Une "drôle d'affaire" (2)

Louve

Deux hommes ont fait irruption dans le bureau où travaille Clémentine, et c'est lorsqu'ils se dirigent vers elle, qu'elle réalise, ave stupéfaction, qu'elle seule est concernée ...


- Bonjour ! Police ! Nous avons quelques questions à vous poser, veuillez nous suivre Mademoiselle !

- Mais ... à quel sujet ??

-Nous vous expliquerons tout cela au commissariat !

Sans voix, interloquée, Clémentine attrapa sa veste, son sac à mains et suivit, sans rechigner, les deux policiers. Ses collègues, aussi abasourdies qu'elle, la laissèrent partir sans intervenir, sans un mot.

Au commissariat, on lui dit juste que c'était une affaire qui concernait la ville où elle demeurait. Mais, qu'elle se rassure surtout, on désirait juste son témoignage. Impossible d'en savoir plus, elle demanda tout de même, à prévenir son ami, ce qui lui fut accordé.

-Je ne sais pas ce qui se passe. Quelque chose de grave certainement pour que l'on vienne me chercher à Paris, mais rassure-toi Rudy, je suis juste un témoin, paraît-il !

-Un témoin, mais pour quelle affaire ?

-Je n'en ai vraiment aucune idée ! ...

Malgré tout, son cœur battait à tout rompre depuis qu'elle était montée dans la voiture de police. Ses mains étaient moites et elle avait une furieuse envie de se ronger les ongles. Cela lui arrivait parfois, lorsqu'elle était inquiète, nerveuse. Le périphérique défilant avec son flot inimaginable de véhicules de toutes sortes, lui avait donné le tournis, un mal au cœur indéfinissable. A cet instant, elle aurait préféré être dans ce métro qu'elle exécrait. Mais, pourquoi cette peur insidieuse, ce pressentiment ...

Et puis, à nouveau, la voiture de police et le commissariat de sa ville. Là, elle eût enfin l'explication qu'elle attendait avec fébrilité.


-Mademoiselle, nous savons que vous êtes passé à l'école de musique dimanche dernier ...

L'homme qui l'interrogeait était d'un abord plutôt sympathique, et Clémentine se retint de riposter trop sèchement.

-Oui, en effet, mais j'y passe pratiquement tous les dimanches, en quoi est-ce extraordinaire ?

-Rien, sinon que, non loin, nous avons découvert un homme ... mort, répondit le commissaire.

-Un homme ...

-Oui, juste avant que vous ne traversiez la rue, celle où se trouve l'école de musique. Une de vos connaissances vous a vu déboucher de l'endroit où il gisait.

Juste avant ... Clémentine se remémora l'endroit : le bosquet sur sa gauche. Elle avait laissé tomber un mouchoir avant de préparer le petit mot en question.

-Cette personne vous a vu vous baisser également à cet endroit... mais, rassurez-vous, nous cherchons juste des témoignages, nous allons, cependant, prendre vos empreintes digitales et vous pourrez vous en aller, en restant, bien naturellement, à notre disposition.


Clémentine se retrouva dans la rue, un peu étourdie, certes, mais soulagée. Ouf ! Une enquête de routine, elle se demandait encore, pourquoi elle s'était inquiétée, angoissée même, vraiment inutilement.

Les jours passèrent, elle conta à son ami, ses collègues, ce petit épisode amusant en fin de compte. C'était comme dans les films, feuilletons télé, ni plus, ni moins ... sauf que ...

Un matin, à six heures tapantes, on tambourina à la porte. Elle venait juste de finir de déjeuner avec Rudy. Encore en robe de chambre, elle alla ouvrir et se trouva, nez à nez, avec les forces de l'ordre.

-Mademoiselle Clémentine Sinclair ?

-Oui ...

-Vous êtes en état d'arrestation, veuillez -nous suivre s'il vous plaît !

S'il vous plaît ! S'il s'était s'agi d'un canular, Clémentine aurait souri, même ri aux éclats, mais, apparemment, ça n'en était pas un.

