Une tombe dans la garrigue (modifié pour concours)
Francesca Calvias
Episode 1
Assis dans son confortable fauteuil de bureau en cuir capitonné, dégustant un Cappucino tout en savourant une bouchée au chocolat praliné, Martin classait ses dossiers en cours. Demain matin à l'aube, sa famille et lui prendraient la route en direction de Carpentras, où aurait lieu, la semaine suivante un congrès extraordinaire réunissant tous les hauts-gradés des polices et gendarmeries européennes. Ce congrès faisait suite aux récents attentats survenus ces derniers mois dans toutes les capitales européennes. En effet, le terroriste international Atila, s’était mystérieusement évadé du quartier de haute sécurité de la prison donc aucun détenu n'était encore jamais parvenu à s’échapper, faisait un véritable carnage en plaçant des bombes dans toute l'Europe. Les menaces d'attentats fusaient. Vraies ou fausses, il convenait de les prendre au sérieux étant donné le nombre de morts et de blessés enregistrés ces dernières semaines. L’armée, la gendarmerie, la police étaient sur les dents. On rencontrait actuellement plus de militaires que de civils dans les lieux publics les plus fréquentés. Il soufflait sur tout le continent un terrible vent de panique.
Pendant que Martin rangeait ses dossiers, Claudia, sa femme mettait la dernière main aux valises. Solenn sa fille aînée rangeait ses affaires afin d’être sûre de ne pas oublier son maillot, son paréo, son appareil photo, sa crème solaire… La jeune fille avait en effet décidé de profiter au maximum de cette semaine de congés inopinée dans le Sud de la France, pour se faire dorer au soleil, car elle se trouvait bien blanche. Élève studieuse, elle rangeait également ses cours dans sa valise, car elle voulait profiter de ses vacances pour effectuer ses révisions en vue des examens de juin.
Ophélie, elle, rangeait religieusement ses Barbies et leurs accessoires dans la mallette prévue à cet effet. Pas question de partir en vacances sans ses précieuses poupées…
Martin avait décidé d’emmener sa famille avec lui. Le prétexte était de profiter en famille d’une semaine dans le midi, mais en réalité Martin avait reçu des menaces et craignait pour la vie de sa famille. Martin Schuller avait 37 ans et était commissaire au commissariat central du 21ème Arrondissement où il dirigeait la brigade des mœurs depuis plus de 10 ans. Il était marié depuis 14 ans à Claudia dont il avait deux filles : Solenn, 12 ans et Ophélie, son bébé, sa préférée, qui en avait 8. Martin était fier de sa famille et de sa réussite. Lui qui était issu de la tristement célèbre Cité des Oiseaux, était parvenu à force d’étude, de travail et d’acharnement à devenir le chef de la brigade des mœurs.
Martin avait vécu la majeure partie de son enfance chez sa mère. Ses parents avaient divorcés très tôt, sa mère ayant fui avec lui,la violence de son père lorsqu’il était enfant. Comme c’était un homme assez aisé, il avait finalement réussi à obtenir la garde de son fils. Mais Martin, aussi jeune qu’il était, s’était rapidement enfui de chez son père, pour retourner chez sa mère, et finalement, malgré plusieurs scènes relativement pénibles, le jeune garçon avait fini par rester habiter chez cette dernière. Martin avait toujours su obtenir ce qu'il voulait.
Sa femme Claudia et ses deux filles ignoraient tout de son passé d’enfant maltraité. Martin se serait fait hacher menu plutôt que de le leur avouer. Ses filles travaillaient bien en classe, Ophélie était en CE2, et Solenn en cinquième, et son ménage était parfaitement heureux, bien que de temps à autre il rencontrait certains problèmes avec les quatre frères de sa femme qui n’étaient pas des enfants de chœur et qui, issus de la Cité des Oiseaux, comme lui, n’avaient malheureusement pas, eux, préféré emprunter le droit chemin. Ils se faisaient régulièrement arrêter pour trafic et détention de stupéfiants, vol de voitures, etc. Le plus âgé, bien qu’ayant été plus qu’à son tour « tiré d’affaire » par Martin, refusait désormais d’encore lui parler. Ce petit con se permettait de lui faire des leçons de morale… avec un casier judiciaire long comme une liste de supermarché ! Il ne manquait pas d’air, vraiment !
