21 DÉCEMBRE 2012

Jean Luc Bolo

1er janvier  2012 :

Ah ça y est,nous  y  voilà enfin en  2012.Année charnière tant attendue,tant redoutée ( tant raillée aussi !! ),depuis ce fameux film -catastrophe paranoïaque ,inspiré d’une prophétie maya,sur cette  supposée date fatidique du 21 décembre.Perso,moi je n’y crois pas…le monde continuera,comme toujours,dans sa course effrénée délétère et auto-destructrice,malheureusement.Je ne crois pas à ces douleurs de l’enfantement,à ce basculement  d’horizon soudain,programmmé,de destinée humanitaire.Et puis,si fin du monde il y a,cela doit être dans notre cœur.Cela devrait être un renouveau interieur et non exterieur.Si l’homme est le problème,il est aussi la solution.Tout est question de prédisposition de cœur.Si la haine est une fatalité,l’amour est une natalité.Enfin bref… moi je n’y crois pas !! Les grenouilles de bénitiers marécageux et autres gourous courroucés  en tout genre,auront beau haranguer les foules et sonner l’alarme,je ne me prendrais pas à leur piège.Que nenni !! Depuis des millénaires,on nous affirme mordicus, de tels évènements majeures (via entre autres,les témoins de Jéhovah,pas très catholiques),sans  que l’on constate le moindre changement…. Ça commence à bien faire.Je ne veux plus y croire à ces trucs-là,à ces opiums eschatologiques.Ce n’est que du vent…

Je sais que  nous verrons cette année,mon épouse et moi-même,parvenir à son terme,quoi qu’il en soit.Le reste n’est que baliverne…D’autant plus,qu’un de mes  amis évangéliques m’a dit un jour,que la Bible affirme mordicus,que nul ne connait le jour ni l’heure.Comme quoi…Ce sera une année comme une autre,une année d’ombre  et  de lumière,de vices et de vertu.Une année  surannée,comme toujours.Je sais que j’outrepasserai  cette date-épouvantail ,en atteignant les rivages du lendemain.Je me visualise déjà,raillant cette prophétie ineptique,enfouie sous les décombres de l’histoire,en compagnie de ma douce et tendre,sur mon insulaire natal .Oui,je me vois déjà le surlendemain,le 22 décembre,toujours en martinique avec,ma femme ensoleillée,fleur des îles,caressant le ciel sur un lit de tendresse.Si la haine est une fatalité,l’amour est une natalité.Et je renais chaque jour de son amour irradiant.Elle est mon garde-fou,et je suis le fou qui la garde.Elle est née de rêve et d’azur.A sa naissance,l’arc-en-ciel  lui-même s’était dévoué,pour l’emmaillotée dans ses langes irisées. Sa peau est d’ombre,mais son cœur est de lumière.Je l’ai épousé,il  y a une éternité déjà…Et si un jour mon cœur devait partir,il s’arrêterait de battre.

22 Mars  2012 :

Nous sommes  déjà  au mois de mars…Le printemps se déflore d’un nouveau soleil resplendissant,et les vicissitudes inhérentes de la vie,suivent leurs cours  fluviaux.Sporadiquement,dans les médias on ressasse ce même thème récurrent, de cette date eschatologique,qui arrive à grand pas.Télé,presse,radio et web,la bête est sur tous les fronts…Partout,dans chaque coin du globe,commençent à fourmiller des prédicateurs de l’apocalypse,haranguant les foules hypnotisées s’enivrant de lueurs,suspendues à leurs lèvres brumeuses.Certains prêchent mordicus dans les métros,dans les squares,d’autres en pleine rue de manière péremptoire,jusqu’à ce que les heures s’épuisent.Un vrai truc de fou…La terre devient de jours en jours,surpeuplées de prières,comme des parfums de l’éther,qui s’embaument de lumières.Et des lueurs d’ombre,éblouissent l’horizon des cœurs avides.

