A Very bad trip.

J'étais encore dans les vapeurs de la nuit. Avais-je rêvé ? Oui, je me souvenais vaguement d'une sorte de cauchemar où je poignardais ma femme à coups d'olives vertes, oui, les rêves ne sont pas toujours très cohérents. Par contre, qu'avais-je fait hier soir en rentrant à la maison, là, c'était le trou noir. Avais-je seulement dîné et si oui, qu'avais-je bien pu manger ? Aucune idée ! Je devais être bien aviné en sortant de chez mon pote. Ça, ce n'est pas trop difficile à supposer, car c'est tous les soirs, après notre partie de billard, bien arrosée, que je rentre en titubant. Avais-je bu plus que de coutume, je ne dis pas plus que de raison, car ce serait vraiment se foutre de la gueule de la Raison ? Peu importe, les souvenirs ne me reviendront plus, ils devaient être d'une banalité affligeante. Ma femme avait dû me faire la gueule et monter se coucher, sans un mot sur mon état d'ébriété et j'avais dû finir dans ma chambre de dégrisement. Elle allait être fâchée pendant trois jours, il fallait que je me tienne à carreau pendant cette pénitence, c'était certainement mérité.

Allez ! Un petit café dans sa culotte, comme on plaisante à répétition et mes idées seront plus claires. Tient, c'est étonnant que ma chérie ne soit pas encore debout, d'habitude, c'est toujours elle, la première à s'activer de bon matin comme s'il ne lui restait plus qu'un jour à vivre pour laisser la maison riche comme un sou neuf.

Ah, oui hier, c'était le premier jour du mois, le jour où elle a le plus de boulot et rentre tard à la maison éreintée d'une journée de concentration sur ses chiffres. Elle doit récupérer en dormant davantage, une grasse matinée, peut-être ? Je ne vais pas la déranger, juste monter lui faire un petit bisou.

Dans la chambre flotte une odeur âcre et puissante que je n'avais jamais encore sentie.

Je l'embrasse délicatement sur la joue et sur une mèche de ses  cheveux collés par de la confiture de… je ne sais pas trop, jamais mangé de cette confiture-là, moi.

Puis, je la laisse se prélasser tranquillement dans les draps froissés et maculés de la même confiture rouge qui a refait toute la déco des murs.

Dort bien, mon ange ! Repose-toi, tu en as besoin.