A l'aplomb de l'enclume

Susanne Derève

Miroir de brume

soleil voilé

exactement à l'aplomb de l'enclume

doux reflet du métal

et le bruit sourd que fait le marteau

sur l'étal

 

Le clapotis de l'eau

dans les soutes

le pas des hommes et le pavé

qui claque

un air de jazz abandonné au vent

et le vent qui l'emporte

 

et  l'emporte le temps

comme le son volé

à la corne de brume

son voilé   sitôt dissout

 

dans la pluie fine  froide  

je serre sur mes épaules

mon  imperméable

 

j'écoute

la musique de la nuit

au fond des cales

 

le chant des hommes

celui des gouttes d'eau

dans les flaques

 

celui du jour qui se lève

avec le long mugissement

de la ville

qui répond

à celui de la mer

 

à celui des bateaux qui rentrent

au port

à la criée

au jasement  des  mouettes rieuses

qui tournent tournent longtemps

avant de fondre sur leur proie

leurs ailes battant l'air

 

j'écoute

la voix de l'homme qui les disperse

et  ceux là-bas

qui embarquent

sans repères

 

passé le dernier fanal

dans le fracas

de la haute mer



Illustration : Jean Victor Delpy (peintre de la Marine)

 

 

  • voir aussi - https://lenversdesjours.wordpress.com/2019/04/11/la-nuit-sen-est-allee-2/

    · Il y a environ 4 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab


  • Sur tes épaules, l'imperméable,
    et tu erres sur le quai,
    sans but,
    tu marches,
    et des cales te parviennent,
    les chocs d'outils qui heurtent la tôle,
    le chant de la nuit,
    en attendant
    que le jour se lève .

    Pourquoi es-tu attachée à la terre ?
    Toi qui pourrait regarder si loin,
    et t'appuyer sur l'air,
    tu abandonnerais la ville,
    les trottoirs humides
    de la rue de Siam
    pour regarder tout cela
    d'en haut .
    Si elles pouvaient s'exprimer,
    les mouettes le diraient mieux que moi .

    Tu marches dans les rues vides,
    les vitrines closes sur leur opulence ,
    et toujours tes pas
    te ramènent vers le port ,
    avec les murailles de fer
    qui se confrontent à la brume
    et qui te parlent de voyages lointains,
    de ceux qui embarquent sans repères,
    passé la dernière lueur du phare,
    qui s'éteint doucement
    dans le fracas de la haute mer.

    La pluie est l'innocence,
    qui s'étale sur les rues,
    et de temps en temps tu regardes
    dans les glaces ta silhouette,
    ou celle qui te ressemble,
    qui te suit obstinément,
    comme le destin.
    Peut-être que la pluie arrivera
    un jour à la dissoudre,
    car le ciel est ton refuge,
    et tu le sais.

    · Il y a environ 5 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

    • Merci pour ce voyage de tes mots dans les miens et
      R Imbert... les deux inspirants, bien écrit ce soir ...

      · Il y a environ 5 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • Voilà un poème comme je les aime, et l'illustration l'accompagne si bien....

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

  • Un peu de soleil, un peu de pluie, tous les sons d'un bord de mer pour des vacances un peu tristes

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Photo 1 orig

    Alain Balussou

  • Je Suis chez moi en lisant vos mots.

    · Il y a plus de 5 ans ·
    40405 (2)

    Lady Etaine Eire

    • bretonne ? Bienvenue ma maison est ouverte à tous, à tous mots , (et toujours ici à tous vents) , merci

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

    • Bretonne par ma famille maternelle ( Ille et Vilaine) .

      · Il y a plus de 5 ans ·
      40405 (2)

      Lady Etaine Eire

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