Un toit pour tous SUITE

Bernadette Dubus

Expulsion du collectif. Enfants jetés à la rue par la Préfecture de la GIRONDE

Un toit pour tous : le collectif du Sherby n'a plus de toit

 

 

Ecoutez le collectif nous expliquer son action :

 

« Nous, Collectif du Sherby, avons réquisitionné, le 79 rue de Linas à Blanquefort afin d'héberger en urgence des familles engrande détresse.

Le 79 est une ancienne bâtisse de 800 m², appartenant au Domaine Public, accessible et abandonnée depuis presque deux ans. Le Collectif a fait le choix d'investir cette propriété par sa capacité à permettre de concrétiser son projet et répondre aux besoins urgents de logements et de réinsertion. 

Un trop grand nombre de bâtiments, de maisons et de propriétés de l'État sont inoccupés, dans le cadre de la loi sur le droit au logement, il répond aux nécessités présentes. 

Le Conseil Régional a pour seul projet la mise en vente de ce bien public.

Le jeudi 29 octobre 2015, le Tribunal Administratif de Bordeaux sur la demande du Conseil Régional, sur ces uniques dires et au nom du « Peuple France » a décidé de nous expulser dans les plus brefs délais. 

Nous sommes avant tout des citoyens malmenés par ce système, luttant contre les inégalités, non pas par goût, non pas pour nous occuper, mais par conviction.

L'Etat veut nous coller l'étiquette de fauteurs de trouble de l'ordre public pourtant nous sommes juste armés de solidarité, d'entraide et de bienveillance pour un monde meilleur pour nos enfants.

Concrètement, nous ne sommes pas là pour saccager ni détruire, nous sommes là pour dénoncer et agir, soutenus par de nombreux citoyens, associations et institutions ( Mille Cœurs d'Enfants, Les Enfants de Coluche, Féminité Sans Abri, Hazi, Juste pour des sourires, Réseau Education Sans Frontière, Les Resto du Coeur, Dynam'Eau, Médecin du Monde, St Vincent de Paul, Quartier de Lecture …..). 
Depuis notre réquisition, nous sommes quotidiennement sollicités afin d'accueillir des familles en grande difficulté et c'est ce que nous nous efforçons de faire.

Après bientôt un an d'occupation et malgré la répression des pouvoirs publics, c'est plus d'une quinzaine de familles accueillies, plus d'une vingtaine d'enfants mis à l'abri. Nous, citoyens lambdas, associations à la rue ou en lutte, avons décidé d'agir et d'unir nos compétences et notre savoir pour palier aux carences de l'Etat et montrer que la solution est la SOLIDARITE.... »

 

Et ils n'ont pas ménagé leur peine. La maison a été remise à neuf, repeinte, transformée en lieu d'accueil propre et convivial. La preuve s'il en fallait une ? Les service sociaux se sont plusieurs fois déplacés pour constater que le lieu était apte à recevoir des mineurs et sont repartis satisfaits. Création d‘un jardin potager, d'un lieu de jeux pour les enfants, manifestations solidaires, journées de partage pour les familles de la région qui sont toujours venues nombreuses. L'association « les enfants de Coluche » récupéraient les denrées alimentaires auprès des grandes surfaces ou des maraichers locaux et les redistribuaient aux familles nécessiteuses de la région.

Vous souvenez-vous de l'abbé Pierre en 1957 ? La différence est que lui possédait une maison.

Suite à une demande d'expulsion du tribunal de Bordeaux pour le compte du conseil Régional, la préfecture avait donné des délais au Sherby et autorisé son maintien tant que des familles sans abri n'auraient pas de solution décente de logement. Or, les hébergements d'urgence sont saturés, le 115 aussi. Vous le savez comme tout un chacun : pas de maison, pas de travail, pas de travail pas de maison ; pas de papier pas de maison ni de travail et le cercle infernal continue.

 Le mardi 20 septembre 2016, cinq familles étaient encore hébergées avec des enfants. La préfecture n'a pas jugé utile de prévenir le collectif et a envoyé la gendarmerie mettre à la rue tous les habitants à commencer par les enfants qui étaient encore au lit à 6 heures du matin.

