vacances d'enfer

flowrida

Marc commençait à fatiguer. Ils avaient pris la route il y a déjà plus de 3 heures sans faire la moindre pause et n’avoir dormi que trois heures cette nuit là avant de partir n’aidait pas. Sa femme lui avait proposé de prendre le volant à tour de rôle mais il avait refusé. Il voulait que sa femme, Sandra, et leurs filles, Eryne seize ans et Norah quatorze ans, aient des vraies vacances et il ferait tout pour cela. Il faut dire qu’avec son travail d’agent pour une agence de mannequin il n’était pas souvent présent à la maison. Un défilé à Madrid, un shooting en Grèce, un gala à New York, la fashion week de Londres … Il accompagnait ses mannequins dans tous leurs déplacements et passait donc très peu de temps avec sa famille.

Alors quand là, il avait réussi à négocier deux semaines de vacances, la nouvelle avait été accueillie par des cris de joies de la part de tout le monde et le choix des vacances avaient très vite été fait. Ils partiraient pour Assas, un petit village du sud de la France, près de Perpignan, rendre visite au parents de Sandra, qu’ils n’avaient pas vu depuis un bon moment maintenant. Il faut dire que Paris-Assas, ça faisait une trotte quand même et ils ne trouvaient pas souvent l’occasion de s’y rendre.

Sandra commença de se réveiller doucement lorsque Marc lui caressa la joue.

- Bonjour chérie, tu dormais bien.

- Oui ça fait du bien. Pourquoi tu me réveilles ? Tu veux que je conduise ?

- Non c’est bon. Je suis un peu fatigué mais on va s’arrêter à la prochaine aire pour mettre de l’essence et en profiter pour se dégourdir les jambes.

- Très bonne idée. On est encore loin ?

- Oui, on n’a pas encore passé Lyon.

- Alors ne réveille pas les filles, laissons les dormir encore un peu.
- Comme tu veux.

Arrivés à l’aire de repos, Marc et Sandra sortirent de la voiture et après un petit câlin, Sandra se dirigea vers la boutique de l’aire pendant que Marc mettait l’essence. Elle en profita pour aller aux toilettes et acheter une bouteille d’eau et quelques confiseries pour ses filles lorsqu’elles se réveilleront.

Un homme s’arrêtait à la pompe juste à côté de celle de Marc et sortit pour mettre lui aussi de l’essence dans sa voiture. Il le remarqua car l’homme avait une Audi A6 bleu nuit aux vitres teintées et il l’avait déjà remarquée à plusieurs reprise dans son rétroviseur sur l’autoroute. L'homme les suivait depuis un bon moment maintenant, peut-être même depuis Paris qui sait. Le chauffeur avait une drôle d’allure avec son beau costard et son béret sur la tête, d’ailleurs Marc avait l’impression de l’avoir déjà croisé quelque part mais il ne saurait dire où. En tout cas il n’aimait pas ça, il avait un mauvais pressentiment et décida d’en avoir le cœur net :

- Excusez-moi, vous venez de loin ?

- Oui de Paris, pourquoi cette question ?

- Pardon de mon indiscrétion, c’est juste que je vous ai repéré il y a déjà quelques heures derrière moi sur la route. Il faut dire que votre voiture ne passe pas inaperçu.
- Oh oui ça je le sais. C’est le seul héritage que j’ai reçu de mon père quand il est décédé il y a quelques mois.

- Mes condoléances, je ne savais pas.
- Vous ne pouviez pas savoir en même temps. Et vous vous rendez où comme ça ?

- Dans un petit village vers Perpignan, on prends des vacances dans la famille de ma femme.

- Et ben dites donc, vous n'êtes pas arrivés encore.

- Non c’est sur. Et vous vous allez où ?

- J’emmène mes trois fils et ma femme en Espagne.

Marc essaya de deviner la présence de ces personnes dans la voiture mais avec les vitre teintées il ne voyait rien, mais de toute façon, pourquoi cet homme mentirait-il?

- Je vais donc continuer de vous suivre encore toute la journée mais n’y voyez pas quelque chose de personnel. Et l’homme se mit à rire avec entrain, décrochant ainsi un sourire à Marc qui se détendit un peu. Décidément il n’avait vraiment pas l’habitude de se détendre et se relaxer, il faudra qu’il pense à prendre des vacances plus souvent.

