Une pierre tombe si on s'accroche à elle.

14 Mars 2013.

Je pensais bien en arriver là... Mon psychologue m'a toujours dit d'acheter un journal intime, car... Je suis borderline.

Il dit que comme ça, en le remplissant petit à petit, je pourrais retenir des leçons pour ne plus avoir à refaire de conneries...

J'ai peur de trouver ces leçons... Mais je n'ai pas le choix. La vie, c'est se battre.

Être dépressif, c'est sembler mourir tous les jours.

J'ai peur, j'ai peur de sombrer chaque jour.

L'angoisse me serre la gorge à chaque mot, mon cœur semble indisponible et les larmes ne sortent plus. Elles ont séchées à l'intérieur de mon corps.

Je suis coincé dans cette putain de vie. Juste coincé dans cette putain de vie. Pourquoi je peux JUSTE pas mourir?

De toute façon, y'aura toujours un con pour pleurer ma mort, alors que quelqu'un qui meurt s'en fout de lui et est juste heureux, loin de ce monde pourri?

30 Mars 2013

J'ai recommencé ce que beaucoup de personne ont déjà fait ou recommencé : la mutilation.

Les traits font sortir mon sang, qui m'offre des souvenirs.

Ma chair pure qui me reste est celle exposée au regard des autres. Au moins, ma fierté est restée... Mais quand on veut mourir... La fierté on s'en fout. Car on meurt tout seul, sinon c'est de l'égoïsme.

Sinon, l'alcool m'empêche de penser et me fait rire. Finalement, comme tout homme, dans mon salon j'aime boire et regarder un match de foot en gueulant.

Je suis pathétique.

La nature humaine est pathétique.

14 Avril 2013.

J'ai trouvé un site internet avec des gens bien, des comme moi.

Mon psy dit de faire attention à ce qu'ils ne m'enfonce pas...

Mais j'ai rencontré cette fille qui va chez le même docteur que moi. Du coup, on a prit rendez-vous en même temps et on doit se voir.

Elle est jolie, elle s'appelle Clarisse. Elle a des yeux noirs à cause de la drogue et des cheveux blonds tout le temps en pétards, selon elle...

Je la trouve mignonne.

Après, il y a aussi Jérem, un garçon de notre âge, dix-huit ans, qui m'aide à me couper de moins en moins. C'est un mec bien, il s'occupe pas de ma vie. Enfin... J'en ai pas vraiment. Ma vie sociale est inexistante. Mais en leur parlant je me sens bien.

30 Avril 2013.

On s'est vus avec Clarisse. Elle avait ce jour là une robe en soie noire et des bottines cloutées.

Elle est sympa, je crois que... Je l'aime bien.

Mais... Je ressens mille fois plus à cause de mon trouble psychologique.

Et puis merde, qu'il aille se faire foutre, je l'aime.

Toutes nos soirées à parler m'ont libéré. J'ai enfin pu pleurer.

J'ai besoin d'elle... Mais j'ai peur de l'enfoncer.

J'ai peur et je la fuis, quelques fois.

1er Mai 2013.

Elle m'a avoué qu'elle m'aime. Mais son ex la frappe et a le double de ses clefs. Comme elle a un problème mental comme moi, elle a pas de boulot et donc pas assez d'argent pour déménager.

Je vais lui casser la gueule à celui-là. Il n'a pas le droit de la toucher.

15 Mai 2013.

Il l'a touché le salaud. Chez le psychologue, dans la salle d'attente, je l'ai vu couverte de bleus et avec la lèvre du bas fendue. Son perçing à l'arcade droite a été arraché.

Je rage. Elle m'aime et je l'aime, mais je peux pas accepter ça.

24 Mai 2013.

Putain... Je... Putain!! Elle s'est suicidée... Elle avait pas le droit, elle avait pas le droit!!

Elle ne m'a jamais avoué le nom de son ancien mec et... On vivaient dans les engueules.

Désormais, je suis seul à gueuler comme un con.

29 Mai 2013.

Putain, elle me manque... Putain... Jérem m'a avoué que, en plus...

C'est lui qui l'a vu sauter sur le moment, de la falaise d'à côté.

Il a juste vu le corps... Se perdre... Dans le noir.

Le lendemain, on la retrouvait le corps déchiqueté, déchiré et blessé à mort.

J'en peux plus.

1er Juin 2013.

Cher journal, je suis désolé, tu n'as pas pu me sauvé... Tu ne m'as enseigné que la douleur des bons moments, des souvenirs, finalement tu étais aussi dangereux que les lames.

J'ai jeté la photo imprimée de Clarisse, dans le vide où elle est morte.

Je veux rester pour toujours avec elle, je suis désolé.

Désolé pour tous ceux qui vivent.

La photo partira pas seule.

Pardon

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Ce soir là, dans la chaleur étouffante de ses larmes et de la cocaïne, Jason s'est jeté de la falaise comme elle. Sa poitrine fut retrouvée transpercé d'un pic.

Dans la vie comme dans la mort, son cœur fut vide.

Son existence, vide de sens.

Il s'était accroché à un rocher, sa Clarisse, mais il avait glissé, glacial.

La mort n'est qu'une chute vide de sens, quand on est tout seul. Jason aurait pu survivre, si l'élue de son cœur s'était battue.

Mais il ne faut pas pleurer les morts, car ils s'en foutent.

Maintenant, ils sont heureux... Ou pas.

Qui sait, les fantômes existent peut-être.

En tout cas, ils hurlent dans vos cauchemars, dans vos souvenirs.

Ils restent dans les mémoires à travers chaque chose qui vit.

Car chaque chose qui vit fait des erreurs.