Pendant ce temps en France,la présidentielle s’accompagne de candides,et bat son plein.Et les pics s’enveniment,et les invectives s’envolent,sous les ailes ombrageuses de noms d’oiseaux.Seule l’élection de Marine me ferait de la peine ; et me ferait croire à une fin du monde imminente.Pour moi,Il n’y aurait pas de plus grande catastrophe,que de voir  cette ombre siéger  à la lumière d’un trône,coiffée ostensiblement de sa couronne d’épines.La France deviendrait alors une terre d’écueil,comme une sombre sous-France.Enfin bref…

15 Aout 2012 :

Alors que j’arpentais le boulevard  du  Général de Gaulle, pour aller au grand marché de Fort de France,un homme venant dans ma direction,s’approcha de moi nonchalemment,le visage aussi sombre que ses habits de fortune.Le temps avait  patiemment empoussiéré ses cheveux,et creusé des sillons sur son visage.Des lors qu’il fut près de moi il me dit,d’une voix rocailleuse :

- la fin est proche, jeune homme… prépare toi ! 

-  Ah bon ? Et qu’en savez-vous ?  , lui dis-je.

- on ne peut rien,contre la force inhérente du destin.Sois digne et restes fort,fiston.. , rétorqua-t-il !

-mais de quoi  parlez-vous,Monsieur ? 

A ces mots il s’en alla sans me répondre,ni même se retourner,telle une ombre vagabonde.Je restais là quelques instants, songeur,le regardant s’éloigner,jusqu’à  disparaitre à l’ombre du cimetière de La Levée.Perplexe,je  continuais mon chemin,en direction du marché,les pensées embrumées d’interrogations,me ressassant  à l’esprit ce qui venait de se passer,par cette rencontre fortuite au combien étrange.

De retour du marché,je fis part de cette rencontre à mon  soleil des iles,à mon aile d’azur.Elle se trouvait dans la cuisine,en train de préparer des accras morues et un sorbet au coco,pour le dessert.Elle me dit de ne pas en tenir compte,du fait de l’année un peu « spéciale » que nous vivons.

_il y a toujours eu beaucoup d’illuminés de ce genre,qui se sont manifestés,depuis la nuit des temps.Ce sont des oiseaux de mauvaise augure,qui annoncent des choses,qui ne se réalisent jamais,prêts à tout pour effrayer les populations faibles d’esprit,naifs et paranoiaques.Oublies cela,mon amour,cela ne nous concerne,et ne nous concernera jamais.Dieu merci…

Ils se mirent tous les deux à rire…

_c’est clair,plus incrédule que moi,tu meurs chérie, affirma-t-il fièrement.

 

20 décembre 2012 :

 

Jour J – 1.Partout dans le monde,des lieux publiques sont pris d’assaut par des illuminés,et s’improvisent en lieux de culte,où des prédicateurs de tout bord haranguent et profèrent leurs prêchi-prêcha infernaux.Des hommes sandwichs religieux  ont également investit  les rues du monde,ou se lisent majoritairement sur leurs pancartes,une incitation immédiate à la repentance.Certains d’entre  eux lisent même la Bible,pendant leur marche.Des réfugiés eschatologiques,saisis de paranoïa extrème,exacerbée,ont contre toute attente,décidé de déserter leur propre corps,laissant à titre posthume leurs dépouilles d’immondices,sur  l’asphalte endeuillé. Notamment au Mexique,ou le taux a été fortement élevé.Culture  et tradition oblige.Comme de bien entendu,les premières personnes concernées,quant à cette prophétie-épouvantail,fut malheureusement les descendants directs des mayas.

Sporadiquement,des anges passent,dans tout ce tumulte universel.Une chape de plomb semble se suspendre dans l’atmosphère.Tout parait comme à la lisière d’un évènement majeur,comme à l’orée d’un nouveau jour.Dans les médias,la bête est sur tous les fronts.La fin du monde est relayée par la plupart.Même les vents semblent retenir leur souffle.Ici et là,des larmes d’angoisse,irriguent la terre du désespoir .Et dans le ciel,s’élèvent de sombres nuages,que des soupirs ont fécondé. Certains,plus avisés, ont réussi  à se bunkeriser de peur,six pied sous terre (comme dans  le village de Bugarach,dans l’aude),tandis que d’autres sont morts de rire ! La pâleur des uns,font la bonne heure des autres.C’est triste à dire… Bon nombre de chefs d’état,dont le président Hollande,ont même pris la peine de faire des allocutions télés officielles,jugeant la situation quelque peu « préoccupante »,afin d’apaiser une partie de la population,en pleine effervescence paranoïaque. Nonobstant le scepticisme majoritaire,des téléscopes  géants  toisent içi et là l’horizon d’un ciel impassible,telles des sentinelles,afin de prévenir toute éventuelle intrusion intempestive de météorites,ou autres calamités célestes.Au cas ou…Ces derniers jours,force est de constater que le ciel,fait bien la pluie et le beau temps.

