Vert Amour
electromenagere
Synopsis
Justine est une trentenaire accomplie : belle, libre, indépendante financièrement et qui compte surtout le rester. Passionnée de nouvelles technologies, elle tient un blog qui lui vaut une petite célébrité. Loin d'être une célibataire désespérée à la recherche du grand amour, elle démontre à ses lectrices que l'homme n'a pas de mystère pour elle et qu'elle est capable de séduire tous les genres, du businessman égocentrique à l'ado attardé. Lorsque son nouveau voisin emménage, elle l'inscrit d'office en tête de liste des hommes à conquérir. Jacques est un écologiste pur et dur, dont l'empreinte écologique est aussi basse que son sex-appeal est haut. Celui-ci représente en effet un beau défi à relever quand on est comme elle adepte de la fourrure et dégoûtée à l'idée de trier ses poubelles ! Quinoa et surimi peuvent-ils faire bon ménage ? Justine arrivera t-elle à faire flancher ce coeur bio ? Comment va t-elle convaincre cet écolo de détourner ses yeux de la planète pour les poser sur elle ?
Justine se réjouit d'avance des aventures qu'elle pourra conter à ses lectrices mais elle est loin de se douter que cette rencontre va la métamorphoser.
Et au final, va t-elle épouser un homme ou toute une cause ?
Chapitre 1
Mystery Man
Chers amies lectrices,
Ne cherchez pas, le Mystery Man est un mythe !
Que les choses soient claires entre nous : Je considère qu'il y autant de mystères chez l'homme que de cheveux sur la tête de Vincent Lagaf'. Et je ne vous parle pas de sa période Zoubida avec coupe de cheveux façon Professeur Tournesol mais de son désert crânien actuel.
Mais laissons de côté ces détails capillaires et télévisuels pour nous consacrer au véritable sujet qui me préoccupe. Au risque de me répéter, mais pour que vous ne ratiez pas cette évidence je serais prête à l'inscrire de façon aussi majestueuse que le mot HOLLYWOOD sur le Mount Lee :
LES HOMMES N'ONT PAS DE MYSTERE !
J'avoue que ce n'est pas aussi majestueux que sur le Mont Lee. Ceci n'est qu'un blog et il y a malheureusement des détails techniques qui m'empêchent d'être à la hauteur de mes aspirations.
Si je martèle cette affirmation telle une boîte à rythme électro, c'est parce que je voudrais que vous, mes soeurs de fortune et d'infortune, arrêtiez de vous lamenter sur votre sort : « il est trop bien pour moi, jamais il ne posera un regard sur moi, je ne le mérite pas, etc,. »
Balivernes, foutaises et tutti quanti !
Aucun homme ne saura vous résister si vous vous en donnez la peine. Et ne croyez pas que ceci est une parole en l'air, j'en veux pour preuves mes propres expériences. Je n'ai ni le profil abyssal de Zahia, ni l'assurance intellectuelle d'une Mme Lagarde (en même temps, Dieu m'en préserve, avoir la tête emplie de chiffres pessimistes me filerait le bourdon) et pourtant je n'ai jamais rencontré un homme qui m'ait tenu tête.
Parce que j'en ai marre de passer les mouchoirs aux copines célibataires éplorées et de tenir les cheveux des amies vomissant leur amour trahi, j'ai décidé d'exposer ici toutes mes théories sur l'homme et leurs non-mystères. Imaginez-moi comme une Marie Curie de la séduction, une Claudie Haigneré de l'espace masculin, une Mireille Dumas de l(a)' (in)conscience virile.
Et maintenant laissez-moi clore cette première discussion entre nous par cette phrase philosophique :
Toutes ensembles ! Toutes ensembles ! Ouais ! Ouais !