- D’ailleurs vous prenez quel itinéraire pour y aller ? Vous suivez l’A7 après Lyon ?

- Oh que non, nous couperons avant Lyon par l’A666, on gagne ainsi deux bonnes heures.

Sandra le rejoignit à ce moment-là et lui déposa un bisous sur la joue en le prenant dans ses bras.

- Bonjour monsieur.

- Bonjour madame, j’étais juste en train de parler itinéraire avec votre mari.

- Oui c’est vrai et donc vous me parliez de l’A666 ? C’est une blague ? Cette autoroute n’existe pas voyons.

- Bien sur que si. La construction s’est terminée il y a quelques mois seulement et vu que les travaux n’ont pas été très médiatisés, elle est encore très peu fréquentée et donc absence de bouchons garantie. Et il lui fit un clin d’œil.

- Ça m’intéresse, où récupérez vous cette autoroute ?

- Après le péage de Villefranche, suivez Lyon Centre et sortez avant le tunnel à Porte de Valmy. Traversez Tassin par le centre ville et l’entrée de l’autoroute n’est plus très loin et il y a un petit resto « Le bon accueil » qui est plutôt agréable, vous devriez vraiment vous y arrêter.

- Très bien on va essayer, merci du conseil.
- Pas de quoi, entre touristes il faut bien s’aider et n’oubliez pas, « le bon accueil ».

Marc le remercia d’une poignée de main et remonta en voiture avec sa femme. Sandra ne sembla pas en croire un seul mot mais ils décidèrent quand même d’essayer, si cette route n’existait pas, ils reprendraient leur chemin initial plus bas.

C’est ainsi qu’ils reprirent la route.

L’autoroute A666 existait finalement bel et bien, au grand étonnement des deux époux et était effectivement bien vide malgré la gratuité de son accès. Ils n‘avaient croisé que deux ou trois voitures jusque là alors que l‘A6 était pleine. En revanche, Marc avait beau regarder dans son rétroviseur, il n’y avait plus trace de l’Audi, l’homme avait pourtant dit qu’il prenait cette route lui aussi. Il fallait vraiment qu’il apprenne à se calmer parce qu’il était un peu trop sur les nerfs et essaya de se rappeler que l’homme était un simple père de famille sur la route des vacances tout comme lui.

Midi approchait à grands pas, Eryne était déjà réveillée et Norah commençait tout juste à ouvrir les yeux mais se plaignait déjà d’avoir une faim de loup. Un panneau annonçait un relais routier nommé « le bon accueil » à quelques kilomètres de là, les parents décidèrent alors de s’y arrêter pour prendre le déjeuner selon les conseils de l’homme à l’Audi.

L’endroit était plutôt accueillant, joliment décoré ave ses pots de fleurs partout et ses palmiers à l’entrée.

La famille alla directement au restaurant tellement ils étaient affamés. Chacun pris son plateau et se servit sur les différentes étagères avant de passer à la caisse, puis ils allèrent s’installer à une table contre la baie vitrée.
Dans le restaurant il y avait seulement trois autres tables occupées. La première par un couple d’une vingtaine d’années qui passait plus leur temps à s’embrasser  qu’à manger leur assiette de frites qui refroidissaient. La seconde table accueillait un homme d’une cinquantaine d’années qui était absorbé par la lecture du journal du matin. A la troisième table, quatre jeunes filles toutes plus belles les unes que les autres se racontaient les derniers potins de stars en se repoudrant le nez pour certaines et en mangeant leur salade verte pour les autres. Marc les observa d’ailleurs avec insistance jusqu’à ce que sa femme l’interrompe.

- Elles sont belles hein !

- Euh … pardon chérie, ce n’est pas ce que tu crois.

- Oui oui ne t’inquiète pas je sais très bien que tu penses au boulot quand tu les regardes et tu te dis que tu aimerais te lever de cette table pour aller leur donner ta carte mais chéri tu es en vacances...
- Tu lis en moi comme dans un livre ouvert, je ne peux vraiment rien te cacher. Mais tu as raison. Aller bon appétit mes petites femmes.