Martin et Claudia alternent la conduite depuis des heures. Depuis que l'on est arrivé dans la Drôme, le GPS s'affole complètement. C'est ainsi que, Martin avait quitté l'autoroute du Soleil pour suivre la direction indiquée par un panneau : Avignon. Mais Martin et sa femme avaient du se rendre à l'évidence, ils étaient bel et bien perdus en pleine campagne. Autour d'eux il n'y avait pas la moindre habitation, durant des heures et des heures ils ne traversèrent pas le moindre village. Il n'y avait rien, qu'une petite route de campagne au milieu des champs, et on était déjà en fin d'après-midi. A l'arrière de la Peugeot, Solenn et Ophélie avaient fini par s'endormir. Claudia baillait. Elle était morte de fatigue. Et Martin n'était pas loin de s'assoupir lui aussi. En quittant l'autoroute, ils avaient pensé trouver un village, un motel, une pension, n'importe quoi mais un endroit où ils pourraient se restaurer et passer la nuit. Mais rien. Il n'y avait rien...
-Et si on se garait un peu en retrait pour se reposer? Demanda Claudia. On est tous morts de fatigue. On pourrait manger les sandwiches qui restent et se reposer...
-Oh non maman, supplia Solenn qui venait de se réveiller. Pas ici. Ce coin est beaucoup trop sinistre. On se croirait au bout du monde.
-Sinistre, intervint Martin, mais c'est un joli coin de campagne, il fait encore plein soleil! D'accord il n'y a pas beaucoup de monde, mais de là à dire que c'est sinistre...
Claudia se retourna vers sa fille. Elle avait vraiment l'air d'avoir peur. Du coup, elle se sentit mal à l'aise.
-Finalement non, fit-elle à Martin, continuons sur cette route jusqu'à ce que nous trouvions une maison, un être humain ou je ne sais quoi. Si tu es trop fatigué je reprendrai le volant. J'ai un peu somnolé, je me sens mieux.
-Mais qu'est-ce qui vous prend tout à coup? demanda Martin intrigué. C'est bon, je n'insiste pas. Je continue jusqu'à ce que nous trouvions une route plus large et ensuite je te passe le volant.
Et puis, tout à coup, après avoir roulé encore quelques temps et alors qu'ils désespéraient, un panneau indiquant une entrée d'autoroute se profila devant eux. A666 direction Avignon.
-Et bien voilà, nous sommes sauvés! Dit Martin en souriant. Je roule encore quelques kilomètres, le temps de trouver une aire de repos et ensuite je te passe le volant.
Claudia sourit, et, rassurée, s'endormit aussitôt. Solenn s'assura que sa petite soeur dormait bien avant d'interpeller son père, "Papa, tu ne trouves pas ça bizarre toi? A666 pour une autoroute? Et la seule direction indiquée est Avignon! Il n'y a qu'une seule autoroute qui passe près d'Avignon, c'est l'autoroute du Soleil. Et la carte de France n'indique aucune A666...
-C'est le chiffre du diable! ironisa Martin d'un ton lugubre.
-Papa! Ne plaisante pas avec ça. Je suis sérieuse. Ce n'est pas normal.
-Solenn, ma puce, ne t'inquiète donc pas comme ça! Il fait plein soleil, et tu vois bien qu'autour de nous il y a des champs cultivés, des vignes! C'est probablement une nouvelle portion d'autoroute qui a été construite récemment et qui n'est pas encore reprises sur les cartes et les GPS. Tu sais bien qu'avec tous ces travaux le paysage, même en pleine campagne, change tout le temps!
-Mais papa... regarde... il n'y a pas la moindre voiture ni derrière nous, ni devant. Ni même dans l'autre sens. Il n'y a pas d'aires de repos, pas de parking, pas de station service et plus aucune indication depuis des kilomètres.
-Ma chérie, je te conseille de dormir un peu. Tu es fatiguée et... tu lis beaucoup trop de romans "Chair de Poule"! Tu arriverais presque à me faire peur. Tiens, regarde, tu vois bien que tu avais tort de t'inquiéter... la prochaine sortie indique Malemort du Comtat! Et regarde, le GPS s'est remis en route normalement. Tu vois bien qu'il n'y avait pas lieu de paniquer!
-Malemort du Comtat... après l'autoroute A666 et je ne devrais pas m'inquiéter? Mais c'est le nom qu'on pourrait donner à un village de film d'horreur. D'ailleurs Malemort est le nom du village dans l'épisode de Ric Hochet qui s'appelle "Les spectres de la nuit"...