Et moi je suis là,auprès de ma bien aimée,spectateur effaré de tout  ce fatras eschatologique,serein malgré tout,voire même narquois parfois,quant à cette cohue incompréhensible et pathétique…Toutes ces montagnes,accoucheront  d’une souris,à coup sûr…

21 décembre 2012 :

Ce fut le jour J...Il était  8h 45.L’aube venait à peine de s’éveiller,délaissant  sa  couverture d’ombre.Tout était virginal,comme chaque matin.J’étais la,près de ma bien aimée,sur un lit de ciel parfumé d’alcoves.L’aube sereine,nous accueillait dans ses bras ensoleillés,vêtue de sa robe virginale.Je m’éveilla le premier…Etrangement,je sentais de nouveau le temps s’appesantir…j’entendis même le cliquetis de mon horloge biologique,résonner inlassablement.Tout semblait s’animer plus vite,autour de moi,de manière anormale.Comme si des poussières ensablées,s’étaient de nouveau déposées sur ma vie,comme lorsque je fus une âme orpheline,comme une ombre vagabonde,errant dans les carrefours.Même l’horloge, arrêta sa marche lancinante pendant la nuit,à 2 heures 22 ,étonnamment .Bref,tout cela fut bien étrange…

Mais peu importe,j’étais au lit avec ma bien aimée,toujours enlacée dans les bras de Morphée,sous les draps dorés du silence. Je restais auprès d’elle,sans la réveiller,à contempler la beauté onirique de son visage,ou un léger sourire s’était laissé prendre,dans le filet de sa bouche,comme une empreinte de notre amour sur sa peau de soie.Je la contemplais comme on contemple une toile,comme un narcisse contemple le reflet de son âme,ou comme le rêve contemple la lune.Je caressais son âme,de mon regard bienveillant…Songeant finalement à l’éveiller d’un baiser matinal,ma bouche,tel un papillon,se posa langoureusement sur la fleur de ses lèvres,afin que ses yeux puissent enfin s’éclore.Je l’enivra donc, nonchalamment, de tendres baisers.Ce qui resta malgré tout,à ma grande stupeur, sans effet,car l’écluse de ses yeux ne daignaient s’ouvrir.Ce qui me laissa perplexe dans un premier  temps,mais une pensée fugace me fit esquisser un sourire : surement qu’elle feignait de dormir,pour profiter jusqu’au bout de ces baisers.Ce qui ne fut visiblement pas le cas, après moult baisers langoureux.Son apparente inertie, commença sérieusement à me laisser perplexe,jusqu’à laisser poindre en moi,une once d’inquiétude.Il était impensable et impossible,qu’elle reste impassible.Une ombre de brumes commenca à se distiller,dans l’éther de mes pensées.Saisi d’une angoisse balbutiante,je me mis à lui parler,à l’appeler par son prénom,tout en la secouant légèrement .Sans succès…Elle ne réagissait pas,comme étant évanouie,ou pire encore.A mesure que les minutes défilaient,je voyais un teint de lune, apparaître sur l’étendue de sa peau de nuit.Craignant le pire,je pris instinctivement son pouls et vérifiait son souffle respiratoire, en juxtaposant ma joue,près de sa bouche.Tout semblait indiquer qu’elle ne respirait plus.Son cœur ne battait plus,et le mien battait la chamade…Ah,le malheur semblait avoir jeté son dévolu sur moi…Ne voulant pas me laisser submerger par mes émotions,Je m’empressa d’appeler les urgences.En attendant les secours,je me mis à commencer une réanimation cardio-pulmonaire,que j’avais apprise lors d’un stage de secourisme,il y a quelques mois de cela.

