Venise

Une chambre à Venise, une place dans mon coeur, c'était carnaval, les masques flottaient dans le brouillard, étranges silhouettes aux contours flous. La lagune ressemblait à un miroir fendu par des bateaux pressés de conquérir la ville de rêve. Les touristes déambulaient, heureux de faire partie du décor  comme dans un film qui se termine bien. Moi je riais à tes blagues et tes plaisanteries, le gondolier souriait de nous voir de si bonne humeur. Nous en étions au début de notre histoire, le meilleur à ce qu'on dit et c'est vrai. Le champ des possibles s'ouvrait à nous, nous avions confiance en la vie. C'était comme un voyage de noce sans bagues, sans alliances, nous nous sentions libres comme l'air et c'est ça qui comptait. Sans liberté nulle relation possible entre nous, mais nous étions fidèles l'un à l'autre, c'est ça qui était beau. La fidélité c'est un mot important, presque lourd tandis que la liberté nous ouvrait ses bras  plus grands que le contour du globe terrestre. 

Ce jour-là le brouillard s'est levé tardivement découvrant un spectacle enchanteur et ravissant, je me souviens encore d'une marquise qui m'a souri après l'avoir photographiée à son insu, ses yeux étaient si bleus! On eût des pastilles de menthe. Moi j'avais un drôle de chapeau qui me donnait l'air d'un champignon. Tout était si léger, semblait éthéré: l'ambiance, les costumes, les sourires, l'allure des gens ravis, enchantés. La journée a duré tant qu'elle a pu défiant le soir qui tombait avec paresse. Des violons ont commencé à jouer un air de Vivaldi saluant le jour qui s'en allait.  Nous étions bien contents de passer une nuit à Venise. Cette ville a été pour nous un rêve éveillé, comme notre amour au début.