WLW était HS

Hervé Lénervé

Ça ne marchait plus, donc je n’écrivais plus d’histoires débiles.

Je ne vais pas écrire pour  moi tout seul, ce serait con ! Moi, je le sais déjà que je suis débile, je n'ai pas besoin de me raconter des histoires. Puis, ça n'a pas de sens, ce serait comme un clown triste, tout seul sur la piste d'un cirque vide, qui ferait son numéro pour personne sans entendre aucuns pleurs.

Donc, je n'écris pas et c'est con, car je ne note pas, non plus. J'avais un tas d'idées d'histoires débiles, mais bien sûr, je ne m'en rappelle plus d'une seule. Perdues pour la littérature. Plus d'une seule ? C'n'est pas exact, car je m'en rappelle d'une.

C'est un groupe d'amis d'enfance qui se sont réunis trente ans plus tard.

- Béatrice, toujours aussi jolie. Tu n'as pas changée !

- Moi c'est Julie, Béatrice, c'est elle.

- Regardez, j'ai amené de vieilles photos de nous, jeunes.

- Là, c'est Thierry, le pitre et là, c'est Isabelle, la douce !

- Isabelle, mais tu n'étais pas noir avant, Béatrice  ?

- Non, pas à ma connaissance.

- Eh, il y a trente ans, aussi. Ça change les souvenirs, quand même.

- Autrement vous faites quoi dans la vie, les gars ?

Aie, la question qui gêne. Celui qui est premier ministre n'ose pas l'avouer de peur de faire celui qui se la pète. Celui qui est au chômage depuis trente ans, n'ose pas le dire de peur qu'on le traite de rentier. Seul, celui qui n'est rien, qui n'a rien, mais qui est heureux de sa vie, parle.

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