Viva Romania
samgarcia
Les premières notes me plongent dans un univers joyeusement morose, tout en cuivres et voix lancinantes. Ambiance musicale des Balkans, trompettes graves, mélodies tristes, le ton est donné. Je regarde la pochette de l'album : violet criard, chanteur col pelle à tarte et lunettes pilote, image prometteuse d'une compilation techno sauce boum boum et de rythmes ringards. Non, je ne me suis pas trompée, il s'agit bien de l'album « Disko Partizani » du DJ Shantel, descendant d'une famille de réfugiés roumains ayant fui la division compliquée des Balkans.
Perplexe, je me laisse entraîner par la voix rauque du chanteur-DJ, par les paroles que je ne comprends pas, mélange d'anglais simpliste aux r roulés, et d'une langue étrange, probablement du roumain. Les rythmes endiablés, mélange de percussions traditionnelles et de basses obsédantes me donnent envie de sauter, de danser. Boum boum, mon cœur bat à contre-temps.
Les mélodies entêtantes des titres « Disko Partizani » et « Disko Boy » sonnent comme des hymnes, pas vraiment disco d'ailleurs. Je les écoute une fois encore en suivant les rythmes répétitifs des basses. Puis une voix de femme se mélange à celle du chanteur, elle me va droit au cœur, je chante « Donna Diaspora » avec elle. Ces mélodies populaires, je les connais maintenant ! Je me sens appartenir à cette communauté bercée par des chansons tristes et gaies à la fois.
Un instant j'imagine un mariage roumain, un orchestre de vieux barbus et de chanteuses à la voix nasillarde, des danseurs en costumes multicolores. Les gens tapent dans leurs mains. Les clubbers se mélangent à eux et bougent sur ces rythmes carrés et lourds.
Shantel, partisan d'un folklore mythique revisité mode dance club, nous berce de ses airs, oscillant entre beauffitude et beauté.
SHANTEL
Disko Partizani, 2007