Y'a quoi dans les poches des gens?

mat_lartnak

Y'a quoi dans les poches, dans les poches des gens?

Y'a peut-être un paquet d'cigarette

Ou des nuits d'insomnies?

L'envie de tout plaquer,

Des rêves qui s'amenuisent.

L'amour de sa famille,

La chaleur du foyer

Et dans l'âtre qui brûle

Des vieux démons qui brillent.

Un amour en cage,

Un peu acide mais désirable.

Un zeste de Clémentine,

Souvenir d'adolescence

Ou juste une peau de pêche

Encore incandescente.

Un flyer de soirée,

Un numéro gribouillé sans adresse ni nom

Comme l'espoir de coucher sur du papier canson?


Et puis y'a quoi sous les poches, sous les poches des gens?

Des valises bien remplies?

Deux semaines de vacances

D'il y a bien trop longtemps?

Une lettre d'un proche

Trop occupé aussi,

Peut-être ce samedi.

Une émission de merde

Qui colle à la rétine

Et le temps qui nous ronge.

Trop peu d'sérotonine,

Une grosse purée de pois,

Des espoirs de repos,

Un apéritif dînatoire où l'on s'est ennuyé.

Les rouages qui tournent,

La quête de performance.

Sa pierre a l'édifice,

Des lendemains qui chantent?


Et dans les yeux des gens y'a quoi?

Pour sûr il y a une flamme qui brûle.

Parfois des solitudes,

De la mélancolie.

Souvent de la tristesse,

Des restes de paresse

Mais aussi des espoirs,

Des espoirs à n'en plus finir!

Du noir broyé et des couleurs

Et des promises en abîme

Qui font des fleurs dans les iris.

Du désir qui s'anime.

Un peu d'méfiance aussi

Mais de la compassion,

Même un sourire fugace à l'occasion.

Pas mal de parenthèses,

Des qui font des smileys avec des points de suspension.

Des potentiels inexploités.

De la curiosité aussi,

Et qu'on a toujours à cœur d'apprendre,

Quand il n'y a pas un coeur à prendre.


Et y'a quoi derrière les yeux, les yeux des gens?

Y'a tout c'qu'on peut pas lire.

Un besoin de consolation qu'on ne demande qu'à rassasier.

Y'a ces fêlures qui nous inhibent,

Ces petites blessures du quotidien.

Et y'a l'instinct qu'est toujours là,

Qui nous fait dire de la fermer,

Qu'il faut dormir, qu'il faut manger,

Qu'il faut en chier, qu'il faut baiser.

Mais y'a surtout d'grands moments d'joie

Et tout un tas de première fois.

Y'a le grand fleuve du subconscient

Sur lequel vogue les fantasmes,

Plein d'amour a donner

Qu'est juste parfois un peu coincé.

J'y vois aussi d'la profondeur,

Qu'on a des choses à se prouver.

Qu'il ne faut pas laisser tomber

Et puis surtout,

Bien conservé dans des souvenirs d'enfance,

Des éclats d'innocence.


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