oh oui !  

LUCIE – Papa, ma Nounou-Sirène et moi on a une idée formidable : toi et moi on va plus jamais retourner en Enfer. On s’y ennuie trop.

DIABOLO, toujours bêlant – Pâââs quêêstiôôn.  

Lucie se tourne désemparée vers Marlènbys qui rend l’anneau à Lucie. Elle le pointe sur son père-mouton.

LUCIE – Hahaha. Papapapapa, est-ce que tu veux rester mouton toute ta vie ?

DIABOLO – Nôôôn.

LUCIE – Alors on fait comme je dis, on reste sur Terre pour la vie…

MARLENBYS – … où nous allons créer un parc d’attractions terrestre…

LUCIE – …qui sera mille fois mieux que celui de l’Enfer !

MARLENBYS – Et nous vivrons tous les trois ensemble pour l’éternité.

DIABOLO – Bêên nôôônn.

MARLENBYS – Diabolo soyez raisonnable. La Méchanceté c’est dépassé, n’est-ce pas les enfants ?

LUCIE – Mais oui Papa :  en fait, la méchanceté c’est dépassé.

 MARLENBYS – Aujourd’hui place à l’a-mi-tié.

LUCIE – Place à l’amitié !

DIABOLO – Bêe,  peut-êêêtre.

LUCIE – Promis ?

DIABOLO – Prôômiis.

LUCIE – Promis juré craché ?

DIABOLO – Promis juré craché. 

LUCIE – Crache par terre. Encore. Encore.

LUCIE, avec l’accord complice de Marlènbys – Redeviens Diabolo, mon papa ri-go-lo.

MARLENBYS + LUCIE – Youhouh !

Lucie le retransforme en Diabolo au moyen de son anneau. Lucie et Marlènbys l’embrassent toutes deux sur la joue.

DIABOLO –

Moi j’étais seul en Enfer

Et me voici sur la Terre

Avant j’étais méchant

Maint’nant je suis content.

DIABOLO + MARLENBYS + LUCIE –

J’ai trouvé de vrais amis

Nous sommes enfin réunis

Vous êtes tous invités

A venir vous amuser

Vous êtes tous invités

A venir vous amuser.

Tout va bien, tout va bien, tout va bien, bien, bien,

Tellement bien, tellement bien, tellement bien, bien, bien.

Tout va bien, tout va bien, tout va bien, bien, bien

Tellement bien, tellement bien, tellement bien, bien, bien.

                      -     FIN    –

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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