Environ 45 mn plus tard ,à l’hopital « Zobda Quitman », dit « la Meynard » le verdict fut tombé,tel un couperet  : la nuit était bel et bien tombé dans son cœur…Mon ange,mon poumon,ma vie,ne put être ranimée,malgré les innombrables tentatives répétées des urgentistes . Son cœur avait laché,et le mien s’est arrêté ...Je voyais tous nos tendres moments défilés devant moi.Mes pensées s’effeuillaient d’un silence assourdissant.Je n’entendais plus rien,je ne voyais plus rien.De chacunes de mes larmes,naissait un fleuve de tristesse..En ce jour si «spéciale»,si médiatisé,relayé à tout va dans tous les médias avides de sensationnel, la montagne avait bel et bien accouché d’une souris.Je m’attendais à toute sorte de choses  «bizarres »,mais certainement pas à  cela.Moi qui pensais voir cette année se terminer,à l’ombre de ses ailes,et être auprès d’elle à l’horizon de 2013…De mon nuage,je venais  effroyablement de tomber des nues,jusque dans un gouffre abyssal…Pendant ce temps dans le monde,certains  retenaient  leurs  souffles,s’attendant à toutes sortent de calamités simultanées sporadiques,tandis que d’autres menèrent paisiblement leur vies,comme si de rien n’était.Mais ces choses étaient bien évidemment,passées au second-plan pour moi…Je venais de perdre mon amour,et tout le reste n’avait plus d’importance,plus d’intérêt.Et la fatalité,me fit boire son calice jusqu’à la lie,pour m’enivrer d’amertume.

Et le jour acheva sa course,dans l’obscurité de mon cœur….Aucun spectre eschatologique ne s’était profilé à l’horizon. En ce jour si particulier,tout s’était déroulé comme je l’avais toujours imaginé,à une chose près : ma femme ne fut plus.

22 décembre 2012 :

 

Me voici au lendemain de ce jour tant redouté,tant contesté,tant raillé aussi,toujours vivant de corps,bien que mort dans l’âme,seul,comme un cœur dans un linceul.Privé de ma douce lumière,à présent  je ne suis qu’une ombre,à chacun de mes pas…Mes larmes  devinrent une source amère ,où des brumes fécondes s’abreuvèrent jusqu’à plus soif.Et pourtant,rien n’arriva en ce jour…Non,rien !Aucun vent  eschatologique souffla du haut des cieux.

La vie poursuivit son cours,et ses vicissitudes inhérentes.Aucun crachat d’astéroide,sur la face du monde.Aucun champignon nucléaire,cueilli à même le sol,par les mains sombres du crépuscule.Aucun tsunami gigantesque larmoyant,.Aucun tremblement de peur sismique.Aucun volcan colérique,vomissant sa haine incandescente.A part quelques canicules endémiques spirituelles,rien de nouveau sous le soleil…Ce fut la cata’,des strophes  naturelles.Les oiseaux de mauvaise augure,furent encore taxés de noms d’oiseaux,et y laissèrent leurs plumes. Excepté le célèbre couturier Paco Rabanne,qui contre toute attente,échaudé par ses anciennes prédictions erronées,s’était rallié au rang des éternels sceptiques,de peur que le ciel lui tombe sur la tête .Aucun spectre abyssal,jaillit de l’horizon séculaire.Quelques excès de paranoia içi et là…rien de plus ! La fin du monde,fut encore ajournée.Pourtant en ce jour  fluvial,ma bien aimée ne fut plus.Pourtant en ce jour fatidique,le destin me coupa les ailes,qu’il m’avait gracieusement donné jadis.Son couperet fut tombé ,en ce jour  mortifère,telle une décision irrévocable.Pourtant en ce jour hivernal,mon ange s’est  envolée,sous d’autres cieux.Quoi de plus étrange et troublant,que de ponctuer la fin d’un amour ardent,par un arrêt cardiaque.Oh,le destin doit être un piètre écrivain…

Rien n’est plus apocalyptique,que la perte de l’être aimé.Depuis,chaque aurore est un crépuscule.Chaque respiration est un soupir,et chaque minute est un supplice….Le cliquetis de mon horloge biologique,s’empressa de rattraper tout ce temps perdu,où l’éternité nous avait éperdu. Ma vie n’est plus qu’une larme de brumes,dans lequel mon cœur s’est noyé.En ce jour de 21 décembre…la fin du monde… a bel et bien eut lieu !

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