Une déjection canine

Marie-Lise promenait son chien tous les matins au bord des quais de l'Erdre. Chaque fois, elle pensait à son petit pochon afin d'y ramasser les déjections de toutou. Jusqu'à ce jour fatal, où elle les avait tout simplement oubliés. Toutou était donc fier de laisser là sa trace. Mais pas le policier qui passait là à ce moment. Il vit le fait et se dirigea droit vers la maîtresse. Ce qu'il lui dit ensuite était une ironie de la vie, elle devait payer une amende sur le champ devant l'insalubrité publique à laquelle elle avait pris part. N'ayant d'argent sur elle, et devant l'autorité du policier, elle lui promit qu'elle repasserait au poste de police sitôt après avoir pris son porte monnaie.

C'était dans la grande douleur d'avoir été pour la première fois prise en faute, qu'elle se dirigea vers le commissariat. Elle y demande l'interlocuteur du matin même. On lui demanda de patienter. Ce qu'elle fit avec le plus de remords possibles. Elle, une traître à la justice ?

Notre policier, au bout d'une demi heure, arriva enfin la chercher. Il la conduisit dans un bureau qui l'a surpris. Devant sa rigidité du matin, elle pensait à un bureau froid sans aucune harmonie de couleurs ou photos.

Or, il n'y avait que de la vie dans ce bureau. Notamment...la photo d'un petit chien. Ébahie qu'elle était, elle ne disait point mot. Dans un grand sourire, le policier lui demanda de faire ses aveux. Elle était interloquée, de toute façon il avait tout vu.

C'est alors que de son silence, il poussa lui même les aveux :

- Ce que vous vous êtes permise ce matin est une faute. Qui vaut l'amende. Cependant, je voulais simplement vous revoir. Ce n'est pas tant votre chien que vous que j'ai regardé. J'ai été marié à Anaïs et nous avions un jack russel. Les deux ont été tués dans un accident de la route, ce qui a fait virer ma carrière de photographe en celle de policier pour arrêter les méchants. Mais quand je vous ai vu, vous et votre dalmatien, c'est un coup de foudre que j'ai eu. L'espoir soudain, et incrédule, d'un avenir avec vous deux. Il me fallait donc idéalement vos coordonnées. J'aimerai maintenant vous présenter Lucky, mon propre doberman allemand. Et si pour se faire, nous oublions votre petite faute et nous rencontrions ce soir au bord d'un plateau de fruits de mer ?

Marie-Lise portait alors tout simplement, le plus beau sourire du monde.