Ils mangèrent tranquillement leur repas. Eryne faisait la liste de tout ce qu’elle voulait faire pendant ses vacances et Sandra l’écoutait patiemment. Norah photographiait tout ce qui l’entourait, comme à son habitude. Elle voulait être photographe plus tard. Puis l’aînée partit s’installer plus loin pour téléphoner à son petit ami sans que ses parents ne l’entendent et Norah alla s’acheter un magazine people pour s’occuper durant le reste du trajet.

Le téléphone de Sandra se mit à sonner. Elle se leva et répondit une fois hors du restaurant pour ne pas déranger les autres clients. Marc la regarda sortir et se leva discrètement pour s’approcher de la table des quatre jeunes filles à qui il donna sa carte professionnelle en leur demandant de téléphoner le mois prochain pour un rendez-vous et tester leurs compétences. Elles avaient l’air ravies en tout cas. Il eut juste le temps de venir se rasseoir avant que sa femme ne revienne sans l’avoir vu se lever.

- Qui était-ce ?

- Je ne sais pas, un homme qui cherchait à te joindre et qui s’est présenté comme étant ton associé. Apparemment il a essayé de t’appeler plusieurs fois mais tu ne réponds pas, tu n’as pas ton téléphone ? Et je ne savais pas que tu avais un associé maintenant.

- Mon associé ?

- Oui c’est ce qu’il a dit en tout cas. Pourquoi ? Ça l’air de te contrarier ?

Effectivement il blêmissait et était devenu blanc comme un linge. Il commençait même à avoir quelques petites gouttes de sueur qui perlait sur son front et ses tempes.

- Ça ne va pas chéri ? Explique moi, c’est qui cet homme?

- Oh personne de très important, juste quelqu’un qui m’aide dans diverses démarches, tu vois le genre. J’ai du laisser mon téléphone dans la voiture je vais aller le chercher.

Et il se leva de table et sortit à son tour du restaurant d’un pas hésitant en regardant tout autour de lui. Sandra le regarda sortir et ne comprit pas le changement de comportement brutal de son mari mais elle dut vite penser à autre chose parce que Norah lui demanda de lui faire des tresses tout en se plaignant que sa sœur avait un téléphone portable et pas elle.

Puis Eryne revint à son tour à la table et les trois femmes discutèrent tranquillement en attendant le retour du père de famille.
Une demi heure était passée et Marc n’était toujours pas revenu. Sandra avait beau regarder par les baies vitrées elle ne le voyait pas, ni dehors, ni à la voiture.

Elle commençait à vraiment s’inquiéter et laissa ses deux filles à la table pour aller à la recherche de son mari. Elle fit le tour du relais mais ne le trouva pas, il n’était pas non plus aux toilettes. Elle décida d’aller voir à la voiture également et se prépara au pire quand elle vit la portière coté conducteur ouverte en l’absence de son mari.

Elle ne comprenait vraiment plus rien et continuait de regarder tout autour d’elle. Puis elle s’appuya contre le toit de la voiture, devant la portière conducteur et plaça sa tête entre ses bras. En baissant les yeux, elle vit un petit mot sur le siège avant. D’une main tremblante elle le prit et le lut « je sais ce que tu fais ». Qu’est-ce que cela voulait dire ? Je sais ce que tu fais … Qui avait bien pu écrire ce mot ? Et que faisait exactement son mari ? Pourquoi avait-il eut cette réaction tout à l’heure quand elle lui avait parlé de son associé ? Et surtout où était-il passé?

Trop de questions sans réponses et son mari introuvable firent craquer Sandra qui éclata en sanglots juste le temps de retourner le bout de papier dans ses mains et de voir une autre inscription « chambre 18, immédiatement ».

Il avait donc rejoins une personne ici même, dans une des chambres à l’étage du relais. Son sang ne fit qu’un tour et sans même réfléchir elle se lança en direction du restaurant afin d’en avoir le cœur net.

- Maman tu vas où comme ça ?

- Nulle part Norah, je reviens tout de suite et vous deux vous ne bougez pas d’ici c’est compris ?

- Ok … dirent les deux filles en cœur tout en soupirant.

