Y avait comme un bourdonnement

aile68

Y avait comme un bourdonnement d'abeilles dans l'air, un parfum de pollen et d'herbe coupée. C'était l'été, nous étions comme des petits oiseaux dans du coton épais, chaud comme la lune en plein mois d'août. La canicule ne nous faisait pas de cadeaux, on dormait mal, on attendait l'amour au pied des buissons secs, durant des heures on les guettait ces garçons désinvoltes, sortis tout droit d'un film solaire qui parle à votre âme et vos souvenirs. Je sais, l'amour joue parfois de mauvais tours, il fait souffrir, nous chamboule, mais quel bonheur alors quand il vient à nous, léger et accueillant comme le sourire de la maîtresse ou du maître d'école qui nous faisait fondre, nous n'y pouvions rien, quand l'amour frappe et nous rend malheureux, il est pire que la mort. Il nous fait traîner toute la journée au bord d'une rivière qui se veut fraîche et revigorante, le temps nous semble long et ennuyeux. Déclarer sa flamme dans une étreinte, une explication, résoudre ce tourment amoureux comme on résout une énigme universelle.

Y avait comme un bourdonnement d'abeilles dans l'air, un parfum de pollen et d'herbe arrachée à la terre riche et profonde d'un terrain de jeu, celui de ma jeunesse insouciante et légère, j'étais choyée tel un oiseau dans son nid, Philomène à elle seule tenait la maison comme on le fait d'un palais, elle faisait des miracles et des repas qui vous mettaient le coeur à la fête, les jours où l'amour ne faisait pas des siennes, où il s'ouvrait à moi comme une belle de jour dans les heures chaudes de la journée.

Signaler ce texte