Vendre son âme au plus offrant
stockholmsyndrom
Le plus infime des faits s'avérait maintenant retentir dans mon crâne comme une bombe à retardement, le moindre vent contraire comme un signe du destin qui disait "t'es foutu, t'en a plus pour bien longtemps", le moindre regard dans la rue, les moindres pas qui résonnaient derrière mon dos, tout me réduisait à l'angoisse, et elle me martelait l'esprit, encore plus la nuit, quand le soleil disparaissait. La lune avait l'air d'en savoir plus, elle restait là, blanche comme l'innocence, pesante comme l'épée de Damoclès, attendant froidement que mon heure vienne pour engloutir ma triste existence. Si je voulais m'en dérober, il fallait alors plonger dans les ténèbres, et c'était encore pire, les craquements d'un escalier, le sifflement d'un courant d'air me donnait la farouche impression de me jeter docilement dans la gueule gluante des enfers.
Pas moyen de fermer l'œil.
Pas moyen de ne pas penser.
Penser à ma fin inéluctable, et aux différents chemins jonchés de souffrance pour arriver jusqu'à cette dernière. Je n'en parlerai à personne, personne ne peut comprendre ça, personne de vivant en tout cas, on me jetterait chez les fous, peut être qu'après tout, eux, ils comprendraient.
Je vais vous dire comment je l'ai rencontré.
Malgré ce que l'on pourrait croire, il apparaît toujours le jour. Le jour où j'étais en retard. Je lui ai demandé l'heure au détour d'une rue. Il était d'une laideur sans nom, mais de ses petits yeux vifs semblait jaillir la grande clameur des orages. Il m'a happé d'un simple regard et réveillé en moi des sentiments flou, primitifs, que je m'étais tant de fois efforcé d'enfouir au plus profond de mes viscères.
Il m'était familier, sans que je puisse l'expliquer, c'était en moi, ça en faisait peu être même partie. Un son est sorti de sa bouche, il a dit je sais, pour les araignées dans ta tête. Ce sont les gens comme moi qui l'intéresse, ceux qui ont eu la faiblesse de capituler, par faute d'amour, par désespoir.
On nous apprend par la culture, et ce, depuis le plus jeune âge, qu'il existe le bien et le mal, que cette idée est irréfutable, que la vie domine la mort, que la vertu noie le péché. Mais de quel mirador juge t'on les mortels? Le vertueux s'efforce de croire, même cloué par ses propres frères, que sa vie vaut d'être vécue si son repos est éternel.
Tout ça n'existe que dans les livres, et c'était ce que je ressentais à l'instant même où les éclairs des yeux du fourbe venaient ici transpercer mon âme.
Je peux mettre fin à tout ça, c'est ce qu'il m'a dit avant de s'effacer dans la foule qu'il engloutira le jour venu.
Les araignées ont disparu.
Les doutes, les jours anciens aussi.
Les saisons ont tout emporté, le fleuve du temps a fait son nid.
Seule la pendule se souvient, l'éternité lui appartient.
Le froid tic tac en bruit de fond.
La chaude sueur son mon front.
Le jour voit naître son déclin.
Il est tout proche, et ma nuit vient.
Enfin un peu d'écriture, une rareté sur WLW depuis longtemps...
· Il y a presque 6 ans ·petisaintleu
Ah oui? J'y traîne pas souvent.
· Il y a presque 6 ans ·stockholmsyndrom
Merci!
· Il y a presque 6 ans ·minuitxv
La même
· Il y a presque 6 ans ·stockholmsyndrom
Très fort
· Il y a presque 6 ans ·unrienlabime
Ravi que ça plaiz
· Il y a presque 6 ans ·stockholmsyndrom