Martin éclata de rire, Solenn, par pitié lit autre chose que ces affreux romans d'horreur, parce que tu vas tous nous rendre fous... Cependant, le nom du village intriguait Martin qui se demandait où il avait déjà pu entendre parler d’un petit village situé au fin fond du Vaucluse, car ce nom, il le connaissait, mais il ne parvenait pas à se rappeler comment ni par qui.
Quelques kilomètres après la sortie d'autoroute, le GPS et un nouveau panneau indiquaient Malemort du Comtat, 9 km. Claudia et Ophélie s'étaient éveillées en entendant l'éclat de rire de Martin. Le paysage n'avait plus rien de l'aspect désolé qu'il avait dans la Drôme. Il y avait des vignes, des villas, d'autres voitures sur la route. Tout était redevenu normal, si tant est qu'il y ait eu un quelconque problème autre que l'imagination débordante de Solenn.
Il était presque 19 heures quand la petite famille arriva à Malemort du Comtat.
-Tu vois? Fit Martin à sa fille, c'est un joli petit village provençal, il n'y a pas de spectres, pas de zombies... Rien que des êtres humains, des hommes, des femmes, des enfants parfaitement normaux !
Claudia, Ophélie et Martin éclatèrent de rire en chœur. Solenn fit un petit sourire pincé. Elle était vexée de s'être trompée, mais surtout, elle traînait toujours un sombre pressentiment et n'avait qu'une seule envie, quitter ce village le plus vite possible.
-On s'arrête ici? Questionna Ophélie. J'ai soif, j'ai envie d'une glace!
-Pourquoi pas? Répondit Claudia. Moi j'ai tellement soif que j'ai l'impression d'avoir avalé toute la poussière de la route...
Martin gara sa voiture sur le parking de la place du Cours. On va prendre un verre et manger une bonne glace sur cette jolie terrasse. Annonça-t'il en montrant le "Café du Cours".
Mortes de fatigues, les filles se blottirent sur la balancelle pendant que leurs parents commandaient des glaces et des menthes à l'eau. Pendant que les filles terminaient, Martin se renseigna auprès de la patronne. Il voulait savoir s'il y avait moyen de trouver de quoi dormir au village ou s'ils devaient reprendre la route de Carpentras. Martin avait plutôt envie de flâner un peu en famille. Le congrès ne commençait que lundi, et nous étions jeudi. La patronne leur indiqua un relais routier à quelques kilomètres du village, dans la direction opposée à Carpentras.
-Ce n'est pas très loin, vous verrez, il y a un grand parking devant. Dites à Jean-Claude que vous venez de la part d'Elodie et vous serez bien servis !
Le soir tombe à Malemort du Comtat, petit village provençal situé à une dizaine de kilomètres de Carpentras, la capitale du Comtat Venaissin. Michel, un peu vagabond, un rien braconnier, plutôt sauvage et délinquant notoire à ses heures, s’apprête à aller poser des les collets.
Michel vient d’avoir 45 ans, il est assez petit, blond avec des cheveux ondulés et plutôt mince, la barbe naissante hirsute, vêtu en toutes saisons de tee shirts usés, délavés, de bleus de travail et d’espadrilles, une éternelle cigarette au bec. Michel n’est pas un vilain garçon, et ne fait certainement pas son âge. Certains adolescents ont déjà à 15 ans, le visage de l’homme qu’ils seront plus tard, Michel lui, a toujours à 45 ans le visage de l’adolescent qu’il était autrefois, avec seulement quelques petites rides lorsqu’on y regardait de plus près.
Michel est le fils de Pascal et Mireille, un couple de viticulteurs aisés dont il est l’unique enfant. Il a été beaucoup trop gâté. Quand a-t-il sombré dans la délinquance, personne ne le sait. Au village, tout le monde le connaît, la plupart depuis l’enfance et personne ne lui porterait tort, si ce n’est pour lui, au moins pour ses parents que tout le monde apprécie dans le village et dans la région.
Michel a fait de la prison à plusieurs reprises, mais jamais sur base d’une dénonciation émanant de quelqu’un du village, il ne se faisait prendre que lorsqu’il commettait ses méfaits en ville ou dans d’autres villages où ses parents n’étaient pas connus. Il n’est pas vraiment méchant, mais il a beaucoup changé depuis le moment où il a été accusé et emprisonné parce qu’il avait été suspecté d’être le ravisseur et le meurtrier de la petite Magali, une fillette de huit ans passant habituellement ses vacances avec ses parents dans le village, qui avait été kidnappée puis retrouvée morte quelques jours plus tard.