Sandra, qui ne s’était pas arrêté pour répondre à ses filles arriva à l’escalier de l’autre côté du restaurant. Elle gravit les marches deux à deux et chercha la chambre 18. Elle la trouva tout au bout d’un couloir dans un petit renfoncement. C’était l’heure de vérité, elle n’avait plus qu’à ouvrir la porte et trouverait ce que faisait son mari. Mais elle avait peur de tourner la poignée. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pouvait trouver à l’intérieur de cette pièce. Prenant son courage à deux mains, elle ouvrit la porte et y entra d’un pas mais il n’y avait personne à l’intérieur.

Elle fouilla un peu partout sans trop mettre la chambre en désordre mais tout semblait normal. Elle commença à faire demi tout pour sortir de la chambre mais quelque chose attira son attention. Un morceau de papier était tombé le long du mur à côté du lit. Elle se pencha pour le ramasser et il s’agissait en fait d’une photo d’une femme prise dans la rue, pas une photo de celles que font les mannequins pendant leur shooting. Elle ne comprenait pas ce que cela signifiait mais décida machinalement de la garder et la rangea dans son sac à main. Elle sortit de la chambre et refermer la porte doucement pour ne pas faire de bruit. Puis elle sursauta en sentant une main se poser sur son épaule mais eut un soupir de soulagement.

- Oh Marc tu m’as fait peur tu étais où ? Je t’ai cherché partout.

Elle se retourna pour faire face à son mari mais ce n’était pas lui. C’était l’homme qui lisait son journal en bas. Il la regarda fixement, Sandra avait un mauvais pressentiment et n’aimait pas la façon de faire de cet homme étrange. Elle voulut partir par l’escalier pour rejoindre ses filles mais l’homme lui attrapa fermement le bras. Elle commença à se débattre mais l’homme la serrait trop fort. Prise de panique, elle se mit à crier :

- Mais qu’est-ce que vous voulez à la fin ?

- Je sais qui est votre mari et ce qu’il fait.

 

 

 

 

Articulation :

Partie 1 : la famille part en vacances, tout se passe très bien jusqu’à un mystérieux appel sur le téléphone de Sandra. De là le comportement de son mari devient étrange jusqu’au moment où il disparaît sans laisser de trace. Un homme dit le connaître.

Partie 2 : Sandra fait connaissance avec cet homme, Gilles, qui se dit journaliste mais reste méfiante surtout quand l’homme lui explique que son mari pourrait être lié à différentes disparitions de jeunes femmes. La police arrive sur les lieux pour prendre la déposition et commencer l’enquête.

Partie 3 : Sandra, ses filles et Gilles prennent la route pour rejoindre Lyon où se situent les bureaux annexes de Marc en espérant y trouver des indices. Norah montre les photos prises à sa mère et celle-ci découvre sur l’une d’elle l’Audi bleue de l’homme de la station service qui leur avait vivement recommandé de venir dans le relais.

Partie 4 : Ils découvrent plein de photos de jeunes femmes comme celle trouver dans la chambre et l’une d’elle a été prise au relais de l’autoroute A666. Marc connaissait donc déjà l’endroit.

Partie 5 : Retour au relais pour poser des questions au personnel sur la jeune fille de la photo mais les questions semblent déranger. Norah et Eryne disparaissent à leur tour et Sandra et Gilles se font agresser.

Partie 6 : Flash Back : retour sur ce qu’il s’est passé pour Marc entre le moment où il a quitter le restaurant pour chercher son téléphone et celui où il a disparu.

Partie 7 : Sandra est enfermé dans une cellule dans une cave et découvre que ses filles sont là aussi. Gilles est battu et laisser pour mort dans un fossé le long de l’autoroute. On apprend qui est l’homme à l’Audi.

Partie 8 : Réapparition de Marc. Confrontation entre Sandra et son mari qui se trouve être un chef d’un réseau de trafic de femme et il se trouve derrière tout cela.

Partie 9 : Un sauveur vient délivrer Sandra, ses filles, et les autres femmes prisonnières et ils tentent de se sauver sans se faire repérer.

Partie 10 : Arrestation de Marc par la police. Sandra et ses filles essaient de s’en remettre. Elles vont pouvoir refaire leur vie … quoi que …

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