Assise devant son Mac, Justine relisait avec nostalgie l'un de ses tous premiers articles postés sur son blog. Que de chemin parcouru depuis bientôt un an ! Quand elle avait commencé cette aventure, elle ne s'était pas douté un seul instant que cela remplirait autant sa vie. Au départ, elle avait pris cela comme un jeu, un moyen simple de décompresser de ses journées parfois agitées. Et puis le nombre de lecteurs était allé grandissant, les commentaires affluaient. Chaque matin, elle constatait avec satisfaction que les statistiques de son blog n'en finissaient plus de monter. Elle venait même de donner sa première interview à un grand magazine féminin. La journaliste l'avait désignée comme une Carrie Bradshaw à la française, Justine avait pris cela comme un compliment même si en réalité elle considérait l'héroïne de Sex & The City comme une pauvre romantique désœuvrée. Si on devait vraiment lui donner un rôle dans cette série américaine, elle se sentait beaucoup plus proche d'une Samantha que d'une Carrie, bien que sa quête ne soit pas d'ordre sexuel. Ce qui agitait vraiment ses sens se résumait à la contemplation de son propre reflet dans les yeux des hommes. Elle aimait être admirée et désirée par tous, même si à cause de cela elle avait du piétiner quelques cœurs. Etait-ce de sa faute si aucun amoureux transi n'avait eu les arguments pour la convaincre de construire quelque chose ensemble ? Elle ne pouvait pas lutter contre sa nature, elle était ainsi faite : l'amour lui attirait autant de sympathie qu'une tête de veau aux narines persillées.
L'image de ce plat dégoûtant lui donna un haut-le-cœur. Pour éloigner cette vision cauchemardesque, elle décida de se changer les idées en s'achetant sur Internet des bougies parfumées. Avant toute chose, elle alla d'abord vérifier l'état de son stock pour éviter d'acheter le même modèle. En contemplant sa collection d'« embellisseur d'atmosphère » comme elle les appelait, elle jugea qu'elle avait peut-être un peu trop abusé de l'image de la tête de veau ces derniers temps pour assouvir son besoin d'achat compulsif. En même temps c'était si horrible et elle avait tant besoin d'une odeur apaisante.
Alors qu'elle était en pleine réflexion sur la nouvelle fragrance à adopter (Fraises des bois et brioche ou thé rose d'Himalaya ?), la sonnerie de la porte d'entrée se fit entendre. Elle grimaça comme si on lui avait annoncé que George Clooney avait des verrues aux pieds.
- Qui ose me … marmonna t-elle entre ses dents tout en se levant pour aller ouvrir.
Dans le couloir menant à l'entrée, elle rencontra son reflet dans le miroir et réalisa alors qu'elle avait conservé son rictus d'agacement d'être ainsi dérangée. Quelle que soit la personne derrière la porte, elle ne pouvait décemment pas l'accueillir avec cette mine sévère. Justine se scruta consciencieusement : ses longs cheveux auburn tombaient parfaitement raides et mettaient en valeur ses omoplates bien dessinées, sa frange coupée au cordeau venait chatouiller ses yeux noisettes qui provoquaient en général plus d'attendrissement qu'un chaton orphelin, ses lèvres bien qu'un peu fines à son goût se révélaient être un écrin parfait pour ses dents parfaitement blanches. Même son nez grec, qu'elle avait eu du mal à accepter durant son adolescence, la ravissait car il faisait d'elle une personne atypique et dont on se souvenait facilement. Remarquée donc remarquable telle était sa devise. Elle n'avait jamais cédé à l'appel des sirènes de la chirurgie esthétique car elle se méfiait des diktats de la mode : un jour le 95 C deviendrait aussi ringard que le fuseau fluo, elle en était persuadée. Pour le reste, une pratique régulière du sport et des soins de beauté appropriés suffisaient à faire d'elle une jeune femme plus qu'attirante.
Lorsque la sonnerie retentit à nouveau, elle comprit qu'elle avait passé beaucoup trop de temps à admirer son propre minois. Mais zut quoi ! Je suis si mignonne ! pensa t-elle en posant sa main sur la poignée et en affichant son sourire de bienvenue.
Aussitôt la porte ouverte, elle se félicita d'avoir effectué son check-up physique quelques instants auparavant.