Depuis sa sortie de prison, Michel n’avait plus jamais été le même, il buvait déjà beaucoup auparavant, mais maintenant c’était encore pire, il ne parlait pratiquement plus à personne et vivait comme un véritable ermite dans la grange que son père lui laissait occuper, située à la sortie du village, au milieu des vignes, derrière le vieux lavoir. Grange qu’il avait commencé à aménager avant l’affaire, mais qu’il avait laissé aller pratiquement à l’abandon ensuite.
Personne au village ne comprenait comment Michel avait pu mal tourner, Pascal et Mireille étaient tellement gentils, tellement serviables, tellement appréciés. Ils étaient aisés, mais se comportaient comme tous les gens du coin, ils venaient boire leur verre au café du cours, discutaient et recevaient les amis, leur réussite ne leur était certainement pas montée à la tête.
Pascal était exubérant, aimable, blagueur, un peu porté sur la boisson mais sans plus, et son épouse Mireille, était plus calme, mais tout aussi gentille, prête à écouter et à rendre service à n’importe qui.
Au village on les plaignait beaucoup d’avoir eu un fils comme Michel.
Certains se demandaient ce qu’il en était au juste au sujet de la petite Magali. Michel avait été arrêté un soir, interrogé au commissariat, déféré à la gendarmerie d’Avignon, puis au Parquet et ensuite emprisonné avant d’être relâché faute de preuves. L’affaire avait débouché sur un non-lieu.
Les villageois étaient tristes pour monsieur et madame Fortin, les parents de la petite Magali, qui passaient, depuis si longtemps, chaque année leurs vacances au village, avant même la naissance de la petite qu’ils avaient prise en affection pour l’avoir vue grandir et évoluer au fil du temps.
Certains au village s’étaient mis à douter de Michel. Aurait-il été capable de commettre un acte pareil ? Pour les uns c’était impossible, mais pour d’autres, s’il pouvait cambrioler des villas, braconner du gibier, menacer son père de le frapper après s’être enivré à mort, il pouvait très bien aller jusqu’à kidnapper et tuer une petite fille.
Mais dans quel but se demandaient les autres ! De toute sa vie, Michel n’avait jamais commis le moindre geste déplacé à l’égard d’un enfant, cela se serait su, tout se sait dans un aussi petit village…
Personne ne comprenait, mais plus personne n’était vraiment pareil après le drame qui avait endeuillé Malemort du Comtat trois ans auparavant.
Depuis, on n’avait plus jamais revu les parents de Magali, et personne n’osait prendre contact pour demander des nouvelles, chacun se sentant un peu responsable du drame.
Chacun pensant aussi secrètement que si ce n’était pas Michel, ni un rôdeur ou un assassin de passage, cela pouvait être quelqu’un d’autre, quelqu’un du village… Se pourrait il qu’un assassin d’enfants se dissimule parmi la population de ce village paisible ?
La chose était trop horrible à imaginer.
Michel range ses outils dans sa 4L ce soir là, lorsqu'il voit passer la Peugeot de Martin Schuller. Son regard est attiré, car une voiture sur cette route à cette heure-ci, c'est plutôt rare. La voiture s'arrête au relais routier de Jean-Claude. C'est encore plus rare à cette époque de l'année. Attisé par la curiosité, Michel se rend au bar de Jean-Claude et commande une pression. Par la fenêtre de la salle de restaurant, il peut voir la famille qui vient d'arriver s'installer sur la terrasse arrière.
Effectivement, après avoir déballé leurs affaires et fait quelques brasses dans la piscine car il faisait encore très chaud, Martin et sa famille firent un délicieux repas sur la terrasse arrière du relais, d'où la vue était magnifique. Ils étaient les seuls clients car la saison n'avait pas encore commencé.
