Vacances en famille -4-

aile68

A la maison ça sent déjà le départ, tante Juliette commence à faire les valises de sa petite famille, maman va se taper les lessives de toute la maisonnée, draps et linge de bain, ma soeur et moi, on l'aidera, obligé. Noémie, la femme du facteur, viendra pour le repassage, j'aime l'odeur du linge qui a été repassé. ça me donne une impression d'apaisement. Dans ce qui reste de vêtements propres j'ai pris mon short blanc et mon tee-shirt marin pour me rendre à mon rendez-vous. Je ne me suis pas maquillée ou si peu, j'ai juste mis un peu de brillant sur mes lèvres.  J'aperçois Germain qui m'attend à côté de la boucherie, il est si beau, mon coeur commence à en battre la chamade, je sens mes jambes qui se ramollissent, oh là là faut que je me ressaisisse. Arrivée à sa hauteur, je lui souris mais pas trop, je ne sais pas pourquoi je veux garder une certaine réserve, lui se penche vers moi et me fait la bise, je remarque une odeur de savon qui m'attendrit. Moi qui voulais garder mes distances,c'est raté, je fonds carrément! On discute un peu en chemin, des banalités qui pour moi sont précieuses, pour lui je ne sais pas. C'est pénible quand on ne sait pas ce que pensent les gens. Arrivés à destination, je souffle un peu, il me montre son grand-père qui bricole dans le jardin, et me mène à la cabane qu'il a construite. Fantastique! Perchée dans un arbre, elle ressemble à un petit chalet qu'il a verni, je ne lui cache pas mon émerveillement, il y a même des rideaux à l'emplacement d'une ouverture charmante par où l'on passe pour pénétrer à l'intérieur. Je lui demande naïvement si c'est lui qui a fait les rideaux, ce qui le fait sourire (oh mon Dieu quel sourire!). On se croirait dans une vraie maison de poupée avec un coussin qu'il a mis à mon attention. Dans une assiette couleur crème sont disposés des petits gâteaux, c'est vraiment touchant. 

"Voilà! Qu'en penses-tu? me dit-il fier comme Artaban.

- C'est fantastique! C'est si bien construit! Les planches si bien clouées, sciées à la précision, tu es doué! Un vrai travail de menuisier. Et puis ces moulures autour de l'ouverture, c'est de l'art!

- Mon grand-père m'a aidé pour les moulures il est menuisier en fait. Moi je voudrais être charpentier en fait. Je ne sais pas pourquoi, j'aime être en hauteur, je suis bien comme ça, travailler en haut d'une église, de monuments historiques. Assurer la charpente d'un bâtiment c'est la première des choses à faire.

C'est vrai il a raison, je n'avais jamais pensé à ça.

- Tu réussiras j'en suis sûre!

Il sourit et me remercie: "Tu es gentille."

J'ignore pourquoi, je n'aime pas qu'on me dise que je suis gentille, je suis sincère c'est tout. Mais je ne relève pas sa remarque.

Il m'invite à m'asseoir et à prendre des gâteaux. Tout est si propre, l'odeur du bois est si reposant, tiens! y a même un tapis sur le sol. Décidément il a pensé à tout.

- Tu es la première personne que je fais monter dans ma cabane.

- Quel honneur! Je dis en feignant une révérence.

- Je suis vraiment content que ce soit toi.

Là je me sens rougir comme l'autre jour dans la boucherie.

- Tu es ma meilleure cliente!

- Tu plaisantes!

- Non je suis sérieux dit-il en souriant. Allez prends un gâteau! Tu veux lequel?

Je choisis un petit four au chocolat saupoudré de noix de coco. Lui prend une gaufrette et me la tend:

- On échange?

On échange nos gâteaux en croisant nos bras comme pour des verres ce qui nous fait rire. Quand va-t-il m'embrasser? je me demande. Pas maintenant j'ai pas envie, on est si bien. Ce serait mon premier baiser.

- Tu vas repasser à la boucherie?

- Non je crois pas. On part bientôt tu sais... je dis un peu gênée, presque triste.

- Quand exactement?

- Dimanche.

- C'est dans cinq jours ça...

- Oui...

- C'est vraiment dommage...

- Oui.

- ça te plairait qu'on se revoit après les vacances?

- J'habite loin tu sais.

- Pour moi rien ne serait trop loin dit-il sur un ton de défi qui me fit un peu peur.

- C'est gentil.

- Ce n'est pas gentil dit-il en souriant, c'est sincère.

Je rougis encore...

- J'aime quand tu rougis... me dit-il comme un aveu en baissant les yeux.Il se reprend et dit comme pour changer de sujet:

- J'habite Besançon et toi?

- Valence je dis pensive. Si tu veux on s'écrira.

- Oui me répond-il en s'approchant de moi. Il tend doucement la main et me caresse la joue.

- Ta peau est si douce, on dirait de la soie. Je rougis évidemment.

- Quand tu rougis elle est encore plus douce.

Il s'approche de moi mais je recule, pas trop brusquement j'espère oh! je me cogne contre la paroi.

- Tu veux qu'on descende?

- Non. Tu as l'heure?

- On vient d'arriver, tiens reprends un biscuit.

Il me tend l'assiette, sa main tremble, une cigarette russe tombe sur le sol. Je tends la main pour la ramasser, lui aussi et là nos deux mains se rencontrent. Nos visages sont proches l'un de l'autre, loi de l'attraction ou loi de l'attirance amoureuse (deuxième proposition évidemment),nos lèvres s'effleurent doucement,et nous échangeons notre premier baiser.

(à suivre)


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