Zorro

Depuis la pandémie, il est des personnes que l'on ne connait que masquées. Hors, comme notre perception visuelle n'aime pas les inconnus, le cerveau reconstitue les parties manquantes en se basant sur les parties visibles.

Le haut du visage, la forme des yeux, leur espacement, le front, les cheveux, suggèrent un bas de visage harmonieux, selon nos critères esthétiques culturelles.

Léonard de Vinci dans son traité de peinture définissait la position des éléments morphologiques dans un ensemble cohérent de bonne forme. Cela nous rappelle, bien sûr, la Gestat Théorie qui attribuait une bonne forme en dehors de toute conscience humaine. Ici, c'est toutefois différent dans le sens que notre mémoire est remplie d'exemples plus ou moins gracieux et notre inconscient pas moins.

Le fait est, que si après avoir inventé un bas de visage a un individu, celui-ci se dévoile, on sera la plupart du temps déçu par le physique de ce dernier. L'idéalisation n'est jamais la réalité.

J'avais été séduit par la paire d'yeux d'une « jolie » infirmière. Je lui ai offert un chocolat pour voir sa bouche. Elle avait les dents pourries et plus de moustache que ma grand-mère. Le charme était rompu, le port du masque a parfois du bon.

Poussons maintenant, cette anecdote à la limite de notre imagination et supposons que les visages entiers d'autrui, comme le nôtre restent invisibles pendant un laps de temps conséquent pour l'être humain. Si nous retrouvions un matin nos physionomies respectives, nous serions incapables, dans un premier temps, de discriminer toutes différences faciales tant que l'apprentissage n'aurait effectué son travail de tri différentiel.