Malemort du Comtat s’éveille : Elodie balaie la terrasse du café du Cours, pendant que son mari sert déjà les premiers cafés aux paysans matinaux et aux marchands qui viennent d’installer le marché sur la place. Les premiers clients arrivent au marché, la vielle Mélanie, femme de ménage de tous les notables du village et rude commère à ses heures, vient acheter les provisions du médecin, Lucette, la « presque centenaire » et toujours verte, toujours bon pied bon œil discute avec le boucher Fernand. Odile, l’épicière déballe son étalage qui empiète sur la ruelle généreusement baptisée « Boulevard », François passe avec son tracteur en direction des vignes et salue Gérard et les gens qui l’entourent d’un geste large. Marcel arrive avec sa vieille Peugeot datant des années soixante et Laurent embarque des poulets qu’il vient d’acheter, tandis que comme à son habitude Alain, le fils du « château » arrive en trombe avec son coupé sport rutilant pour acheter des œufs et du lait pour sa mère, mais surtout pour avoir le plaisir de se montrer avec sa voiture, car ordinairement, c’est Mélanie qui s’occupe d’approvisionner le « château ». Michel passe dans le village avec sa vieille 4L, sans même songer à cacher le produit de son braconnage. Pourquoi le ferait-il, puisqu’il n’y a que deux gendarmes pour toute la région et ils sont cantonnés dans un village voisin, distant d’une quinzaine de kilomètres. Quant aux gendarmes ou à la police de Carpentras, pour rien au monde ils ne se déplaceraient dans un aussi petit village pour autre chose que pour un crime…
Le lendemain matin, après un bon déjeuner composé de croissants feuilletés, encore chaud, la petite famille rejoint la voiture. En faisant une dernière petite promenade hier soir, les filles avaient remarqué un ranch qui organisait des promenades à cheval et insistèrent auprès de leurs parents pour qu’ils acceptent de faire une balade… Martin qui adorait l’équitation autant que ses filles finit par accepter. Mais avant on irait au marché pour faire plaisir à Claudia.
Michel tombe nez à nez avec Schuller qui a rejoint sa femme et soupèse des melons au marché. Ce dernier ne semble pas le reconnaître et passe sans s’apercevoir qu’il est observé.
« Ordure de Schuller ! » songe Michel qui sent la haine lui dévorer les entrailles à la simple vue du policier.
- Comment ose-t-il venir ici, se promener dans ce village, regarder les habitants en face, après ce qu’il a fait à Marie, Marie qui était aimée de tout le monde ici ! Marie qui est morte à cause de lui, alors que lui est bien vivant !
Michel hait Schuller. Éprouve t’il un quelconque remord pour ce qu’il a fait ? Non sûrement pas, un flic pur et dur, cela n’éprouve pas de remord. Un flic, cela fait toujours son boulot, même s’il s’agit de sale boulot… Il n’a pas l’air d’éprouver de regrets, il est bien bronzé, et a l’air parfaitement heureux en compagnie de sa petite famille. Il a tout de l’homme qui a réussi.
Schuller ne le reconnaît pas, Michel était habillé différemment à ce moment là… Rien à voir avec l’ouvrier débraillé qui avait oublié de se raser et de fréquenter le coiffeur depuis un bon bout de temps…
Michel ne peut s’empêcher de repenser à ce moment qu'il voudrait oublier. A ce moment où il a du monter à Paris pour reconnaître le corps de Marie, car elle n’avait pas d’autre famille que celle qu’elle s’était créée dans ce village où elle passait ses vacances étant enfant.
Enfin, si, il y avait sa famille, mais…
Michel pense au soir où il a reçu la nouvelle par l’intermédiaire de son père. Il n’en croyait pas ses oreilles ! D’ailleurs personne au village ne voulait y croire Marie Deville, morte… Et dans quelles conditions ! Personne ne s'attendait à une chose pareille !
Pascal avait appris la nouvelle par la police de Paris. Le chef de la police en personne, le commissaire principal du commissariat central Yves Mercadier lui avait téléphoné en expliquant que Marie Deville était décédée de mort violente, et que n’ayant pu joindre aucune des personnes dont le nom était consigné dans son carnet d’adresses, ni aucun des membres de sa famille, il le contactait lui, dont il s’était permis de lire le courrier qu’il avait adressé à Marie et rendu compte qu’ils étaient très proches puisqu’elle l’appelait « Papé » et lui avait demandé s’il acceptait de monter à Paris pour venir reconnaître le corps, en précisant qu’il risquait d’être choqué et que rien ne l’obligeait à accomplir cette mission.
Pascal n’avait pu se résoudre en effet à aller reconnaître le corps sans vie de celle qu’il considérait comme sa petite fille, il s’en était ouvert à Michel, sachant l’amitié qui le liait à la jeune femme depuis des années. Michel avait immédiatement pris sa décision, c’était lui qui monterait à Paris et qui irait reconnaître le corps.
