~PETIT GARCON ET LA MER

PETIT GARCON ET LA MER

Il aimait la mer.

Souvent, quand elle venait charmer le rivage avec sa traîne de nuages, Petit Garçon venait s’assoir sur le sable et posait ses yeux dans l’écume.

Puis quand le ciel succombait au pouvoir de la nuit, il rentrait chez lui.

Frissonnant aux embruns, il se sentait ensorcelé par la voix des vagues, qui dans  un linceul d’écume venaient mourir à ses pieds.

Tendaient-elles les mains vers le rivage, comme un appel obscur, une invitation à danser ?

Souvent, lorsque le chagrin était trop grand, Petit Garçon venait lui parler. Il avait l’impression que la mer s’enflait de ses larmes, et le vent de ses soupirs. Les plis d’argent roulaient sur la grève, comme des amis qui venaient le chahuter pour que passe sa peine.

Allongé sur le sable il devinait la forme des nuages, inventait des animaux fantastiques, des monstres affreux ou de gentils amis. Il voguait dans le vent, chevauchant ces vaisseaux blancs.

Des oiseaux ivres des cieux le sortait de ses songes et de leurs cris moqueurs s’amusaient des ses délires. Il devenait chercheur d’or du soleil, dans ses rêves éperdus.

Petit Garçon passait son temps libre ainsi…

Les jours d’école la mer s’ennuyait de lui et dans sa danse marine, elle l’attendait jusqu’à ce que viennent s’écrire les étoiles sur l’ardoise du ciel. Elle envoyait alors, un baiser sur les lèvres du vent  afin que Petit Garçon passe une bonne nuit…

Au deuil de l’été, son diaphane cristal s’assombrit… Petit Garçon avait reprit les cours et avait moins de temps pour écouter la mer.

Le ressac des silences…. Une amère absence…

Petit Gar9on vivait dans l’ailleurs de sa terre secrète, là où, les lunes naviguent sur l’allégresse du désir.

Emmitouflé dans un gros pull bleu Petit Garçon protégé ente deux rochers écoutait encore le chant de l’onde.

C’était le bruissement du monde, dans une étourdissante floraison d’étoiles.

Les nuits étaient des îles, un naufrage des sens.

Alors la mer lui racontait ses secrets, des histoires de marins perdus de pirates courageux, de belles sirènes envoutantes.

Petit Garçon savait l’écouter. Petit Garçon comprenait son langage… il recueillait sur sa langue d’écume chaque aventure que la mer, depuis des siècles, avait gardé dans l’écrin de ses profondeurs.

Puis quand autour de ses yeux tout se faisait ombre, il rentrait chez lui, l’esprit serein et vagabond.

Avant d’ouvrir la porte de sa maison marine, il se retournait vers la mer, posait la main sur ses lèvres, y déposait un baiser qu’il envoyait au vent du large et murmurait « Merci mon amie la Mer… »