Un texte oublié

Se présenter à Dieu, sans bible, sans domicile, la fleur au bout du fusil, soldat d'une paix fragile. J'aurais dû écrire ce texte hier soir pendant que je l'avais dans la tête. J'en ai perdu les mots, les idées, foutues idées qu'on cherche au fond de son lit quand on n'arrive pas à dormir. Pas envie de les chercher alors que le jour est haut dans le ciel, alors que Dieu me tend peut-être les bras et c'est là l'essentiel pour moi. Trouver mon coin de paradis, l'art en fait partie, couper le téléphone pour une ou deux heures, et créer un monde à soi, à partager avec qui le veut bien. Lancer des invitations, le coeur dans la gorge écouter un bon vieux blues. C'est comme un bon whisky qui vous rappe le palais, la guitare pleure, le chanteur fait passer ses émotions les plus, comment dire, lancinantes, celles qui viennent de très loin, de si loin qu'on les perçoit comme des plaintes à peine audibles, ce sont les pires je crois. Changer de registre soudain, se reconnecter, respirer un bon coup, percevoir la sonnerie du téléphone pendant que l'on chante, qu'on essaie d'ouvrir ses ailes comme un ange qui viendrait de naître.