UN SOIR SUR LA LOIRE
Philippe Larue
Que faisait cette aigrette garzette derrière Félix le peintre? Voulait-elle causer de son bec gris bleuté? Le peintre n'avait pas de journal pourtant. Non, juste un chevalet était posé´sur le bord du fleuve. Derrière lui se trouvait un champ de fleurs sauvages. Un vieux pot en faïence à l'anse cassée, contenait plusieurs pinceaux. Cela aurait pu être une petite ménagerie, car des petits-gris y chatouillaient une mangouste. La chèvre, elle, attendait que le peintre veuille bien lui tirer la barbichette. L'ours d'Alaska répétait une scène des griffes de la nuit, pour le crépuscule qui commençait à rougir. Quand au blaireau, lui, était ravi de ne pas être partit par l'express chez le barbier. Une coupelle qu'une vieille grand-mère lui avait offert parmi un lot de brocante, était remplie de l'eau du fleuve.
L'aigrette garzette levait ses pattes noires pour attraper entre ses doigts jaune, quelques sauterelles trop gourmandes, qui n'avaient plus la force de sauter. Elle semblait s'impatienter, mais pourquoi? Elle avait son dîner dans le champ qu'elle gobait de son long bec. Une grenouille, venue bronzer au UV d'un soleil qui allait se coucher, bondit dans le fleuve.
"Je croaa que j'ai vue un gros héron, semblait-elle dire"
Quand le peintre à ouvert la malette aux pigments, l'aigrette avait relevée sa tête. Ses yeux n'en perdaient pas une miette. La palette accueillie quelques petites bouses de couleurs: des vert emeraudes, de cobalt ou d'olive. Du jaune de Naples trouvait même le maquillage nickel du citron.
La vache, pensait probablement l'aigrette garzette! Quelle mouche pouvait avoir piquée un peintre à se bouser sur une toile blanche? Les petits tas étaient immobiles, retranchés comme la guerre des poilus. D'ailleurs eux, le peintre venait d'en choisir un dans le pot de faïence. Enfin, il allait pouvoir se poiler avec une baigneuse nue! Mais non, bien que le peintre glissait ses doigts sur des petites touffes, cela ressemblait plus à un pré, parfois un gazon rasé subtilement. Pour un putois, se mettre à nu sans une moufette, il y avait de quoi se sentir de mauvais poil!
Une perche arc-en-ciel sortie la tête hors de l'eau, espérant mettre une bulle de commentaire pour le peintre.
- J'ai ouïe dire qu'un grain de sable buzzait la légende des plongeuses?
Ces modèles réduits poissonneux ressemblaient à des sous-marins, bullant comme des sauvages sur un lit, justes bons à faire parfois des sauts carpés.
Couette, se demandaient des bécassines, entrain de se déplumer.
Le ciel gavé de vitamines orangées, faisait la course avec les nuages, occupés à cumulus des gouttes de pluie. Félix le peintre n'avait plus d'acné depuis longtemps, mais il s'amusait a percer le sol de sa toile de milliers de boutons d'or. Ce qui faisait rougir le soleil, lui le tournesol d'or, que les vents bisaient de sa chaleur, à hulier les peaux des baigneuses nues. C'etait pourtant une saine journée, mais sans muses. Il aurait aimé ne pas savoir à quels seins se vouer, en voir de toutes les auréoles, et clouter les petits tétons roses sur la toile , qui auraient faits rougir les coquelicots. Malina prenait la pose vers un chemin qui Manet vers des framboises. L'écrivaine Doria, quoique bien gaulée, se déplumait dans un champ de voyelles et de consonnes, surprise d'avoir été attrapée sur une page blanche. Ziyi s'estampait dans l'élégance d'une encre de Chine d'un autre peintre, qui venait de découvrir la peinture Japonaise.
Christa embelissait de sa beauté, une main tremblante de Renoir. Quand à Edwige, elle pouponnait sa petite bombe d'amour qui venait de naître, Il n'oublait pas Sonia, occupée à mettre un désordre dans sa commode à sous-vêtements.
Felix le peintre avait pu baigner ces beautés dans une farandole de couleurs. Fesser un poney à la croupe généreuse, d'une main douce et caressante. Non, la page du roman coulerait les larmes du fleuve, ce soir, aux étoiles dans un ciel nocturne , où la lune confectionnerait des croissants.
Félix le peintre épilait les pollens des fleurs. Une vache trouvait que les marguerites étaient fades cette année. Mr Séguin faisait les comptes avant de venir faucher l'herbe du pré voisin. Les abeilles piquaient une colère au grand huit en panne. Elles avaient même mises un point final aux quatre points cardinaux, en leurs demandant de chiffrer la perte Royale du huit. La reine allait devoir geler la quantité en propolis face à cette crise.
Des canards qui faisaient du rafting, regardaient du coin de l'oeil, les coins de la toile pour voir si elle avait reçue un autographe, signé en noir et blanc. Ce n'etait pas Katrina qui luî avait fait une bise, mais un vent qui voulait mettre les voiles vers les linaigrettes, pour les secouer, les percer et faire voler leurs coton.
il n'etait pas dans un désert avec des mirages, alors, qu'étais-ce cet osasis en apesanteur, pensait Felix le peintre? Effectivement, on aurait dit une poussière d'etoiles peinte par un arc-en-ciel, venir dans la direction de Félix le peintres. Sa toile allait être vernie d'être sablée par les pollens des mille et une fleurs. Champagne!
Yessssss! Merci
· Il y a environ 11 ans ·Philippe Larue
Merci beaucoup
· Il y a environ 11 ans ·Philippe Larue
Superbe ! Poétique et drôle .. Incroyable tout cet univers à partir du tableau, bravo !
· Il y a environ 11 ans ·rafistoleuse