Une fois

Il y a un peuple que j'adore, ce sont les Belges et je vous assure que c'est tout à fait vrai. Toutefois, je fais une nuance. J'ai beaucoup de mal avec les Flamands même si je peux comprendre leurs antinomismes avec les Wallons. C'est un juste retour des choses. Pendant plus d'un siècle, ils ont été les parents pauvres du royaume d'Outre-Quiévrain. L'immense majorité des richesses se trouvaient alors concentrées chez les francophones, notamment dans les mines et la sidérurgie. Ce n'est donc qu'un juste retour des choses que cette condescendance ressentie désormais chez eux. C'est quelquefois ennuyeux. En Flandre, sachez-le si vous êtes perdus. Lille s'écrit Ryssel. Et ne comptez pas que l'on vous réponde dans la langue de Molière.

Je ne parle pas des colonies et de l'immense fortune amassée par Léopold II. Je vous laisse libre de vous renseigner sur les 2,5 millions de kilomètres carrés dont il était propriétaire au Congo et les exactions commises. Pour vous en faire une idée, voici ce qu'écrivait Conan Doyle en 1909 : « Beaucoup d'entre nous en Angleterre considèrent le crime qui a été commis sur les terres congolaises par le roi Léopold de Belgique et ses partisans comme le plus grand crime jamais répertorié dans les annales de l'humanité. Je suis personnellement tout à fait de cette opinion ».

J'ai beau être originaire du Nord, à chaque fois que je passe ce qui n'est d'ailleurs plus vraiment une frontière physique,  je suis bluffé. Les différences sont flagrantes dès les premiers hectomètres. Les autoroutes n'ont rien à voir.  Le revêtement est en ciment, elles sont gratuites et elles sont réputées pour être les mieux éclairées du monde. Les panneaux de signalisation sont d'autres indicateurs qui vous confirmeront que vous n'êtes plus dans l'Hexagone. C'est fascinant de penser que malgré toutes nos similitudes, je parle ici des Français septentrionaux à la Loire, les différences soient tant marquées. Prenez les maisons. Il est vrai que les taxes foncières et d'habitation y sont inconnues. Ainsi, même si depuis quelques années l'exil fiscal a fait grimper les prix de l'immobilier, ils restent très attractifs ce qui permet d'avoir des logements plus spacieux.

Si la densité de sa population, 350 habitants au km² peut paraître hallucinante (rappelons qu'elle est de  112 chez nous), ce qui en fait le seizième pays à ce niveau, détrompez-vous, on y respire fort bien. Toutefois, je ne vous invite pas à circuler sur le ring de Bruxelles, l'équivalent de notre périphérique parisien. Vous y perdriez facilement la frite. Il serait toutefois impensable que vous ne visitiez pas toutes ces villes chargées d'histoire. Vous serez époustouflés par la concentration des chefs-d'œuvre architecturaux qu'il est trop long d'énumérer dans le cadre de ma chronique. Je ne vous cite que Liège, Namur, Gand, Bruges, Anvers et Leuven.

Comme je vous l'ai expliqué précédemment, je n'ai pas d'affinités avec les autochtones néerlandophones.  Ce n'est pas dramatique si vous décidez quelques escapades champêtres. Concentrez-vous sur les Ardennes. Si vous pensiez que la Belgique n'est que plaines ou polders, vous n'en reviendrez pas ! Pour vous dépayser et faire fi de certains aprioris, sachez par exemple qu'il existe des stations de ski alpin dans les Ardennes ! Évidemment, ce n'est pas la Plagne mais, au moins, vous ne risquerez pas d'être indisposés par le mal de l'altitude. La station la plus haute au Val de Wanne culmine à 500 mètres. Avec une piste de 1200 mètres de longueur.

Lorsque l'on parle de gentillesse et d'hospitalité, on a souvent tendance à se projeter sous les tropiques. En admettant qu'il vous serait possible de vous vêtir d'un paréo aux alentours du 15 août, vous y trouverez le même accueil que sous les tropiques. L'avantage est, qu'hormis une indigestion et une bonne cuite, vous éviterez tout risque de tourista. De plus, l'accent belge est tout à fait compréhensible bien que moins exotique. Vous découvrirez qu'on ne nous tiendra pas rigueur de nos blagues et que nos amis sont bien moins cons qu'ils en ont l'air.