Une étoile dans la nuit
Sylvie Palados
L'automne débutait avec sa cohorte d'éléments colorés. Les arbres commençaient à se teindre de roux doux, d'or, de jaune, certains de rouge. Le vert n'avait plus sa place dans ce renouveau. La forêt changeait d'abord imperceptiblement, puis les jours et les semaines apportaient leur lot de beauté, de passage vers le grand silence. C'est ainsi qu'il la découvrit !
Lewis était un garçon de la ville. Il y avait toujours vécu. Il en connaissait les secrets, les légendes urbaines... Il connaissait tout de son quartier. Du moins il connaissait ce que ses parents lui racontaient. Il voyait de nombreux couchers de soleil de sa fenêtre. Il y voyait aussi la lune et son manteau d'étoiles. Combien de fois avait-il rêvé qu'un jour il irait lui rendre visite ? Cela faisait sourire sa mère et elle lui caressait alors les cheveux.
Il restait là à sa fenêtre regardant les jours s'égrener, les mois, les ans...
Et puis un jour, c'est son oncle qui vint le voir à sa fenêtre. Il avait bien vu toutes ses voitures de police en bas dans la rue, quel remue-ménage alors c'était, mais il ne pensait pas qu'ils venaient pour lui. Lui le petit garçon de la fenêtre !
Son oncle Charles était un brave homme comme disait son père. Il habitait de l'autre côté du pays en pleine campagne. Il avait une ferme où il exploitait le maïs. Il s'en sortait pas trop mal, de quoi vivre et payer l'éducation de Lewis. Quand Lewis était né, ses parents avaient faits une grave dépression tous deux. C'est l'oncle qui vint s'occuper de tout, trouver cet appartement pour qu'il puisse s'y mouvoir, trouver du travail à ses parents pour qu'ils s'aèrent la tête, trouver les fonds pour que Lewis puisse « aller » à son école sur son ordinateur et apprendre comme n'importe quel petit garçon.
Lewis du haut de ses treize ans n'était pas d'accord avec ses parents, non, oncle Charles n'était pas un brave homme, c'était un saint homme ! Il ne s'était jamais marié, ils étaient sa famille ! C'est donc tout naturellement qu'il vint le chercher ce triste jour d'octobre en lui annonçant que ses parents ne rentreraient plus jamais mais surtout qu'il l'emmenait, lui, Lewis, l'enfant de la ville, à la campagne !!
le voyage dura toute la journée, une journée triste d'automne, avec un soleil bas que recouvre des nuages gris. Il était bien installé dans son fauteuil, son oncle avait pris la camionnette et il observait en hauteur les voitures, les gens, les paysages changeants qu'ils traversaient. Il était triste bien sûr, car il se savait désormais presque seul au monde. Mais il savait aussi que sa bonne étoile veillait sur son oncle car sinon, personne ne s'occuperait plus de lui !!
La ferme apparut au bout du chemin de terre. Elle était en contrebas après un lacet qui la reliait à la route. C'était une coquette maison qui avait été construite par la famille de Charles il y a bien longtemps. C'était la première fois que Lewis y venait. Il découvrit sa chambre en bas, avec une salle de bain aménagée. Il pouvait s'y déplacer sans problème, on aurait dit qu'elle avait été faite pour lui ! Il était heureux, heureux d'avoir enfin une vraie salle de bain rien que pour lui... Oui ce serait génial de vivre avec l'oncle Charles ! Des photos au mur attirèrent son regard. Il reconnu son oncle plus jeune avec ses parents, semblait-il et un autre garçon, comme lui, attaché dans un fauteuil roulant... il comprenait mieux maintenant pourquoi son oncle s'était toujours occupé de lui et puis il en avait appris des choses sur internet... il savait qu'il avait une maladie génétique, de celles qui produisent des handicaps lourds, de celles qu'on ne veut surtout pas léguer à ses enfants !... mais de celles qui resserrent les liens d'amour quand on en a la force.
Lewis retrouva son oncle dans la grande salle à manger. Il lui expliqua son nouveau mode de vie, sa nouvelle organisation entre les cours, l'aide à la maison et quelques coups de main à la ferme. Son oncle était sûr qu'il pouvait l'aider, comme l'aidait avant son frère, paix à son âme !
La télé apporta son lot de mauvaises nouvelles. Lewis sourit, qu'était ce monde avec ses problèmes d'adultes quand lui, petit garçon se débattait avec des problèmes de grands ? Le repas le tira de ses pensées. Charles était heureux d'avoir récupéré son neveu même si les conditions étaient dramatiques. Il se sentait égoïste mais il était content d'avoir quelqu'un avec qui parler de son travail, de ses semences, des saisons. Et puis un enfant c'était une vie !
La nuit était déjà tombée quand ils sortirent sur le pas de la porte. Charles montra à Lewis un ciel magnifiquement étoilé. Il lui dit qu'ici c'était comme ça tous les soirs, en toute saison. Le garçon était en admiration. Jamais il n'avait rien vu d'aussi beau. Là dans cette immensité surgit d'un coup une magnifique étoile filante dont la chevelue enflamma le ciel un bref instant.
« oh ! Tu as vu tonton, elle était superbe ! »
« oui petit je n'en avais jamais vu d' aussi belle »
« c'est parce qu'elle est pour moi ; je serai bien ici avec toi ! »
son oncle le regarda longuement :
« à quoi penses-tu petit ? »
« je remercie mes parents... »
Beau conte, plein d'espérance, j'aime le rêve... Merci!
· Il y a environ 11 ans ·astrov
Très beau et émouvant Sylvie. Une belle écriture que l'on aimerait poursuivre...
· Il y a environ 12 ans ·nilo