Vacances en famille -27-

Le reste des vacances s'écoule tranquillement entre petites taches ménagères, devoirs et petits bols d'air. Sur la commode de l'entrée trône un petit tas de cartes de voeux, Germain lui, a répondu à ma lettre. Il m'écrit que je lui manque, je ne sais pas comment le prendre, et que si Troyes en effet est bien loin de Valence pour lui ce n'est pas un problème dans le sens où il pouvait venir me voir pendant les vacances comme il l'avait fait en automne. C'est sûr on ne peut se voir tous les jours, mais la qualité de notre relation vaut que la quantité. Il me demande de réfléchir à tout ça. Dois-je lui dire qu'il m'a chamboulé la tête à la suite de sa visite? Je ne sais pas, je n'ai pas envie. Il m'embête là. Mais au fond de moi, je sais qu'il a raison. Avec mon traitement homéopathique ça va un peu mieux, mais je crois que je ne tiendrais pas le coup si je me remettais en tête qu'on pourrait reprendre tous les deux. J'ai mis la lettre dans mon tiroir sans l'intention de lui répondre, c'est mieux comme ça. Gérer les affaires d'ici d'abord. Ou alors augmenter mon traitement. Ouais je vais aller voir mon médecin, je vais lui expliquer la situation. Marie-Laure pense que je fais une bêtise, elle est peut-être jalouse après tout. Non c'est pas sympa de penser ça, mais que je sache elle n'a personne elle. Je me cache derrière cette mauvaise foi, et continue ma petite vie tant bien que mal. J'ai rendez-vous chez le médecin dans quinze jours, d'ici là j'aurais repris les cours. Le bouquin que je lis pour la rentrée est pas mal, je l'aurais fini pour le prochain cours de français. J'ai toutefois l'impression que je vais dérailler avec cette lettre de Germain, envie de la déchirer et sa photo avec, que tout rentre dans l'ordre.

Dehors il fait froid, pas envie de sortir, je suis bien à la maison. J'ai regardé La petite maison dans la prairie avec Marielle que j'ai soudoyée. Les personnages principaux sont vraiment sympathiques, je me demande comment ils font pour vivre la plupart du temps tous dans la même pièce. J'aime quand nous sommes tous réunis dans la même pièce, pour les repas, ou pour jouer, écouter un disque (ce qui est rare). Marielle est l'âme de la maison avec son piano, les voisins se plaignent parfois quand elle joue trop souvent et trop fort. A la rentrée elle sera peut-être au conservatoire de Lyon, là elle pourra se défouler. Sa prof lui a conseillé de se chercher une église là-bas pour jouer en dehors des heures de cours ou à la messe, si elle s'en sent le courage. C'est une bonne idée je trouve. Ma soeur s'en sortirait très bien et ça l'habituerait à jouer devant un autre public que sa famille, elle s'était très bien débrouillée à la messe de Noël. Je le déclare aujourd'hui: ma soeur est un prodige et moi, moi je... je n'en sais rien, je ne veux pas devenir dingue. Je vais droit dans ma chambre, tire le tiroir de mon bureau violemment en tire tout ce qui vient de Germain et le déchire non moins violemment. Après quoi je me jette sur mon lit à la recherche d'un peu de réconfort, c'est là que j'ai envie d'appeler tante Gisèle ou ma cousine Théodora, quelqu'un qui me comprenne et qui m'aime.