Ce soudain revirement serait-il dû à la pétition en faveur de Christina et Ajla qui a récolté plus de 1200 signatures en un jour ? Ont-ils eu peur que les citoyens prennent conscience de la misère dans laquelle se trouvent des milliers d'enfants sur notre territoire, autant français que migrants ? Que la trêve hivernale n'intervienne avant ?

Le bâtiment a été systématiquement saccagé pour que personne ne puisse plus venir y vivre. Les jeux des enfants, le jardin, tout a été mis à sac avec méthode. Il ne reste qu'un champ de ruines de ce qui a été pendant un an un refuge pour les familles dans la détresse.

Hélas, nos gouvernants laissent la gendarmerie française, sensée défendre les citoyens, mettre à la rue des enfants. Une gendarmerie ne prend pas seule cette initiative bien entendu, et certains gendarmes ont dû rentrer chez eux le cœur à l'envers comme celui à qui  Ajla (3 ans) a dit « Tu veux casser ma maison ? Je viendrai chez toi faire caca partout !». On a beau être gendarme, on n'en est pas moins homme et papa.

Des mots d'enfant en colère. Ça pourrait prêter à rire… jaune.

La même petite fille et sa maman ont été relogées pour deux jours dans un centre pour toxicomanes à majorité masculine. Il a été dit par la Préfecture que toutes les familles seraient logées dans des hôtels… C'est l'avocat du collectif qui a dû s'occuper de les faire retirer de ce lieu « d'accueil » dont le moins qu'on puisse dire en dire c'est qu'il est « inadapté »…

Deux jours et puis la rue. Quarante-huit heures pour se faire à l'idée qu'il faut retourner vivre dans des cartons, sur le trottoir, des renforcements de portes, des coins de couloirs abandonnés. Et l'hiver qui arrive.

Maintenant, prenons le problème par l'autre côté de la lorgnette et faisons-nous l'avocat du diable.

Y aurait-il un problème de sécurité dans la maison ? Electricité pas aux normes ? Insalubrité ? Risques de contagions de maladies sournoises, de pandémies ? Risques d'incendie ? De toit qui peut s'écrouler ? Cela ne semble pas faire partie des raisons invoquées par le préfet car pourrait alors se poser la question de savoir pourquoi il a autorisé la région a laissé cette maison dangereuse à l'abandon et ouverte pendant deux ans, aux risques que les enfants de la ville aillent y jouer dedans ? Ce qui n'est pas bon pour les uns l'est pour les autres ? Mais on peut essayer de croire en sa bonne foi. Enfin, on pourrait. A condition que ceux qui ont choisi d'expulser ces familles donnent un gage de cette bonne foi, non en les relogeant deux jours pour les remettre à la rue ensuite, mais en mettant aux normes cette maison ou une autre. Là, on pourrait croire et espérer.

Non ? Ce n'est pas possible ? Mais alors où va-t-on mettre les milliers de personnes de la jungle de Calais si on ne veut même pas faire un petit effort pour les pauvres locaux ?

 

Revenons à Christina et Ajla. Dans vingt jours, elles seront expulsées. Cependant, Christina ne veut pas se cacher, elle veut ses papiers, légalement, et vivre en France.

 

Continuons à nous mobiliser pour elles

https://www.change.org/p/m-le-pr%C3%A9fet-de-la-gironde-des-papiers-pour-cristina-et-sa-fille

 

En attendant, les habitants du Sherby vivent dehors dans des tentes. Plusieurs associations caritatives y avaient leur siège social et tout leur matériel qui a été transféré dans un entrepôt. Il doit être enlevé d'ici deux mois sinon tout partira à la déchetterie. La course contre la montre a commencé.

Vous avez dit gaspillage ? Ah non ? Vous avez dit écologie ? Vous avez dit quoi ? Arrêtez de chuchoter, parlez plus fort. « Liberté, égalité, fraternité »… Attendez, ôtez-moi d'un doute, ce ne sont pas les trois piliers de la République française ?

 

BBD

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