C’était à cette occasion qu’il avait pour la première fois rencontré Schuller…
Il est caché derrière un buisson et observe Martin Schuller et sa famille qui gravissent la colline à cheval.
-Sale P. de flic, tu vas le payer !
Cela faisait des années qu’il attendait sa vengeance ou plus exactement qu’il attendait de venger la mort de Léo. Il aurait pu s’y prendre autrement, plus rapidement aussi, il avait d’ailleurs failli l’abattre froidement après la mort de Léo, mais les circonstances ne lui avaient pas permis de le faire. Contraint et forcé il avait du laisser Schuller continuer sa petite vie égoïste. Dans un certain sens lui aussi avait été égoïste; il avait pensé à lui avant de penser à Léo. S’il s’était vengé sur le champ, il aurait risqué d’être découvert et tout ce qu’il avait échafaudé aurait été détruit. Mais maintenant, ce congrès était une bénédiction, car il remettait en présence tous les protagonistes de l’affaire ou presque et qui plus est, il les remettait en présence à deux pas de l’endroit où la jeune femme était enterrée… Maintenant Schuller allait enfin payer…
Claudia montait le cheval de tête et derrière venait Martin qui surveillait Ophélie de près. Ils s’arrêtèrent près du réservoir, à quelques mètres du sentier qui menait à un vieux mas, mais qu’ils ne remarquèrent même pas tant il était embroussaillé. Martin attacha les chevaux au vieux panneau indicateur dont les lettres étaient à moitié effacées par le temps. Ils se déshabillèrent et piquèrent une tête dans le bassin. L’eau était fraîche à souhait, cela faisait un bien fou par cette chaleur. L’homme qui leur avait loué les chevaux avait expliqué que c’était sans danger de s’y baigner. Cela faisait tellement de bien après cette longue promenade en plein soleil.
Claudia se fit sécher sur le bord. Solenn fît encore quelques longueurs, tandis qu’Ophélie apprenait à plonger avec son père, puis sortit de l’eau et Martin s’assit sur le rebord. Il l’observa tandis qu’elle abreuvait les chevaux en leur apportant de l’eau puisée dans le bassin avec le chapeau en cuir de son père, celui qu’il venait de s’acheter dans un magasin de souvenirs. Il la regardait tendrement, Ophélie, son bébé, sa préférée. Il l’aimait tellement qu’il ne pouvait supporter de la savoir loin de lui. Il songea à l’année dernière où durant leurs vacances en Espagne, sa petite fille avait failli se noyer en glissant d’un toboggan directement dans la piscine, sans imaginer qu’elle tomberait dans la grande et non dans la pataugeoire comme elle l’imaginait. Quelle frayeur avait été la sienne ce jour là ! Il avait plongé comme un fou pour la récupérer et pendant de longues semaines elle avait eu une véritable peur panique à la simple idée de prendre un bain. Maintenant, à force de patience et de douceur, il était parvenu à la réhabituer et à lui faire vaincre cette peur de l’eau.
Un bruit caractéristique lui fit lever la tête. Un ULM. Depuis longtemps il rêvait de décrocher le brevet, mais il savait que cela resterait du domaine du rêve. Il avait bien effectué quelques heures de vol, mais son travail lui prenait trop de temps. Il se contentait donc de rêver et projetait une balade en plein ciel : en passant il avait vu qu’à l’aérodrome de Saint-Didier il y avait moyen de louer un engin. Il montra l’ULM à Ophélie et à Claudia qui lui adressa un clin d’œil malicieux, devinant à quoi il pensait. Puis, il se retourna pour s’apercevoir qu’Ophélie n’était plus là. Il se leva et se dirigea vers les chevaux : ils n’avaient pas bougé de place, mais la petite fille avait disparu… C’était incompréhensible : Martin ne l’avait quitté du regard que durant quelques secondes, le temps que passe l’ULM. Il appella encore et encore mais personne ne répondit, Claudia vint le rejoindre et lui demanda ce qui se passait, il expliqua qu’Ophélie venait de disparaître à l’instant. Claudia et Solenn, paniquées, se mirent à crier et à battre les fourrés, mais ils durent se rendre à l’évidence, Ophélie avait bel et bien disparu. Martin ne comprenait pas, comment une petite fille pouvait disparaître en moins de trente secondes, sans faire de bruit, sans laisser la moindre trace, à moins de dix mètres de sa famille.
