~ELSIE

elfee

ELSIE

Mauve…

La lavande à perte de vue…

Le vent caressait les fleurs qui se balançaient enchantées de son jeu galant.

Dans cette lande sauvage ornée de dentelles d’écume, le temps fleurissait au gré des éléments.

Rares étaient les humains qui venaient s’y perdre. D’ailleurs, le vent se mettait en colère et de son souffle essayait d’éloigner les intrus.

Cette terre de légendes, alimentaient les conversations et chacun, aux villages alentours, rajoutait sa touche aux histoires contées. Les contes alors, ressemblaient à une fresque interminable, colorée de moments suspendus.

Trottaient,  alors, les fées vêtues de tiretaine, valsaient les lutins facétieux.

Chacun se parait de la soie d’un songe.

Près de cette lande, dans une maison blanche aux volets bleue, portée par un mur d’hortensias camaïeu, vivait Elsie, une petite fille à la voix d’alcôve.

Etourdie de bien-être, elle désirait attraper le vent et goûter le sel de la mer dans sa main. Lorsqu’elle annonçait son vœu à son entourage, on lui répondait « mais le vent ne s’attrape pas… et le vent n’a pas de main ! »

Le silence lui parlait ; une vrille d’ondes ensorcelantes l’entourait chaque soir à la même heure, juste après qu’elle ait dévoré les délicieuses tartines de fraises au sucre de Mamina. Soumise à ce murmure, elle s’effaçait sous les branchages d’un arbre du jardin, là où les fées lui parlaient… du moins, c’est ce qu’elle disait…

Elle s’inventait de subtils parfums secrets. Enfermée dans ces charmes, elle accrochait des fleurs à ses cheveux blonds, façonnait des couronnes compliquées de fleurs des champs qu’elle posait sur sa tête. Elle devenait « reine des fées de la lande ».

En entrant dans l’azur de ses yeux on se baignait dans un flot de sourires. Des sortilèges inventés lui faisait battre le cœur, accentuait le rouge coquelicot des ses joues.

Un écheveau de silence, de désir de désobéissance au creux du ventre, elle décida d’aller rencontrer le vent de la Lande.

Ses pensées frivoles exposées aux fées de l’arbre creux, elle prit son cahier à dessin et… le chemin interdit.

Le vent mécontent que l’on brave ainsi sa lande, commença à souffler mais Elsie lui murmurait que les fées lui avaient bien dit qu’il n’aimait pas que l’on s’aventure par ici, ses parents et Mamina également.

-         « tu sais Vent, je t’aime moi…

J’aime lorsque tu balances les fougères et la lavande.

Il se dégage un parfum mélangé aux embruns que toi seul peut m’offrir…

Tu sais Vent, j’ai laissé pousser mes longs cheveux pour toi…

Parce que j’aime que tu souffles dessus. Les fleurs emprisonnées dedans deviennent d’insaisissables papillons qui viennent t’embrasser.

 Tu sais Vent, j’aime quand tu fais pleurer mes yeux car ton murmure vient  ensuite sécher mes larmes.

Tu sais Vent… je t’aime… »

Alors le vent qui était devenu très en colère au fur et à mesure que la fillette avançait, fut ému par cette tendresse étrangère.

Son souffle s’atténua pour ne devenir qu’une brise douce sur les joues de l’enfant.

Alors elle s’assit au bord de la falaise contre un gros rocher, face à la mer. Elle prit son cahier à dessins et ses crayons de couleurs.

Elle dessina une petite fille, entourée de petites fées et de papillons qui virevoltent autour d’elle, la mer qui venait lécher ses pieds et assis à côté d’elle le vent… qui la tenait par la main.

Lorsque elle entendit ses parents et amis affolés courir dans la lande (telle une procession de Lutins) elle appela « je suis là mais chut vous allez réveiller mon ami le Vent… »

C’est alors que tous s’aperçurent, à leur grand étonnement, que le vent ne soufflait pas sur la lande endormie…

Elsie avait charmé le Vent…

  • tes commentaires me font vraiment chaud au coeur Jacques... si j'arrive à toucher les coeurs comme ça... mon but est atteint!
    bisous

    · Il y a presque 13 ans ·
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    elfee

  • Je pars,je reviens mais j'évite l'empreinte de mes pas. Je vais de l'un à l'autre comme ton fabuleux papillon de là bas et ceux d'ici. A chaque fois, je me régale d'un texte que je porte un moment, désespérant de ne pas avoir ton talent, de ne pas voir la beauté simplement où elle est, où peut être simplement de ne pouvoir l'exprimer comme toi. Il me réchauffe, je le mets sous l'oreiller pour qu'il agace mes rêves et les fassent sortir prendre l'air, le vent la pluie et le soleil. Lorsque je sens que le souffle s'éteint, je repars en ballade,j'en ramène un autre différent et c'est bien.

    · Il y a presque 13 ans ·
    Persopsy

    Jacques Lagrois

  • merci Plumie...
    ce texte a obtenu le 4e prix lors d'un concours...
    le 1er lui était attribué mais il y a eu un refus parce que "trop" poétique!!!!

    · Il y a environ 13 ans ·
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    elfee

  • Une très belle nouvelle ....

    · Il y a environ 13 ans ·
    Imgp1287 orig

    plumie

  • chacun une main alors?
    merci Pointedenis

    · Il y a plus de 13 ans ·
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    elfee

  • Moi aussi je veux tenir la main du vent! Merci Elfée

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Arbre orig

    pointedenis

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