Une bulle d'air

Parfois j'aimerais avoir la chance de l'insouciance. La naïveté, jolie, celle d'avoir peu vécu. Jeune mais ayant traversé d'énormes tempêtes, je me réjouis d'avoir encore une barque dans un état correct. 

Ce ne fut pas simple. Tant la vie semblait se jouer de moi, ou plutôt tant elle semblait jouer avec moi. Comme un vulgaire pion sur un échiquier qu'elle tentait à tout prix de sacrifier pour le bien du roi. Seulement le pion ne se laissait pas faire. Des larmes de sang ont coulé, nombre de choses me sont arrivées, nombre de gens sont entrés dans cette vie qui est mienne. Et grâce à eux je suis devenu le fou. Imprévisible et parfois même naïf, j'aime surprendre. Je suis de ceux qui voient la seule bulle d'air présente dans un océan de gaz asphyxiants. Asphyxié par moments, mais jamais à l'agonie, je me rappelle toujours que l'espoir est un moteur. 

Mon espoir est de ceux qui ne s'éteindront pas, véhiculé par mes proches, mes amis. Ils sont ceux pour qui je dois garder le sourire. J'avance grâce à eux et pour eux. Ils sont des merveilles qui arrivent à bâtir de jolies choses sur un sol instable. Ils sont ces sourires et ces fous rires, ces moments de joie, ces balades vers nulle part, ces entrevues volées, cette complicité... 

Je ne les remercierai jamais assez de maintenir la raison dans cet esprit de fou qu'est le mien... Je ne les remercierai jamais assez de leur simple présence, faisant de ce voyage en barque, une douce balade sur l'eau, bercée de moments savoureux, de rires et de joie, ces moments essentiels dans cette embarcation abîmée, en réparation perpétuelle, ce canot percé... 

Ma lumière continuera à briller, et veillera sur eux, autant qu'elle se bat pour elle-même.