Ils se rhabillèrent en vitesse et recommencèrent à fouiller les environs, rien à faire, pas la moindre trace de la petite fille. Martin sentit la panique lui mordre les entrailles. Il venait de se rappeler dans quelles circonstances il avait déjà entendu parler de Malemort du Comtat. C'était il y a quelques années, au moment où l’enlèvement puis le meurtre sauvage d’une petite fille de huit ans qui y passait ses vacances avait défrayé la chronique. La petite avait été enlevée à Malemort du Comtat et retrouvée morte quelques jours plus tard près d’une bicoque abandonnée près du bassin... On n’avait jamais trouvé l’assassin...
ARTICULATION.
PREMIER EPISODE.Le commissaire Martin Schuller et sa famille partent pour Carpentras où aura lieu la semaine prochaine un congrès de police extraordinaire, à cause des récents attentats commis ces dernières semaines en Europe par le terroriste Atila qui vient de s'évader d'une prison de haute sécurité. Sous couvert de vacances, Martin a emmené sa famille car il craint pour leur vie. Dans la Drôme, le GPS s'affole, la famille se perd et erre un long moment dans la campagne avant d'apercevoir un panneau indiquant Avignon via l'autoroute A666. Malgré les réticences de sa fille aînée, Martin emprunte l'autoroute et finit par arriver dans un petit village du Vaucluse situé à 9 km de Carpentras : Malemort du Comtat, où la patronne du café du cours les dirige vers le relais routier pour y souper et passer la nuit. Le lendemain, peu pressés de rentrer à Carpentras car le congrès ne commence que la semaine prochaine, la petite famille loue des chevaux pour une promenade jusqu'au bassin où ils se baignent. En quelques secondes, le temps pour Martin de regarder un ULM, Ophélie la plus jeune fille du couple disparait et Martin se rappelle brusquement pourquoi il avait déjà entendu parler de Malemort du Comtat : il y a quelques années une petite fille y avait été enlevée et tuée exactement au même endroit où Ophélie venait de disparaître.PREMIER EPISODE.
Le commissaire Martin Schuller et sa famille partent pour Carpentras où aura lieu la semaine prochaine un congrès de police extraordinaire, à cause des récents attentats commis ces dernières semaines en Europe par le terroriste Atila qui vient de s'évader d'une prison de haute sécurité. Sous couvert de vacances, Martin a emmené sa famille car il craint pour leur vie. Dans la Drôme, le GPS s'affole, la famille se perd et erre un long moment dans la campagne avant d'apercevoir un panneau indiquant Avignon via l'autoroute A666. Malgré les réticences de sa fille aînée, Martin emprunte l'autoroute et finit par arriver dans un petit village du Vaucluse situé à 9 km de Carpentras : Malemort du Comtat, où la patronne du café du cours les dirige vers le relais routier pour y souper et passer la nuit. Le lendemain, peu pressés de rentrer à Carpentras car le congrès ne commence que la semaine prochaine, la petite famille loue des chevaux pour une promenade jusqu'au bassin où ils se baignent. En quelques secondes, le temps pour Martin de regarder un ULM, Ophélie la plus jeune fille du couple disparait et Martin se rappelle brusquement pourquoi il avait déjà entendu parler de Malemort du Comtat : il y a quelques années une petite fille y avait été enlevée et tuée exactement au même endroit où Ophélie venait de disparaître.
DEUXIEME EPISODE.
Arrivée à l'hôtel de Carpentras et présentation physique et morale des policiers de Paris, collègues de Martin Schuller. Yves Mercadier, commissaire divisionnaire. Jean-Philippe Maréchal, également commissaire divisionnaire au passé pas très net et l'un des meilleurs amis d'Yves. Son frère Jean-Marc Maréchal, chef de la brigade criminelle policier violent et sans état d'âme, meilleur ami de Tony Dufour. Tony Dufour, adjointLeurs états d'âme, leur caractère, quelquefois leur remise en question. On touche du doigt les raisons qui font que Martin Schuller n'est aimé de personne. Tony Dufour reçoit un coup de téléphone de Martin qui lui annonce que sa fille cadette vient de disparaître pratiquement sous ses yeux.
TROISIEME EPISODE.
