Urbanité aérienne

poulpita

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 J'ai toujours aimé les petites terrasses des grandes villes. Si possible hautes, désertes, de fer et de béton. Un point de passage où l'on passe peu. Carré aride. Pour observer. Un champ de soufflerie, une forêt d'antennes, les cascades de clim. Le toit des immeubles, comme le cafoutche des architectes. L'endroit des trucs moches et encombrants (enfin, avant l'apparition des roof top et autres toits végétaux, qui ont fini de refermer la porte du bordel aérien). Les terrasses sans pot de fleur, sans meuble en teck, rescapées de la vague ikea. Je les aime inconfortables, peu accueillantes. Sauvages en quelques sorte. Au mieux, une chaise rouillée, abandonnée, brûlante en été, dégoulinante d'eau à l'automne. Les terrasses où la visite d'une abeille est une expérience miraculeuse. Bref, j'aime les terrasses qui ne vous distraient pas, brin d'utopie, qui vous font croire que vous êtes seul au monde. Les terrasses qui vous laissent écouter la ville. Les fenêtres et les portes qui claquent, les sifflotements dans la rue. Les voitures - passe, repasse, gare, klaxonne, pile, double. Les sonnettes de vélo. Les camions poubelles, chocs et containers. Les terrasses qui vous laissent libres de rêver. Du destin des hommes. Depuis le toit du monde.


 

Note : Photo "Les toits de Paris" par Arnaud Fritch in ParisZigZag

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