Rudy intervint alors :

-Mais ... vous ne pouvez pas ! Sous quel motif ?

-Le mort de la rue piétonne, c'est tout ce que je peux vous dire, répondit l'un des fonctionnaires.

-Allez-vous habiller, Mademoiselle !

C'est l'esprit cotonneux que Clémentine se laissa à nouveau conduire au commissariat. On ne lui avait pas mis les menottes, c'était déjà ça, mais elle sentait que l'heure était grave. Elle le devinait aussi sur le visage impassible des policiers qui l'escortaient.

Puis, tout alla très vite. On lui dit que l'on avait retrouvé ses empreintes un peu partout sur le sol, dans le sang de la victime. Plus exactement : sur le trottoir, à quelques centimètres du lieu du crime. Sur le tableau d'affichage de l'école de musique... que ses empreintes !

-Mais, ce n'était que de l'eau ...

-Du sang et de l'eau lui répondit un des inspecteurs. Et puis vous sortiez de ce fameux bosquet ...

-Mais non, j'étais sur le trottoir ! Je me souviens, j'avais laissé tomber mon mouchoir ! Mais, enfin, c'est vraiment ridicule ...

-Pour nous, rien n'est ridicule, rien n'est à laisser de côté !

-Mon ami ... il faut ...

-Nous allons l'avertir ...furent les derniers mots du policier.


Après être restée plusieurs heures "sur la sellette", Clémentine, complètement abasourdie se laisser emmener sans résistance aucune. A quoi cela aurait - il servi d'ailleurs ! Dans ce cauchemar tout éveillé, à bouts d'arguments, elle avait juste entendu le commissaire lui spécifier qu'elle allait être transférée à la prison de Versailles, au quartier des femmes.





  • Ça fait peur... vite, la suite !!

    · Il y a environ 8 ans ·
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    Nathalie Bleger

  • un vrai polar !

    · Il y a environ 8 ans ·
    Moi da orig

    Dominique Arnaud

    • Défense de se moquer !

      · Il y a environ 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • Censure ?

      · Il y a environ 8 ans ·
      Moi da orig

      Dominique Arnaud

    • Oui, interdit ! Mon texte ne te plaît pas Domi, mais je ne suis ni flic, ni journaliste, ni écrivain ...Ah, si "écrivaillon" .

      · Il y a environ 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • Je n'ai jamais dit que ton texte ne me plaisait pas, au contraire, c'est une bonne nouvelle, mais en début de lecture, j'ai été accroché par son côté polar ce qui n'est pas péjoratif !

      · Il y a environ 8 ans ·
      Moi da orig

      Dominique Arnaud

    • et le mot écrivaillon, péjoratif, ne te convient pas

      · Il y a environ 8 ans ·
      Moi da orig

      Dominique Arnaud

    • Autant pour moi Domi ! Je suis un peu susceptible !

      · Il y a environ 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • Je pensais que tu te moquais !

      · Il y a environ 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • Ah ! c'est gentil, j'ai tendance à me dévaloriser ! Forcément à côté d'autres ...Merci Domi !

      · Il y a environ 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • IL ne faut pas se laisser dévaloriser, dans l'ensemble ta nouvelle est bonne, suspense maintenu à la fin du premier et du second épisode. Pour ce qui est du troisième, c'est intéressant, mais je pense que ça tombe un peu à plat, vision personnelle qui ne remet pas en cause son auteur

      · Il y a environ 8 ans ·
      Moi da orig

      Dominique Arnaud

    • Oui, en effet il aurait fallu approfondir davantage. La levée d'écrou par exemple. Merci à toi, en tous les cas.

      · Il y a environ 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

  • Comme quoi , votre vie peut basculer pour un tout petit rien ... ça craint !!!

    · Il y a environ 8 ans ·
    W

    marielesmots

    • Oui, comme tu dis, ça craint ! Terrible l'univers des prisons !

      · Il y a environ 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

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