Les recherches commencent sous la direction des policiers de Paris coopérant avec ceux de Carpentras. Le mystérieux personnage qui observait la famille Schuller au moment de la disparition d'Ophélie jubile. En battant les environs, Martin découvre la tombe de Marie Deville et comprend qu'il ne reverra plus jamais Ophélie vivante. Il perd le contrôle de ses nerfs. La police installe un état-major de crise à Malemort. Michel observe les recherches et songe à Marie et à la petite Magali. La police perquisitionne le vieux mas qui appartenait à Marie parce que Magali a été tuée à l'époque sur la tombe de Marie Deville. C'est Pascal Monestier, le grand-père de coeur de Marie et le père de Michel qui ouvre la porte. C'est lui l'administrateur des biens des enfants de Marie.
QUATRIEME EPISODE.
Tony fait des recherches sur la famille et le meurtre de la petite Magali. Il réalise que Pascal Monestier est le père de Michel. Il songe à Marie et éprouve des remords. Il apprend que Michel Monestier haïssait la famille Fortin car il avait été en prison suite à une plainte de leur part. Tony décide de visiter la grange dans laquelle loge Michel.
CINQUIEME EPISODE.
Au matin, on découvre le corps inanimé de Pascal Monestier. Il a été assommé et grièvement blessé avec une grosse pierre en redescendant du mas après la perquisition. Ses jours sont en danger. La police perquisitionne la grande de Michel et trouve le chapeau de Schuller et une grosse pierre tâchée de sang. Michel Monestier est arrêté pour le kidnapping d'Ophélie Schuller et l'aggression de son père. Le village est figé dans l'horreur.
SIXIEME EPISODE.
Au commissariat où il est interrogé, Michel affirme à Schuller qu'il ne reverra plus jamais sa fille vivante, puis s'enferme dans un mutisme que rien ne peut briser. Les policiers paniquent, car si Ophélie est encore vivante, le silence de Michel peut la tuer. Claudia est mise sous sédatif, Solenn est en larmes. La mère de Martin arrive, accompagnée par le fils de son mari, Bertrand, lui-même policier. Les médecins désespèrent de sauver Pascal. Mireille sa femme est désespérée et ne parvient pas à croire que leur fils ait tenté de tuer son propre père. Martin et Bertrand retournent à Malemort du Comtat, où Tony est persuadé que ce n'est pas Michel qui a tué Magali, ni enlevé Ophélie, ni aggressé son père. Martin repense à Marie, au destin qui l'a amené à se perdre en pleine campagne jusqu'à se retrouver sur cette fameuse A666 qui l'a conduit pile dans ce village où le drame était arrivé. Il se rappelle des mauvais pressentiments de Solenn et s'en veut de ne pas l'avoir écoutée et de n'avoir pas rejoint Carpentras immédiatement.
SEPTIEME EPISODE
Le ministre de l'Intérieur arrive. Tony sait que Michel n'a pas aggressé son père ni enlevé Ophélie parce que le chapeau et la pierre n'étaient pas là, lors de sa perquisition, menée quelques heures seulement avant celle de ses collègues. Elodie sait que le père de Magali Fortin est revenu au village sans se montrer, la veille de l'enlèvement d'Ophélie, mais elle ne sait pas si elle doit le dire à la police. Tony s'aperçoit aussi que Fortin est revenu et semble se cacher, mais n'en parle à personne.
HUITIEME EPISODE
Pascal sait que son fils est innocent. Il sait qui a enlevé Ophélie et il se rend compte qu'il va mourir parce qu'il en sait trop. Tony fouille dans la vie de la famille Deville et découvre un terrible secret. Il prend contact avec Harold Kramer, un truand, membre très influent de "L'Organisation". Seul lui pourrait l'aider.
NEUVIEME EPISODE
Tout le monde soupçonne Yves qui est abandonné de tous, y compris par ses meilleurs amis. On le pense coupable de l'enlèvement d'Ophélie car la preuve a été faite qu'il se trouvait sur les lieux ce jour-là. Il avait de sérieuses raisons d'en vouloir à Schuller : il le juge responsable de la mort de Marie dont il était éperdument amoureux.
DIXIEME EPISODE
Harold Kramer et le mystérieux inconnu, accompagnés par deux chefs suprêmes de "L'Organisation" donnent à Tony les éléments qui lui manquent pour comprendre le secret de Marie et de Léo. Vont ils arriver à temps pour sauver Yves du suicide et retrouver Ophélie vivante, tout cela en masquant l'un des plus terribles secrets d'Etat?