Un tour en Italie-fin-

aile68

Don Stefano et Diego se regardaient maintenant dans les yeux. Lequel allait parler le premier? Le patriarche réfléchissait encore à la situation. Tout le monde le fixait avec plus ou moins de gêne. Il eut soudain le besoin impérieux de se dégourdir les jambes. Il se leva donc et fit quelques pas dans la cuisine où l'assistance était réunie. Il se mit à regarder Diego, puis ses fils, puis Corrado qu'il semblait avoir oublié. Il prit alors la parole:

"Jeune homme, ton père, toi et tes frères cultivez mes terres soigneusement et avec courage. Tu seras récompensé pour m'avoir aidé à ramener  ma fille. Ton père qui est plus vieux que moi sera respecté dans tout le village et recevra de l'argent qu'il te remettra quand bon te semble à condition que ce soit pour une bonne raison. Comme ton père est un homme judicieux, je lui fais confiance. Va Corrado! Tu peux rejoindre les tiens à présent."

Le jeune homme remercia bien le patriarche et prit congé. Ce dernier poussa un soupir et considéra le ravisseur de sa fille. Devait-il la faire venir? Non, il la verrait seul. Et sur le champ. Il s'adressa aussitôt à son fils aîné:

"Nino je te confie ce jeune. Donne-lui une chaise."

Le fils obéit et don Stefano sortit.

Il rejoignit les femmes dans le salon. Dès que Valeria le vit elle se jeta dans les bras de son père qui par pudeur la repoussa un peu.

"Oh père! Pardonne à Diego! Il a agit par amour.

- Je sais. Il me l'a dit. Et toi? Est-ce que tu l'aimes?

- Oui je l'aime dit la jeune fille en baissant les yeux.

- Et tu veux l'épouser?

- Avec ta bénédiction. Mais...

- Mais? Allons parle!

- C'est trop tôt!

- Ma fille, c'est trop tard!

- Comment trop tard?

- A l'heure qu'il est tout le monde doit être à la recherche de Diego. Il voulait te conduire chez son cousin à San Domenico.

- Je ne le savais pas!

- Et je te crois. Tu n'étais pas au courant de cette expédition, il me l'a dit. Il m'a aussi dit que tu es toujours enfin... que vous...

- Oui Papa c'est vrai!

- Pour cela je te pardonne.

- Jésus, Marie, Joseph! s'écrièrent la mère et la servante qui se signa trois fois.

- Mais il a besoin d'une sanction. On enlève pas mon unique fille comme cela.

- Oh Papa ne soit pas trop dur!

- Aucun de mes petits-enfants ne porteront le prénom de ton mari et de ses parents.

- Mais Papa nos enfants n'y seront pour rien!

- Alors que faire?

- Stefano, ne te fais pas plus dur que tu n'aies s'interposa l'épouse du patriarche. Cette histoire ne te rappelle-t-elle pas un fait advenu il y a quarante ans en arrière?

L'homme se troubla à ces mots, oui, il se souvenait parfaitement. Lui et sa future épouse Emilia avaient vingt-deux et dix-huit ans, ils voulaient vivre à la grande ville, mais le père de don Stefano ne voulait pas. Le père d'Emilia qui était malade proposa au jeune Stefano de rester dans le village et de lui céder sa place de propriétaire car ses fils étaient pour l'un avocat à la ville et pour l'autre notaire. Le destin avait favorisé le jeune qui du coup accepta la proposition. Il avait été aidé, il pouvait très bien aider ce Diego et sa fille. Tous deux se marièrent donc et eurent de beaux enfants qui portèrent les prénoms de leurs grands-parents.

 

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